Serment d’Hippocrate (Daremberg)

Pour les autres traductions de ce texte, voir Le Serment d’Hippocrate.
Le Serment
Traduction par Charles Victor Daremberg.
Charpentier, éditeur (p. 1-3).

INTRODUCTION.

Le Serment est, par la beauté de la forme et par l’élévation des idées, un des plus précieux monuments de la littérature grecque ; c’est la pièce la plus ancienne et la plus vénérable des archives de la famille des Asclépiades. Il est probable que la formule s’en était perpétuée par tradition depuis longues années, quand Hippocrate l’a définitivement rédigée telle que nous la possédons. Les autorités les plus imposantes, les preuves les plus irrécusables s’élèvent en faveur de son authenticité. Nous trouvons parmi les anciens les témoignages d’Érotien, de Scribonius-Largus, de Soranus, de saint Jérôme, de saint Grégoire de Nazianze, de Th. Priscianus, de Suidas ; parmi les modernes, ceux de Lémos, de Foës, de Meibom, de Triller, de Boerner, de Gruner, d’Ackermann, de M. Littré[1], et de beaucoup d’autres. J’ajouterai, suivant la remarque de ce dernier, que la rédaction du Serment date évidemment d’une époque où les confréries médicales étaient en pleine vigueur, ce qui ne peut guère se rapporter qu’au temps où florissait Hippocrate. D’ailleurs Platon (de Leg. iv, p. 720, A) confirme ce qui est dit dans le Serment sur la transmission de la science aux enfants par les pères, transmission qui a fait la gloire des Asclépiades et en particulier de ceux de Cos. Il nous apprend, en effet, qu’il y avait deux espèces de gens traitant les malades : les serviteurs des médecins, appelés aussi médecins et qui n’apprenaient que par routine ; les médecins proprement dits, formés par une vocation naturelle et par les préceptes de leurs pères. J’apporte une preuve nouvelle de l’authenticité du Serment en établissant dans la note 5) que la double forme d’enseignement admise dans ce petit traité le place à peu prés certainement à l’époque de Platon, contemporain d’Hippocrate. — Le Serment, qui imprimait quelque chose de si solennel et de si sacré à l’exercice de l’art, était prononcé par les médecins au moment où ils allaient entrer en fonctions.

Cette petite pièce se en trois parties : la première comprend l’invocation ; la deuxième l’exposition des devoirs que le médecin s’engage à remplir envers son précepteur, sces propres élèves, ses malades et envers lui-même ; la troisième contient l’imprécation.

LE SERMENT[2].

Je jure par Apollon médecin, par Esculape, par Hygie et Panacée (1), je prends à témoin tous les dieux et toutes les déesses (2) d’accomplir fidèlement, autant qu’il dépendra de mon pouvoir et de mon intelligence, ce serment et cet engagement écrit ; de regarder comme mon père celui qui m’a enseigné cet art, de veiller à sa subsistance, de pourvoir libéralement à ses besoins, de considérer ses enfants comme mes propres frères (3), de leur apprendre cet art sans salaire et sans aucune stipulation (4) s’ils veulent l’étudier ; de communiquer les préceptes vulgaires, les connaissances secrètes et tout le reste de la doctrine (5) à mes enfants, à ceux de mon maître et aux adeptes qui se seront enrôlés et que l’on aura fait jurer selon la loi médicale, mais à aucun autre. Je ferai servir suivant mon pouvoir et mon discernement le régime diététique au soulagement des malades ; j’éloignerai d’eux tout ce qui pourrait leur être nuisible et toute espèce de maléfice ; jamais je n’administrerai un médicament mortel à qui que ce soit, quelques sollicitations qu’on me fasse ; jamais je ne serai l’auteur d’un semblable conseil ; je ne mettrai pas aux femmes de pessaire abortif (6). Je conserverai ma vie pure et sainte aussi bien que mon art. Je ne taillerai jamais les calculeux, mais je les adresserai à ceux qui s’occupent spécialement de cette opération (7). Dans toutes les maisons où j’entrerai, ce sera pour le soulagement des malades, me conservant pur de toute iniquité volontaire, m’abstenant de toute espèce de débauche (8), m’interdisant tout commerce honteux, soit avec les femmes, soit avec les hommes, libres ou esclaves. Les choses que je verrai ou que j’entendrai dire dans l’exercice de mon art, ou hors de mes fonctions dans le commerce des hommes, et qui ne devront pas être divulguées (9), je les tairai, les regardant comme des secrets inviolables.

