Sainte Lydwine de Schiedam/Appendice
APPENDICE
l m’a paru intéressant de rechercher quelle
avait été autrefois et quelle est maintenant
la situation de sainte Lydwine, au point
de vue liturgique.
Voici les quelques renseignements que j’ai pu me procurer :
Dans ses « Natales sanctorum Belgii » Joannes Molanus nous apprend, à la date du 14 avril, que l’on ornait la chapelle et la tombe de Lydwine, non ce jour-là, mais le quatrième jour après Pâques et qu’on célébrait, sur le rit solennel, en son honneur, l’office de la Trinité.
De leur côté, les Bollandistes nous ont conservé la séquence « De aima virgine Lydwina » qui se chantait jadis, au temps Paschal, dans la Hollande et les Flandres. Nous en donnons ci-après le texte, avec une traduction, incomplète de quelques strophes, du Cardinal Dom Pitra.
En somme, de l’année 1616, à partir de laquelle fut autorisé le culte de Lydwine, jusqu’à l’année 1892, il n’y eut pas d’office particulier pour la Bienheureuse dans le missel et dans le bréviaire des catholiques des Pays-Bas ; mais, ce qui est plus singulier, c’est qu’un office propre a existé dans l’ancien bréviaire janséniste d’Utrecht et de Harlem.
Je suis parvenu à mettre la main sur ce livre ; j’en extrais, à titre de curiosité, le texte relatif à la sainte et j’y joins une traduction.
Enfin, après la canonisation de Lydwine, un office spécial fut concédé par la sacrée Congrégation des Rites ; il a commencé d’être célébré, à partir de l’année 1892.
Cet appendice en détient le texte en latin et en français.
La messe est la messe « Dilexisti » du Commun des Vierges non martyres, avec l’oraison propre de l’office et l’Évangile selon saint Mathieu « Videns Jesus turbas » qui est l’Évangile de la Toussaint.
SÉQUENCE DE LA BIENHEUREUSE
VIERGE LYDIE OU LYDEWIDE
XVIIe SIÈCLE
SEQUENTIA DE ALMA VIRGINE LYDWINA
Alleluia festivale
Tempus exigit Paschale,
Voce, votis, jubilo ;
Benedictione plenus
Jam refulsit sol serenus,
Pulso noctis nubilo.
Coronatur gloria
Christus pro victoria,
Victor victis inferis :
Deus surgens creditur,
Honor regni redditur
Fitque pax cum Superis.
Expectatio Mariæ
Consolatur ipsam pie
Tristem hanc inveniens
Fit solatium beatis,
In extremo mundi natis
Omnes nos deliniens.
Gaudent Archangeli,
Fantur et Angeli
Virgini Lydiæ :
Hæccine Lydia
Vernat ut lilia
Santæ Cæciliæ ?
Intra cujus cameram
Senserat Tiburtius
Rosam odoriferam.
Stupens vehementius.
Catharinæ virginis
Juxta natalitia
Fructum divi seminis
Metit hæc Cæcilia.
Lydewidis humilis
Nata Christo Domino,
Sanctis extat similis
Regnans sine termino :
Miræ patientiæ
Vixit in hoc tempore,
Nimiæ miseriæ
Particeps in corpore.
Non murmur resonat,
Non querimonia,
Sed laudem personat
Devota Lydia
De data gratia.
O vere humilem,
Quæ nunquam deficit
Quam Christus debilem
Seipso reficit ;
Hinc virgo proficit
Per se Jesus hanc invisit,
Consolationem misit ;
Circa lectum hujus sedens,
Et ab ea non recedens,
Donec ipsam pasceret :
Quæstione quadam facta
De nativitate nacta
Opus Verbi Incarnati,
Hæc adscripsit Trinitati.
Sic ut quærens quæreret
Radiosi luminis
Talis doctrix numinis
Impetret quod poscimus :
Solem sic inspicere
Ne contingat perdere
Lumen quod nos cupimus,
Trinitatem speculari,
Unitatemque mirari,
Quæ consistit in Divinis,
Quo dictaminis est finis.
Vale felix Lydewidis,
Quam non ligat nexus Stygis
Poscas nobis cum Maria,
Ut cantemus Alleluia
Amen.
SÉQUENCE DE LA BIENHEUREUSE
VIERGE LYDWINE
C’est le joyeux alleluia
Qu’appelle le temps Pascal,
De voix et de cœur réjouissons-nous.
Plein de bénédictions
A brillé un soleil pur,
Chassant l’ombre nocturne,
Et couronné de gloire
Le Christ a triomphé.
Vainqueur de l’Enfer vaincu,
Il se lève, il est Dieu, croyons !
Il a repris l’honneur de son trône
Il fait régner la paix dans le cœur,
Et cesser l’attente de sa Mère
Qu’il console avec amour.
