Sitôt que nos bouches se touchent
XXIV
Nous nous sentons tant plus clairs de nous-mêmes
Que l’on dirait des Dieux qui s’aiment
Et qui s’unissent en nous-mêmes ;
Nous nous sentons le cœur si divinement frais
Et si renouvelé par leur lumière
Première
Que l’univers, sous leur clarté, nous apparaît.
La joie est à nos yeux le seul ferment du monde
Qui se mûrit et se féconde,
Innombrable, sur nos routes d’en bas ;
Comme là-haut, par tas,
Parmi des lacs de soie où voyagent des voiles
Naissent les fleurs myriadaires des étoiles.
Tout nous éclaire et nous paraît flambeau :
Nos simples mots ont un sens si beau
Que nous les répétons pour les sans cesse entendre.
Nous sommes les victorieux sublimes
Qui conquérons l’éternité.
Sans nul orgueil, et sans songer au temps minime,
Et notre amour nous semble avoir toujours été.