Si j’accomplis fidèlement mon serment, si je ne faillis point, puissé-je passer des jours heureux, recueillir les fruits de mon art et vivre honoré de tous les hommes et de la postérité la plus reculée ; mais si je viole mon serment, si je me parjure, que tout le contraire m’arrive !


NOTES

1. Apollon, fils de Jupiter, dieu du soleil et de la médecine, eut pour fils Esculape, qui à son tour eut pour fils Podalyre et Machaon, et pour filles Hygie (la Santé) et Panacée (le Remède universel). — Cf. pour les livres relatifs à l’histoire des dieux de la médecine et de leur culte, L. Choulant, Bibl. medic. historica, §. V, p. 28 et suiv., et les Addit. par J. Rosenbaum, p. 8 et suiv. Je signalerai plus particulièrement les ouvrages suivants : C. F. Hundertmark, Exercit. de princip. diis art. med. tutel. ap. vet, Græc. atque Rom. ; Lipsiæ, 1735, in-4o, reprod. dans Opuscula ad med. hist. pertinentia d’Ackermann ; Norimb. 1797, in-8o, p. 1 à 48 ; — Institut, hist. med. d’Ackermann, Norimb., 1792, in-8o. — Cf. aussi, pour l’histoire des Asclépions (temples où Esculape était honoré), Hundertmark, Dissertation citée, p. 37, note l et M. Malgaigne, Lettres sur l’hist. de la chirurgie, Paris, 1842, in-8o, I. 9, p. 59 et suiv. — L’histoire des dieux de la médecine est une des questions les plus confuses de l’archéologie mythologique ; et il appartiendrait à l’Académie des inscriptions et belles-lettres d’élucider ce point important, qui touche aux limites de l’histoire et de la fable.

2. Cette invocation de tous les dieux et de toutes les déesses se rencontre presque toujours dans les formules de serment de l’antiquité.

3. Ἀδελφοῖς ἶσον ἄῤῥεσι, germanis fratribus. Meibom veut que ἄῤῥεσι signifie virilibus, strenuis, generosis, pensant qu’Hippocrate fait allusion à la coutume où les Grecs étaient de confier les emplois publics à ceux qui par leurs belles actions avaient rendu service à la république (cf. p. 85 et suiv.). Cette interprétation est forcée et rien ne l’autorise.

4. Il ressort évidemment de ce passage que les médecins stipulaient avec leurs élèves une certaine rétribution appelée δίδακτρον, (de διδάσκειν, apprendre), par les anciens Grecs, et διδασκαλικίον par les Byzantins (Meib., p. 88). Nous savons du reste positivement par le témoignage de Platon (voyez la Notice biographique en tête du vol.,) qu’Hippocrate enseignait la médecine pour de l’argent.

5. Παραγγελίης τε καὶ ἀκροήσιος. Les παραγγελίαι sont les préceptes généraux accessibles à tous et divulgués par le maître, soit dans des leçons orales, soit dans des écrits rédigés ordinairement sous forme aphoristique (Cf. Meib., 98, 9). — Les ἀκροάσεις sont les leçons orales auxquelles les adeptes seuls étaient admis, et dans lesquelles le maître traitait des questions scientifiques transcendantes. Cette division de renseignement, que l’on retrouve dans l’école de Pythagore, mais enveloppée sous la forme mystique de l’initiation égyptienne, était suivie par Platon (Cf. Galien de Subst. facult. nat., IV, p. 758[3]), mais surtout par Aristote, ainsi que nous le voyons dans Aulu-Gelle (N. att., XX, 5). Aristote appelait les préceptes vulgaires ἐσωτερικά, et les leçons réservées pour les adeptes ἀκροαματικά. Ainsi, quand le Serment fut rédigé, les mots de la langue usuelle n’avaient pas été remplacés par des termes techniques, dont le chef du péripatétisme paraît être l’inventeur. Cette considération porte à penser que cette pièce date d’une époque où la division de renseignement n’était pas encore nettement opérée, ou du moins formulée, c’est-à-dire à l’époque de Platon. — Heurn et Dacier entendent par les autres parties de l’art (τῆς λοιπῆς ἁπάσης μαθήσιος), l’application pratique aux cas particuliers. L. Choulant (Hist. litterar. Jahrbuch, 2e année, Leipzig, 1839, p. 114) pense que l’auteur désigne par les παραγγελίαι, les leçons de petite chirurgie, et l’étude des symptômes au lit du malade, par les ἀκροάσεις, les cours scientifiques, et par λοιπὴ μάθησις un cours de clinique pour les élèves avancés. Mais il admet aussi l’autre interprétation.

