Situation actuelle d’Athènes

GRÈCE.Situation actuelle d’Athènes (20 octobre.) — Les Turcs s’occupent de vendre les biens qu’ils possèdent dans l’Attique, et les prix auxquels ils les cèdent ne peuvent qu’offrir, pour l’avenir, des chances d’un profit considérable. On s’étonne que les capitalistes européens n’emploient pas ici des fonds à l’achat de propriétés de toute espèce ; ce serait le meilleur emploi qu’ils en pussent faire. Les Turcs vendeurs paraissent disposés à acquitter les dettes dont sont grevées ces propriétés.

La forteresse d’Athènes est encore dans les mains des Musulmans, et y sera probablement pendant tout l’hiver. Les canons et les boulets sont embarqués journellement à bord d’un brick de guerre turc. Le Patrona-bey (commandant du navire), qui se trouve ici, et qui a déjà rempli la même mission à Négrepont, a fait occuper la forteresse par des réguliers qu’il a amenés. Plusieurs compagnies albanaises ont été licenciées ; il ne reste que très-peu de ces troupes, auxquelles on ne donne que la ration sans paie.

Athènes ne présente que des ruines ; dans toute la ville, il n’existe pas une seule vitre ; heureux ceux qui peuvent avoir de mauvais volets qui laissent arriver un peu de jour en préservant du froid qui commence à se faire sentir. Les ressources pour se nourrir consistent dans un peu de viande de bouc, dont on ne trouve pas toujours, et un peu de poisson ; mais tout cela se paie à des prix excessifs, ainsi que le pain et le vin.

On ne sait rien ici de ce qui se passe pour les affaires de ce pays ; seulement il est constant que les habitans musulmans se résignent à l’évacuation, en exécution des ordres de leur souverain.