Simple vœu
Le Passe-Temps du 25 juin 1893, (p. 3).
SIMPLE VŒU
SONNET
On raconte qu’Orphée à la céleste voix,
Quand son âme vibrait, en proie au saint délire,
Attendrissait soudain aux accords de la lyre,
Les sauvages rochers, les plaines et les bois…
On dit que les remparts de Thèbes, à la fois
Montèrent aux accents d’Amphion qui soupire,
Et que l’on entendit les échos redire
Son immortel triomphe au monde d’autrefois.
Muse ! moi je n’ai pas d’assez vives haleines
Pour attendrir les bois, les rochers et les plaines ;
Je ne veux pas jeter mes chants à l’univers,
Et la gloire n’est pas mon idole suprême…
Mais je serai content, pourvu qu’avec mes vers
Je ravisse le cœur de la beauté que j’aime !
Gabriel Monavon.