6. Οὐδὲ γυναικὶ πεσσὸν φθόριον δώσω. Le serment est à ma connaissance le seul livre de la collection hippocratique où se trouve le mot πεσσός[4]. Mais on trouve dans les différents écrits qui la composent, par exemple dans le traité des Lieux dans l’homme, et surtout dans les traités relatifs aux maladies des femmes et à la génération, la mention de formes médicamenteuses qui, sous le nom générique de πρόσθετον ou πρόσθεμα (que les traducteurs latins rendent tantôt par pessus, tantôt par subditium), répondent exactement aux πεσσοί des auteurs plus récents[5]. Πρόσθετον ou πρόσθεμα, avec ou sans φάρμακον (ce qui est introduit, apposé), désigne toute espèce de médicaments destinés à être introduits, soit dans le vagin, soit dans l’anus. Cette expression par cela même est très vague, et l’on ne peut reconnaître son sens précis que par l’examen du contexte. Les auteurs hippocratiques se servent très souvent de προστιθέναι φάρμακον, pour indiquer l’application d’un pessaire, et Hippocrate emploie aussi le mot προσθεμένη pour désigner une femme dans le vagin de laquelle on a introduit un pessaire médicamenteux (Cf. Epid. I, mal. 4 et 5 ; — Gal., Com. III, in Epid. I, text. 4 et 5, p. 270 et 277, t. XVII, 1re part. ; — de Superfœt., p. 49, 1. 46, éd. de Bâle). Galien (Com. III, in Epid, I, text. 4, p. 270, t. XVII) fait observer que dans Hippocrate προσθεμένη seul, c’est-à-dire sans l’adjonction du mot βάλανος (suppositoire), se dit indifféremment d’une femme à qui on a mis un pessaire ou un suppositoire. Ainsi, l’examen du contexte est le seul moyen de déterminer avec quelque sûreté le sens précis de προσθεμένη. — Quoi qu’il en soit, je vais m’arrêter un instant sur l’historique du mot πεσσός et des pessaires. Les modernes définissent un pessaire, « un instrument topique de forme et de nature extrêmement variées, destiné a être introduit dans le vagin pour y soutenir l’utérus, soit dans sa chute, soit dans ses renversements, ou pour y contenir une hernie vaginale ». (Gerdy, Traité des pansements, 2e éd., p. 57). Les anciens définissaient un πεσσός de la laine cardée, arrondie en forme de doigt et imprégnée de médicaments. (Cf Celse, V, 21, 1 ; — Antyllus, dans son premier livre des Médicaments externes dans Paul d’Égine, VII, 24, p. 138, verso, ligne 47, et éd. d’Est., p. 694 Paul d’Égine, III, 61, p. 52, verso, t. 20, et p. 481, éd. d’Est. ; — Oribase, Collect med., X, 25, dans Est., p. 398, et dans De Matthæi, p. 322). Ainsi, le πεσσός des anciens, au lieu d’être comme notre pessaire un instrument mécanique, consistait en un mélange de médicaments dont on enduisait des corps plus ou moins résistants, arrondis ou allongés, qui facilitaient l’introduction de ces médicaments et les retenaient dans le vagin. On trouve dans la collection hippocratique quatre formes principales de pessaires. 1°. La première consiste en un mélange introduit à l’aide d’une sonde (μήλη) recouverte ou non de laine (de Superfæt., p. 50, 1.13, éd. de Bâle). L’auteur n’indique ni la figure ni la matière de cette sonde ; mais il est probable qu’elle était en plomb ou en étain comme toutes celles dont il est question dans les traités relatifs aux maladies des femmes (Cf. Foës, Œcon., au mot μήλη). 2°. La seconde espèce est très singulière ; elle est décrite dans le traité de la Nature de la femme ( Foës, p. 586). L’auteur veut qu’on prenne un morceau de chair de bœuf (σάρκα βοός) de la grosseur du gros orteil et de la longueur de six travers de doigt, qu’on l’enduise d’un mélange dont il donne la composition, puis qu’on l’entoure de laine trempée préalablement dans le même mélange, qu’on exprime le tout et qu’on introduise ce pessaire dans le vagin, en ayant soin d’attacher un fil de lin à l’extrémité libre, afin de pouvoir le retirer plus facilement. Cette dernière précaution a été renouvelée par Antyllus pour les pessaires ordinaires (Paul d’Égine, VII, 24). 3°. On trouve très souvent la mention de pessaires faits avec des résines, avec la tige, les fruits et le bulbe de certaines plantes, etc., recouverts ou non de laine, et trempés dans des médicaments ; 4°. les pessaires les plus usités étaient faits avec une mèche de laine repliée sur elle-même, probablement attachée avec du fil, imprégnée de mélanges de diverse nature. — Le premier auteur qui à ma connaissance ait donné au προσθετὰ φάρμακα d’Hippocrate le nom de πεσσοί, est Soranus (p. 58 et suiv., 232 et 260, éd. de Dietz). Ce mot désigne pour lui tantôt le mélange médicamenteux lui-même, tantôt le véritable πεσσός. Cette double signification se retrouve dans Galien (t. XII, p. 332), dans Myrepsus (éd. d’Est., p. 556), et dans d’autres auteurs encore. — M. Malgaigne, dans sa belle et savante édition d’Ambroise Paré (t. I, Introd., p. xcv, et t. II, p. 742 et suiv.), ne fait pas remonter l’invention des pessaires solides au delà du xve siècle ; il la rapporte à Matthieu de Gradi. Ces pessaires étaient en cire, revêtus de laine, trempés dans des mélanges médicamenteux, et placés à demeure dans le vagin pour soutenir la matrice. L’assertion de M. Malgaigne ne me parait pas exacte. Les pessaires solides employés contre les chutes de matrice remontent jusqu’aux auteurs de la collection hippocratique. On trouve en effet dans le IIe livre du traité des Maladies des femmes (p. 650, éd. de F.), la mention de grosses canules de plomb laissées à demeure dans le vagin pour ramener à sa position naturelle la matrice déviée. On voit aussi dans le IIe livre de ce même ouvrage (p. 656) ; dans le traité des Femmes stériles (p. 687), et dans celui de la Nature de la femme (p. 564), que l’on se servait contre les chutes de matrice, d’éponges soutenues à l’aide d’un bandage fixé autour des reins. Paul d’Égine (III, 52) et Aetius (Tetrab. IV, Serm. IV, cap. 76), d’après Soranus, se servaient aussi, dans le même cas, de gros pessaires de laine bien serrée. Toutefois les anciens paraissent attacher presque autant d’importance aux substances dont ces pessaires étaient imprégnés, qu’a leur puissance mécanique. Antyllus (loc. cit.) divisait les πεσσοί en trois classes : les émollients contre l’inflammation ; les apéritifs pour attirer les purgations et ouvrir l’orifice de l’utérus ; les astringents pour resserrer la matrice relâchée ou pour la relever lorsqu’elle est tombée. — Cf. pour de plus amples détails, Triller, Clinotechnia, Francfort et Leipzig, 1774, in-4o, p. 192 et suiv.