Et les archanges se réjouissent
Et les anges en chœur
Disent à la vierge Lydie :
Est-ce donc là Lydie ?
Elle est blanche comme les lys
De Sainte Cécile !
Cécile en sa demeure
Fit sentir à Tiburce
Le parfum de la rose
Et le remplit de stupeur.
Cécile, au jour où naquit au Ciel
La Vierge Catherine
Recueillit le fruit
Que sema la grâce de Dieu,
L’humble Lydwine
Que le Christ fit naître pour Lui
Est semblable à ses Saints
Et règne à jamais.
Exemple étonnant de patience,
Elle a vécu en nos jours,
Portant dans son corps
D’intolérables souffrances.
On n’entendit ni murmure
Ni plainte aucune ;
On n’entendit que les chants
De la pieuse Lydwine
..........
Adieu, Bienheureuse Lydwine,
Toi que la mort n’a pas retenue captive ;
Veuille nous obtenir qu’avec Marie
Nous chantions : Dieu soit loué
Alleluia. — Amen.
BRÉVIAIRE JANSÉNISTE
XVIIIe SIÈCLE
Festum subsequens in diocaesi Ultrajectensi recitari poterit ad libitum
La fête suivante pourra être récitée ad libitum dans le diocèse d’Utrecht.
Semi duplex ad libitum
demi-double ad libitum
In I Vesperis et Laudibus.
Ut semper in suis Deus
Miranda præstat ! infima
E fæce mundi seligens
Ut altiora deprimat !
Comme toujours Dieu opère des merveilles dans les siens ! c’est au plus profond de la boue du monde qu’il va chercher ce qui doit abaisser la superbe !
Longis malis exercita
Liduina, tandem Numinis
Agnoscit occultam manum ;
Tollit crucem, sese abnegat ;
Longuement exercée par les maladies, Liduine reconnaît enfin la main qui se dissimulait de Dieu ; elle prend sa croix et se renonce.
Dextræ o Dei mutatio !
Qui nauseam dabat calix
Jam corde toto sumitur,
Jesuque amore inebriat.
Ô divin changement, ce calice qui lui donnait des nausées, elle le vide de tout cœur, maintenant que c’est cette main qui le lui présente et elle s’enivre de l’amour de Jésus.
Qui virginis pœnas Deus
Pænis tuis inunxeras
Fac nos dolores quoslibet
Amore pro tuo pati.
Seigneur qui as uni à tes peines celles de cette vierge, fais que nous supportions pour ton amour, nos douleurs.
Qui traditum Cruci Pater
Nobis redonas Filium,
Da carnis angores sacro
Commitigari Spiritu.
Père qui as livré pour nous ton Fils au supplice de la Croix, permets à l’Esprit-Saint de pacifier les souffrances de notre chair.
Invit. Agnum quem sequuntur Virgines, * Venite adoremus, Alleluia. — Apoc., XIV.
Invitatoire. « Il est l’agneau que suivent les Vierges » — * Venez, adorons-le. Alleluia — Apocalypse, XIV.
Hymnus ex laudibus de Communi
Ant. ℣ ℟℟℟.
Lectio de Scriptura occurrente tribus in unam redactis.
Hymne des Laudes, au Commun, Antiennes, versets, répons également.
Ire leçon de l’Écriture occurrente dont les trois leçons sont réunies en une.
