Rythmes pittoresquesAlphonse Lemerre, éditeur (p. 62-63).
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MARIE



À Catulle Mendès.


La jeune fille nazaréenne amoureusement rêve
Elle rêve aux exploits sans pareils
De l’admirable Jéhovah.

— C’est lui — dit-elle dans son cœur tremblant —
Qui exhaussa
Par la seule force de son Verbe
Les murailles d’azur qui supportent son ciel.

C’est lui qui enchaîna la mer farouche
La mer gémissante éternellement
La mer écumante de sa révolte vaine.

— C’est lui — dit-elle dans son cœur brûlant —
Qui délivra

Son peuple choisi de la dure peine
Au pays d’Égypte, au pays d’exil,

Et c’est son invincible valeur qui triompha
Des Amalécites ennemis de son nom glorieux


 
La jeune fille nazaréenne amoureusement rêve

Et le poids accablant
D’une Humilité surhumaine
Fait incliner son front charmant

Or, l’Ange annonciateur paraît à ce moment
Et lui dit « Salut, Marie,
Dans tes flancs tu porteras ton Dieu. »