San-Tseu-King - Traduction Stanislas Julien/Préface

Classique de la Chine ancienne
Traduction par Stanislas Julien.
Georg (p. i-iii).




PRÉFACE
DU TRADUCTEUR




Dans ces dernières années, considérant que les étudiants n’avaient aucun texte élémentaire qui leur permît d’aborder seuls l’étude du chinois, j’ai entrepris de publier les petits ouvrages que les maîtres chinois ou les parents mettent entre les mains des commençants. J’ai donné la prononciation des signes chinois, leur signification littérale, et une traduction développée de chaque vers, suivie d’une glose plus ou moins étendue, extraite des meilleurs commentaires.

Le San-tseu-king, composé sous la dynastie des Song, par Wang-pe-heou, vient en second lieu ; on le fait étudier aux élèves, un peu avancés, qui savent déjà par cœur le Livre des mille mots et peuvent y puiser, lorsqu’ils possèdent la paraphrase de Wang-tsin-ching, des principes de morale, des leçons de littérature classique, et surtout un résumé complet de l’histoire de la Chine.

J’ai traduit cette paraphrase, à l’exception d’un certain nombre d’explications qui m’ont paru puériles et sans intérêt.

On sait que j’ai publié deux éditions du San-tseu-king, l’une en chinois et en latin, l’autre en chinois et en anglais. Le texte chinois offre une nouveauté qui est d’une grande utilité pour les étudiants, je veux dire l’indication de la clef de chaque caractère et celle du nombre des traits additionnels, lorsqu’il ne fait pas partie des 214 radicaux. C’est une amélioration que devraient m’emprunter toutes les personnes qui publient des textes chinois destinés aux commençants. Aujourd’hui, j’apporte un nouveau secours aux étudiants, en faisant suivre la traduction française du grand commentaire de Wang-tsin-ching 王晉升 qui accompagne le texte original du San-tseu-king 三字經 Ma traduction, qui est tout à fait littérale, pourra être fort utile aux personnes qui en possèdent le texte, soit dans une édition particulière, soit dans le recueil intitulé Siu-chi-san-tchong 徐氏三種 qu’on peut aisément se procurer en Chine. Cet ouvrage est terminé par un vocabulaire où sont expliqués tous les signes du San-tseu-king et du Tsien-tseu-wen (Livre des mille mots). Quoique le nombre des caractères ne dépasse pas 1500, il est plus riche qu’il ne faut pour la conversation, et suffit amplement pour lire avec facilité les commentaires originaux et comprendre la plus grande partie des Quatre livres classiques.

Si cette nouvelle édition recevait un accueil favorable, je publierais une série de dialogues chinois dans le dialecte de Péking, accompagnés d’une traduction française aussi littérale que possible. Je possède plusieurs recueils de ces dialogues, accompagnés d’une version mandchoue ou mongole, sans lesquelles il serait difficile de comprendre une multitude de locutions familières et de termes vulgaires qui diffèrent complètement du style des romans et même de celui des dialogues des pièces de théâtre d’où le P. Prémare a tiré presque tous les exemples de la première partie de sa grammaire. Je suis redevable de ces dialogues à des sinologues distingués qui habitent la capitale de la Chine, et c’est leur témoignage et leur expérience de tous les jours qui m’autorisent à les dire « écrits dans le dialecte de Péking. »

Stanislas JULIEN.