Liduina, virgo Schiedamensis, insignis futura Dominicæ Passionis imitatrix, sæculo
Liduine, vierge de Schiedam, qui devait être une insigne imitatrice de la Passion du
Post annos probationis quatuor, famulæ suæ misertus Dominus animum ejus sic erexit ministerio Joannis Pot, magnæ pietatis viri, ut omni deinceps in Deo solo fiducia collocata, ex contemplatione Christi patientis tota in amorem Sponsi crucifixi inardesceret, parata jam, si Sponse liberet, immissos cruciatus ad indefinitam annorum longitudinem ferre. Triginta ergo annis continuis lecto tanquam Cruci eam affixit infirmitas, quorum ferme viginti solius capitis se brachii sinistri mobilitate peregit ; cor ejus interim sacrosancta Eucharistia ad patientiam stabiliente, debili vero stomacho, ut fertur, omnem alium cibum recusante. Donec, cursu peracto feria tertia, post Pascha absque arbitrio, quod quadrienni prece a Deo postularat, et appropinquante morte, ut ita contingeret, ipsa procurarat, obdormivit in Domino, decima quarta aprilis, anno millesimo
Après quatre ans de ce noviciat de douleurs, le Seigneur eut pitié de sa servante et, pour relever son âme abattue, il se servit d’un prêtre d’une grande piété, Jan Pot. Depuis lors, mettant en Dieu seul sa confiance, absorbée dans la contemplation des tortures du Christ et incendiée d’amour pour l’Époux crucifié, elle fut prête à supporter, aussi longtemps qu’il lui plairait, les plus cruels des supplices. Trente années durant, elle fut clouée sur son lit comme sur une croix par les infirmités ; pendant vingt de ces années, elle ne put remuer que son bras gauche et sa tête ; elle puisait dans la Très Sainte Eucharistie la force nécessaire pour se soutenir, car son estomac débile refusait, dit-on, toute autre nourriture. Enfin, la 3e férie après Pâques, sans témoins — par quatre ans de prières elle l’avait demandé à Dieu et, aux approches de la mort elle-même s’était arrangée de telle
supra ad I Vesperas
Domine Deus noster, qui beatam Liduinam virginem ab illecebris sæculi
Seigneur, notre Dieu, qui préservas des vanités du siècle la Bienheureuse Liduine
BRÉVIAIRE CATHOLIQUE
XIXe SIÈCLE
de la sacrée congrégation des rites
Duplex ij classis
Pro diocœsi Harlemensi et pro monasterio Carmelitarum Bruxellensium
Duplex majus
Double de 2e classe
Pour le diocèse d’Harlem et pour le monastère des Carmélites déchaussées de Bruxelles
Double majeur
Deus qui B. Liduinam virginem, admirabilis patientæ et charitatis victimam effecisti, tribue, quæsumus, ut ejus exemplo et intercessione,
Seigneur qui fis de la B. vierge Lydwine une victime admirable de patience et de charité, permets, nous t’en supplions, que, par son
Lectiones de Virginibus ut in Communi.
In II Nocturno
Leçons des Vierges comme au commun
Au II Nocturne
Liduina virgo Schiedami, in Hollandia, nata est, die Palmarum, ipso tempore quo in oppidi ecclesia inter Missæ sacrificium Passio Domini decantabatur, re quasi jam præsagiente, quam insignis illa Christi pro humano genere patientis futura esset imitatrix. A prima ætate variis virtutibus conspicua, virginitatem perpetuo custodiendam sibi etiam statuit. Quum itaque duodennis, ut pote egregiis animi corporisque dotibus instructa, a pluribus honestate ac divitiis præstantibus, in conjugern peteretur, cælesti tamen quern elegerat Sponso fidelis permansit Deumque exoravit ut, ne quispiam deinceps conjugium sibi offerret deformitate potius morbisque afficeretur. Voti compos facta est, atque quintodecimo ætatis anno, infauste casu,
La vierge Liduine naquit à Schiedam, en Hollande, le jour des Rameaux, à l’heure même où dans l’église de la ville, pendant le sacrifice de la messe, l’on chantait la Passion du Seigneur ; elle sembla présager ainsi quelle insigne imitatrice elle devait être du Christ souffrant pour le genre humain. Dès son premier âge, elle résolut de garder la virginité perpétuelle et comme, au point de vue spirituel et corporel, elle était douée des plus enviables dons, plusieurs personnes riches et bien famées de la ville, la demandèrent en mariage ; mais elle resta fidèle au divin Époux qu’elle s’était choisi, et pria Dieu, pour éviter les démarches de nouveaux prétendants, de l’affliger de difformités et de l’enlaidir par des maladies. Sa prière fut exaucée ; elle avait
Animi demissione, obedientia ac mansuetudine in exemplum prædita atque Dei amore flagrans, eximia etiam proximorum inimicorum, licet et persequentium, dilectione refulsit. Pauperes, ipsa pauper, de sibi erogatis eleemosynis sustentabat ; spirituali qualicumque ope indigentes, omni quo poterat modo adjuvabat, maxime si de homine a vitæ pravitate convertendo, vel anima e Purgatorio exsolvenda
Modèle d’humilité, d’obéissance, de mansuétude d’âme embrasée par l’amour divin, elle témoignait à ceux qui l’approchaient et qui étaient devenus ses ennemis et même ses persécuteurs, une affection extraordinaire. Pauvre, elle-même, elle soulageait les pauvres avec les aumônes qu’elle recevait. Quiconque avait besoin d’un secours spirituel était assuré de le trouver près d’elle, surtout s’il s’agissait de
Post duo fere sæcula, sacello ab acatholicis occupato, ob sanctitatis vero et
Après environ deux siècles, la chapelle devint la propriété des hérétiques ; cependant l’
Lectio sancti Evangelii secundum Matthæum
Lectio VII — Cap. V.
De homilia S. Augustini Episcopi
Lib. I de sermone Domini in monte c. IV.
Lecture du Saint Évangile selon Saint Mathieu
Lecture VII — Chapitre V.
De l’Homélie de Saint Augustin, évêque. — Du sermon du Seigneur sur la montagne c. IV.