Séances de la Société agricole et scientifique de la Haute-Loire/3 mars 1881

SÉANCE DU 3 MARS 1881.


Présidence de M. le Dr Langlois.

M. le Président signale l’heureuse initiative du gouvernement, qui vient d’interdire, comme nuisible à la santé publique, l’emploi de l’acide salicylique pour la conservation des fruits.

M. le Dr Langlois entretient ensuite l’assemblée de la cuisson des viandes charbonneuses qui, par ce moyen, deviennent entièrement inoffensives.

M. Couderchet affirme que, pour plus de sûreté, il convient d’opérer cette cuisson au milieu des champs.

La Société prend un vif intérêt à l’examen de la carte géologique de la Haute-Loire, dressée récemment par le savant ingénieur M. Tournaire, et dont un exemplaire lui a été gracieusement offert par l’administration préfectorale.

M. Moullade fait passer sous les yeux de ses confrères un spécimen de trichine, disposé dans un microscope. À ce propos, il fait un rapide historique de cet insecte qui occasionne, sur l’organisme animal, de si profonds et si cruels ravages. La trichine fut découverte en 1832 sur un cadavre et peu de temps après, Richard Owen fit une détermination exacte de cet hématode ou vers filiforme. Plus tard, le docteur Zeuker soumit à Berchoux des trichines. Ce dernier les étudia avec soin et constata que lorsqu’on les ingérait elles produisaient une maladie, qu’il dénomma trichinose. Cette maladie, répandue surtout chez le porc, ne peut se produire que par l’absorption d’une viande infectée de trichine, laquelle se débarrasse, dans le tube digestif, de sa coque, traverse l’intestin et le péritoine et se répand de là dans les muscles où elle occasionne de vives douleurs, en amenant souvent la mort.

La trichinose a principalement fait des ravages en Allemagne, par suite d’un usage généralement répandu et qui consiste à manger le jambon cru ou simplement fumé. On a aussi constaté la présence de cette maladie en France, bien que l’on ne mange du porc que lorsqu’il a subi une cuisson.

Au nom de M. A. Lascombe, absent, M. A. Jacotin énumère les factums dernièrement acquis pour la bibliothèque de la ville, et dont quelques-uns présentent un grand intérêt, au point de vue de notre histoire locale. En voici la liste :


1. Mémoire pour les états particuliers du Vivarais, concernant l’administration de la justice dans ce pays.

2. Mémoire pour la communauté de la ville d’Aubenas, sur l’enregistrement des lettres patentes concernant le collège de la même ville.

3. Mémoire pour les maire et consuls de la ville du Monastier contre Jean-George Le Franc de Pompignan, archevêque de Vienne et abbé commendataire de l’abbaye de Saint-Chaffre.

4. Mémoire pour Charlotte-Louise du Motier de la Fayette, veuve de messire Jacques Guérin de Chavaniac, contre Philibert Guérin de Chavaniac.

5. Mémoire pour l’abbé de Sasselange, prieur de Saint-Pierre le Monastier, contre Me Dorsine, chanoine, chapelain, etc., se prétendant pourvu du même prieuré.

6. Mémoire pour messire de Boutavin, seigneur de Mortessaigne et coseigneur de Saint-Arcons, contre Me Mathieu, seigneur de Barges, et contre Louis Hugon, de la paroisse de Saint-Arcons.

7. Mémoire pour Me Jean-Guillaume Sauzet, sieur de la Sauvetat et du Serre, baron de Jonchères, contre Jean-Antoine Bord, du lieu de Couderc.

8. Mémoire pour messire Noé, comte de Vaux, baron de Roche-en-Régnier, etc., maréchal de France, contre le sieur Dubreul et le marquis d’Agrain.

9. Mémoire pour le marquis d’Apchier contre le duc d’Usez.

10. Mémoire pour le syndic des prêtres communalistes de la ville de Craponne, contre Claude Carle.

11. Mémoire pour Baptiste Cournut, maître menuisier, habitant à Chanaleilles, contre messire Félix de la Roche-Négly.

12. Mémoire pour noble Benoît Valentin, contre noble Jean-Antoine de Veyrac, de Maison-Seule.

13. Mémoire pour Hyacinthe Pascal, notaire royal, contre Joachim-Charles de Montégu, vicomte de Beaune, marquis de Bouzols.

14. Mémoire pour Me Duranson, procureur du roi en la sénéchaussée du Puy, mari de la dame Berthon de Fromental, Me Berard, avocat, mari de la dame Berthon de Fromental, et demoiselle Lucrèce Berthon de Fromental, contre messire Florimond du Croiset, seigneur de Cumignat.

15. Mémoire pour Me Garnier, curé de Lapte, contre messire Dominique de la Roche-Foucaud, archevêque de Rouen, prieur de Lapte et Grazac.


Il est donné lecture d’une étude économique sur l’État de Panama, présentée par M. H. de Surrel, comme titre d’admission dans la Société. Il résulte de la communication de cet important travail que, dans l’État de Panama, la propriété possède une puissante organisation et que le gouvernement de cette province concède de nombreux avantages aux agriculteurs.

À l’unanimité M. de Surrel est élu membre non résidant.

D’après le journal algérien l’Akhbar, M. Letellier signale la curieuse découverte faite en Algérie, par M. Tarry, inspecteur des finances, de l’ancienne ville arabe de Cédrata, ensevelie, depuis de nombreux siècles, sous une couche de sable de 6 à 10 mètres d’épaisseur.

A. Jacotin.