Sermens mutuels prêtés par Louis-le-Germanique et Charles-le-Chauve, dans l’assemblée du peuple, et par le peuple lui-même

Sermens mutuels prêtés par Louis-le-Germanique et Charles-le-Chauve, dans l’assemblée du peuple, et par le peuple lui-même, Texte établi par Athanase Jean Léger Jourdan ; François-André Isambert ; Alphonse Honoré TaillandierBelin-Le-Prieurtome I : 420-1270 (p. 70-71).

No 84. — Sermens mutuels prêtés par Louis-le-Germanique et Charles-le-Chauve, dans l’assemblée du peuple[1], et par le peuple lui-même.

Strasbourg, 842, Nithard, III ; 5-26. Baluze, II, 39.
Serment du Roi[2].

Pro Deo amur, et pro christian poblo et nostro commun salvament, dist di en avant, in quant Deus savir et podir me dunat, si salvarai eo cist meon fiadre Karlo, et in adjuhda, et in cadunha cosa, si cum om per dreit son fradra salvar dist, in o quid il mi altre si fazet. Et ab Ludher nul plaid numquam prindrai, qui meon vol cist meon fradre Karle in damno sit.

Traduction littérale.

Pour l’amour de Dieu et du peuple chrétien, et notre commun salut, de ce jour en avant, en tant que Dieu me donne savoir et pouvoir, ainsi sauverais-je cetui mon frère Charles, et en aide, et en chaque chose, si comme homme par droit son frère doit sauver ; en ce que il à moi en ferait autant, et de Lothaire nul plaid jamais ne prendrai, qui, de ma volonté, soit en dommage à cetui mon frère Charles.

SERMENT DU PEUPLE.

Si Loduvihgs sacrament que son fradre Karlo jurat conservat, et Karlus meo, sendra de suo part non los tanit, si io returnar non lint pois ne io, ne neuls cui co returnar int pois, in nulla adjuhda contra Lodhuwig nun li iver.

Traduction.

Si Louis conserve le serment qu’il jure à son frère Charles, et que notre Charles, ne tienne le sien de sa part, si je ne puis l’en détourner, ni moi, ni aucun de ceux que je pourrai en détourner, ne lui irons en aide contre Louis.

  1. C’est dans cette conférence des deux rois que se célébra le premier tournois : il ne fut pas ensanglanté. (Nithard.)
  2. Ce serment fut prononcé en langue tudesque par Charles, et en langue romane par Louis. C’est le plus ancien monument de la langue nationale. Roquefort, Glossaire de la langue romane, disc. prélim., p. 20.