Rondeau (Corneille, I)
XXIII
Rondeau.
Ce rondeau a paru en 1637, d’abord seul, en un feuillet in-4o. Nous ne connaissons de cette rare édition qu’un exemplaire relié dans un recueil in-12 de la bibliothèque de l’Arsenal portant le no 9809.B.L. Ces vers furent réimprimés plus tard à la suite des deux éditions de l’Excuse à Ariste dont nous avons parlé dans la notice précédente. Ils répondent à une pièce anonyme, intitulée l’Auteur du vray Cid espagnol à son traducteur françois, qui fut attribuée à Mairet par Corneille. Claveret s’est vanté d’avoir engagé notre poëte à ne pas publier ce rondeau, que Granet regarde à tort comme dirigé contre Scudéry. Voyez les pages 21 et 22 du tome III.
Qu’il fasse mieux, ce jeune jouvencel,
À qui le Cid donne tant de martel,
Que d’entasser injure sur injure,
Rimer de rage une lourde imposture,
Et se cacher ainsi qu’un criminel.
Chacun connoit son jaloux naturel,
Le montre au doigt comme un fou solennel
Et ne croit pas, en sa bonne écriture,
Qu’il fasse mieux.
Paris entier, ayant lu[1] son cartel,
L’envoie au diable, et sa muse au bordel ;
Moi, j’ai pitié des peines qu’il endure ;
Et comme ami je le prie et conjure,
S’il veut ternir un ouvrage immortel,
Qu’il fasse mieux.
Omnibus invideas, livide ; nemo tibi[2].
- ↑ Il y a vu, au lieu de lu, dans les Œuvres diverses et dans toutes les éditions modernes.
- ↑ « Que tu portes, jaloux, envie à tous, et personne à toi. » C’est le second et dernier vers de la xlie épigramme du livre I de Martial. — Selon toute apparence, c’est ici à peu près que devraient se placer, suivant l’ordre chronologique, les six vers que Corneille adresse à Pellisson pour Foucquet dans la lettre xxii. Voyez ci-après les Lettres, à la suite des Poésies diverses et des Œuvres diverses en prose.