Scamandre enflé des corps que ton bras abbatoit

Seconde partie des Muses françoises, Texte établi par Despinelle, chez Matthieu Guillemot (p. 257).


SONNET.

 Scamandre enflé des corps que ton bras abbatoit,
Te fit craindre, Gregeois, ſes ondes furieuſes :
Penſif tu regardois tes mains victorieuſes,
Alcide tempeſté dans la nef qui parloit :
 Tu appellois, Troyen, quand Iunon t’agitoit,
Les ames des occis quatre fois bien-heureuſes :
Et toi ſœur de Roger eus peur des mers affreuſes
le ciel courroucé car le vent tempeſtoit :
 Mais Amour furieux qui flotte dans mes larmes,
Hideuſes de ſouſpirs, de ſanglots & d’allarmes
Se iouë de mon cœur qui lui ſert de bateau.
 Ne crains-tu point, meſchant que tes flammes cuiſantes
s’eſteignent dans les flots mes larmes naiſſantes,
Puis que tous ces guerriers ont fremi deſſus l’eau ?


A. D. V.