Salut aux Soviets
SALUT AUX SOVIETS
Anatole France fête le cinquième anniversaire de la Révolution soviétique. Il adresse par les Isvestias et l’Humanité, son salut à la République prolétarienne, « née pauvre et invincible ». Notre plus grand écrivain apporte à la Russie misérable et glorieuse son hommage. Et, parce qu’il n’abdique pas, parce qu’il continue, dans sa soixante dix-huitième année, à garder la foi, à porter haut le flambeau, son hommage prend à nos yeux, aux yeux de tous les révolutionnaires, une valeur inestimable.
« La Révolution russe retournera le monde », proclamait Henri Barbusse. Et Trotsky : « Tôt ou tard la Révolution prolétarienne éclatera en Europe et en Amérique ». Anatole France les confirme, et il salue dans la République des Soviets l’espérance d’un monde libéré.
Il y a cinq ans, la République des Soviets naquit pauvre et invincible. Elle apportait un esprit nouveau, menaçant pour tous les gouvernements d’oppression et d’injustice qui se partagent la terre. Le vieux monde ne s’y trompa pas. Ses chefs reconnurent leur ennemie. Ils armèrent contre elle la calomnie, la richesse, la violence.
Ils voulurent l’étouffer ; ils envoyèrent contre elle des hordes de bandits. La République des Soviets leva ses armées rouges et écrasa les bandits.
S’il est encore en Europe des amis de la justice, qu’ils saluent avec respect le cinquième anniversaire de cette Révolution qui, après tant de siècles, apporta à l’univers le premier essai d’un pouvoir qui gouverne par le peuple, pour le peuple. Nés dans l’indigence, grandis dans la famine et la guerre, comment les soviets eussent-ils pu accomplir leur grand dessein et réaliser la justice intégrale ?
Du moins, ils ont posé le principe. Ils ont jeté les semences qui, si les destins le favorisent, se répandront sur la Russie et féconderont peut-être un jour l’Europe.