Séances de la Société agricole et scientifique de la Haute-Loire/4 mars 1880

SÉANCE DU 4 MARS 1880.


Présidence de M. Aymard.


M. le Président lit son rapport annuel sur les travaux de la Société pendant l’année 1879. Ce rapport est, suivant l’usage, adressé à M. le Ministre de l’Agriculture et du Commerce.

L’assemblée apprend avec regret la perte qu’elle vient de faire en la personne de M. Pierre Médard, vétérinaire, membre résidant, décédé au Puy, le 22 février dernier.

M. le Président entretient la Société de L’orge Chevalier, variété spécialement cultivée pour la brasserie à cause de la forte proportion de diastase qu’elle contient. Les grands brasseurs anglais et alsaciens payent cette orge 2 à 3 francs de plus par 100 kilogrammes que l’orge commun à deux rangs. Nos cultivateurs auraient avantage à l’introduire dans leurs cultures.

À propos des froids rigoureux que nous venons de traverser et qui ont occasionné la pourriture d’une grande quantité de pommes de terre, le journal de M. Barral enseigne le moyen de tirer parti de ces tubercules, quoique gelés. Il consiste à les faire cuire et à les faire consommer par les bêtes bovines et les porcs. Ces pommes de terre pourraient être encore utilisées pour la fabrication de la fécule ou de l’alcool. Il importe toutefois, pour l’utilisation de ces tubercules, de les faire cuire ou de les traiter avant qu’ils ne soient complètement pourris.

M. le docteur Vibert expose les résultats de la visite qu’il a faite dans le canton de Pradelles, à l’occasion de l’épidémie de variole qui a ravagé cette région. L’épidémie a été apportée de l’Ardèche à Pradelles et, de là, s’est répandue dans tout le canton. On a observé toutes les formes, depuis les plus bénignes jusqu’aux formes hémorragiques dites varioles noires. L’intensité de l’épidémie s’explique facilement par le défaut de vaccinations antérieures, par les mauvaises conditions hygiéniques de la population, et par le grand nombre de personnes accumulées dans des habitations petites, humides et mal aérées.

Le docteur Vibert insiste sur la nécessité d’éclairer les populations sur les bienfaits de la vaccine : ces bienfaits sont bien démontrés par la manière dont les cantons voisins ont résisté à l’envahissement du fléau, grâce aux vaccinations qui y sont faites sur une plus grande échelle.

M. Chabanes offre à la Société, pour sa bibliothèque, un document imprimé, daté du 20 fructidor an VII[1]. C’est une proclamation de Pontcaré, chef du premier bataillon auxiliaire du département de la Haute-Loire, aux conscrits de ce département, rédigée dans le style un peu emphatique, mais entraînant de cette époque. On peut juger de cette pièce par le morceau suivant, qui exhale un souffle patriotique puissant :

« Allons, brillante jeunesse, volons à la victoire et battons le pas de charge ; ce n’est plus l’esprit de conquête ni d’ambition qui dirige le gouvernement actuel : la conservation de notre territoire est son unique but. Votre présence seule doit l’opérer. Déjà les lauriers qui sont destinés à chacun de vous semblent d’eux-mêmes vouloir se détacher de leur tige, nous vous invitons de les aller cueillir ; l’olive hanté (sic) sur eux, veut être cueilli tout à la fois ; que rien ne nous arrête plus, et la victoire est à nous. » La séance se termine par la distribution aux membres présents du deuxième fascicule des Mémoires et travaux de la Société, et du fascicule du Comice agricole.



A. Lascombe.

  1. Placard in-fo, Au Puy, de l’imprimerie de Crespy et Guillaume, imprimeurs du département.