Si mon âme est de feu, pourquoi n’est elle esteincte

Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 224).


SONNET.

 
Si mon ame eſt de feu, pourquoi n’eſt elle eſteincte
Par tant & tant de flots qui coulent de mes yeux ?
On te fait trop de tort, Oïle audacieux,
De noyer dans la mer ton corps, ton cœur, ta feincte.
 Et ſi l’ame est l’accord de ceſte maſſe eſtreincte
Par les liens puiſſans qui flottent ſoubs les cieux,
Galien, di pourquoi tant d’obiects ſoucieux
Diſcordans dedans moi ne l’ont encor deſceincte ?
 Mais l’ame eſt sans douter l’amome Aſſyrien,
C’est l’image naïf de noſtre plus grand bien,
C’est le ſouffle immortel de la forme des formes :
 Pourquoi te crains-ie donc ſi ie ſuis immortel,
O Amour, qui n’es rien qu’vn appetit mortel,
Diffamant les humains de cent playes difformes ?


A. D. V.