7. Ce passage a grandement embarrassé les commentateurs, et a donné lieu aux opinions les plus paradoxales (Cf. entre autres Haller, Bibl. med., t. I, p. 65, et Sprengel, Hist de la méd., t. VII, p. 209). La seule qui me paraisse admissible, c’est que dès le temps d’Hippocrate, l’opération de la taille rentrait dans les spécialités, et qu’il y avait des lithotomistes[6], comme il y en a eu dans les temps plus modernes, comme il y a de nos jours des lithotribes. Nous pouvons, du reste, appuyer cette assertion sur le témoignage d’Hérodote. Il nous apprend en effet qu’en Égypte il y avait des médecins pour toutes les maladies : des médecins pour les yeux, pour la tête, pour les dents ; des médecins pour les régions du ventre (τῶν κατὰ νηδύν), et d’autres pour les maladies invisibles (Hist, II, 84). Qu’y a-t-il donc d’étonnant que quelques années plus tard Hippocrate parle de gens qui s’occupent spécialement de lithotomie ? — Cf. Meibom, chap. 16e, mais surtout Boerner, qui est moins diffus et plus clair. — F. Boerneri super locum Hippocratis in jurejurando maxime vexatum, meditationes, Lipsiæ, 1741, in-4o, 22 pages, reproduit dans Noctes guelphicæ, p. 135 et suiv.

8. Galien (de optimo Medico, t. I, p. 59) dit : « Celui qui aime véritablement la science et l’étude ne doit ni s’enivrer, ni se gorger de nourriture, ni s’abandonner aux plaisirs de Vénus, en un mot il ne doit pas se faire l’esclave de son ventre et de ses honteux penchants. Le vrai médecin doit être l’ami de la modération comme de la vérité. »

9. Ἐκλαλέεσθαι, littéralement bavarder, manuscrits 2145, 2140, Bâle, Heurn, Mcibom., au lieu de ἐκκαλέεσθαι de Foës, de quelques manuscrits, entre autres de 2255.

  1. Induit en erreur par Triller (cf. Opusc., t. 2, p. 165), M, Littré avait mis en tête de ces témoignages celui d’Aristophane d’après un passage des Thesmophoriazuses (vers 272-4, éd. de B.), auquel il avait donné un sens qui s’écarte du texte et de la pensée de l’auteur (cf. Œuv. d’Hipp., Introd., p. 31) ; mais il a reconnu plus tard (cf. Ibid. t. 2, Avert., p. xlviii), avec MM. Boissonade et Letronne, qui s’appuient de l’autorité du scholiaste de Ravenne, que ce passage se rapporte à un Hippocrate d’Athènes en butte aux traits satiriques d’Aristophane, à cause de la stupidité de ses fils. Un autre scholiaste, G. Bourdin, qui vivait de 1517 à 1570 et qui écrivait en grec, suppose qu’il s’agit ici d’un Hippocrate qui avait dans sa boutique les images et les statues des dieux. Les sources où Bourdin a puisé cette ingénieuse interprétation sont inconnues, elle n’a donc aucun poids. Fritzsche, dans son édition des Thesmophoriazuses, Leipzig, 1838, change le texte en s’autorisant bien à tort du ms. de Ravenne, et veut qu’on lise Ὑωκράτους (conducteur de porcs) au lieu d’Ἱπποκράτους. (cf. p. 101, sqq.). Du reste, le passage en question a été très-mal compris des traducteurs français d’Aristophane.
  2. ΟΡΚΟΣ, Jusjurandum.
  3. Galien semble placer le Timée parmi les livres acroatiques ; la nature même de ce livre autoriserait ce sentiment ; je ne sache pas du reste qu’on ait fait attention à ce passage de Galien.
  4. Je remarque d’une part que le verbe δώσω n’est guère applicable à un pessaire tel que le définissaient les anciens ; et d’une autre que Soranus (de Arte obstetrica, etc., texte grec, éd. de Dietz, p. 59), qui cite ce passage, ne semble pas avoir eu sous les yeux un texte qui portât πεσσόν, voici ses paroles : « Il y en a qui rejettent les médicaments abortifs, invoquant le témoignage d’Hippocrate, qui dit : « οὐδ’ ἂν οὐδενὶ φθόριον [δώσω] ; » c’est-à-dire, je ne donnerai rien d’abortif.
  5. Ce que l’auteur du traité des Maladies des femmes (p. 609, éd. de Foës) appelle collyre (κολλύριον), parait être un mélange médicamenteux introduit dans le vagin sans le secours d’aucun corps résistant.
  6. C’est par abus qu’on a donné ce nom à ceux qui s’occupent de l’opération de la taille, et qu’on a appelé lithotomie l’opération elle-méme. Lithotomie (de λίθος et τέμνω) signifie proprement section de la pierre. Or, dans l’opération de la taille on ne coupe pas ordinairement la pierre, mais seulement les chairs. Cet abus de langage vient sans doute de l’inintelligence d’un passage de Celse (VII. 26, 3), où il est dit qu’Ammonius (d’Alexandrie) avait été surnommé λιθοτόμος ; mais Celse prenait ce mot dans son acception littérale, et non pas dans le sens que nous attachons aujourd’hui au mot lithotomiste. En effet, cet Ammonius est l’inventeur d’un procédé qui consistait à briser, à l’aide d’un instrument qu’il avait imaginé, la pierre dans la vessie, quand elle était trop grosse pour passer à travers l’incision des parties molles. L’invention d’Ammonius contient en germe celle de la lithotritie.