Romantiques, Pétrus Borel, Alexandre Dumas/Ouvrages de Pétrus Borel

OUVRAGES DE PÉTRUS BOREL


Rhapsodies, par Pétrus Borel :

Hautain, audacieux, conseiller de soi-même,
Et d’un cœur obstiné se heurte à ce qu’il aime.

Régnier


Vous dont les censures s’étendent
Dessus les ouvrages de tous,
Ce livre se moque de vous.

Malherbe

Paris, Levavasseur, Palais-Royal, 1832. Imp. de A. Barbier. 1 vol. in-16 de xiv et 123 p. ch., table comprise. Broché, couverture imprimée, 100 fr.

Au faux titre : Rhapsodies.

Hop ! Hop ! Hop !
Burger

Ce volume a pour frontispice une gravure à la manière noire, anonyme, de Joseph Bouchardy, représentant Pétrus coiffé du bonnet phrygien, assis sur un escabeau et appuyé sur une table recouverte d’un tapis. Il est en chemise et bras nus, et tient à la main un long et large couteau dont il paraît vouloir se frapper. Le mur de la chambre est bâti en colombage ; draperie retombant à gauche comme un rideau de théâtre. — Il y a de plus deux vignettes lithographiées à l’intérieur du volume, signées Napol, Napoléon Thomas, ami de l’auteur, qui a fourni des illustrations à quelques livres, de 1830 à 1840 : l’une, pour la pièce intitulée Fantaisie, Pétrus sur la paille d’un cachot ; fers scellés dans la muraille ; à gauche, une cruche et un morceau de pain noir. L’autre, Ma croisée : Pétrus en grande toilette, accoudé à une fenêtre encadrée de vigne.

Annoncés comme sous presse sur la couverture :

Pâture à liseurs, par Pétrus Borel. In-8 orné de vignettes, par Napol. Thomas et Joseph Bouchardy.

— Du même auteur : Appel aux jeunes Français à cœurs de lions, brochure in-8.

Odelettes et études dramatiques, par Gérard (de Nerval).

Mosaïque, par Philothée O’Neddy.

Odes artistiques, par Théophile Gautier.

Mater dolorosa, par Augustus Mac-Keat (Aug. Maquet).

Essai sur l’incommodité des commodes, par Jules Vavre (ou Vabre), architecte.

L’exemplaire de Philothée O’Neddy, sans le frontispice, a été vendu 52 fr. Il portait :

« À mon cher O’Neddy, amitié. — Pétrus. »

Deuxième Édition. — Bouquet, successeur de Levavasseur, au Palais-Royal, 1833.

Même tirage. On a ajouté une notice de x p. chiff. sur Pétrus Borel, Champavert le Lycanthrope. Le frontispice de Joseph Bouchardy est remplacé par une vignette eau-forte de Célestin Nanteuil : un ange vêtu d’un corset et d’une cotte au milieu d’un cartouche blanc où sont inscrits le titre et l’adresse de l’éditeur ; encadrement de figures diverses, têtes de morts, médaillons, tableaux, livres, chevaliers armés, jeunes filles, démons, klephtes, effets de lune, ossements, etc., etc. ; en bas, un crucifix renversé ; signé Célestin Nanteuil. Broché avec la couverture, 30 fr.

Annoncés sur la couverture :

Du même auteur : — Faust, dauphin de France ; un fort volume in-8.

« C’est à vous surtout, compagnons, que je donne ce livre ! Il a été fait parmi vous, vous pouvez le revendiquer. Il est à toi, Jehan Duseigneur, le statuaire, beau et bon de cœur, fier et courageux à l’œuvre, pourtant candide comme une fille : Courage ! ta place serait belle, la France pour le première fois aurait un statuaire français. — À toi, Napoléon Thom, le peintre, air, franchise, poignée de main soldatesque, courage ! tu es dans une atmosphère de génie. — À toi, bon Gérard, quand donc les directeurs gabelous de la littérature laisseront-ils arriver au comité public tes œuvres si bien accueillies de leurs petits comités. — À toi, Vigneron, qui as ma profonde amitié, toi qui prouves au lâche ce que peut la persévérance ; si tu as porté l’auge, Jameray Duval a été bouvier. — À toi, Joseph Bouchardy, le graveur, cœur de salpêtre ! À toi, Théophile Gautier. — À toi, Alphonse Brot ! à toi, Augustus Mac-Keat ! à toi, Vabre ! à toi, Léon ! à toi, O’Neddy, etc. ; à vous tous que j’aime. »

(Préface des Rhapsodies).

Champavert, contes immoraux, par Pétrus Borel, le lycanthrope. — Paris, Eugène Renduel, 1833. Imprimerie de Madame veuve Poussin. In-8 de 438 p. chiff. Couverture jaune portant : Champavert, contes immoraux. Au verso de la couverture sont annoncées les œuvres de Charles Nodier. Broché, 150 fr.


« Je viens vous demander un service, dit Passereau à M. Sanson. Je venais vous prier humblement (je serais très sensible à cette condescendance) de vouloir bien me faire l’honneur et l’amitié de me guillotiner.

— Qu’est cela ?

— Je désirerais ardemment que vous me Guillotinassiez ! »

Passereau l’Écolier.


Vignette sur bois de Jean Gigoux, gravée par Godard, sujet du troisième conte : André Vesale, reproduite sur la couverture.

Robinson Crusoé, par Daniel de Foë. — Traduction de Pétrus Borel, enrichie de la vie de Foë, par Philarète Chasles, avec notice sur le matelot Selkirk, par Saint-Hyacinthe, sur l’île de Juan Fernandez, sur les Caraïbes et les Puelches, par Ferdinand Denis, et d’une dissertation religieuse par l’abbé La Bouderie, vicaire général d’Avignon. — Paris, Fr. Borel et A. Varenne, 1836. 2 volumes in-8. Imp. de Plassan et Terzuolo.

Deux cent cinquante gravures sur bois, par Lacoste, d’après Nanteuil, Devéria, Boulanger et Napoléon Thomas.

Faux-titre en anglais. Chaque volume a un frontispice gravé par Adolphe Best, d’après N. Thomas. — Le premier volume porte en regard du frontispice un très beau portrait de Daniel de Foë, gravé sur bois par Chevaurhet, d’après Eugène Devéria.

T. I, xvi et 422 p. chiff. ; T. II, 474 et xxviii p. chiff. — Beau livre, rare et recherché. Broché avec la couverture. 60 à 70 fr.

Madame Putiphar, par Pétrus Borel (le lycanthrope). — Paris, Ollivier, 33, rue Saint-André-des-Arts, 1839. Imprimerie de Terzuolo, 2 vol. in-8. — T. I, 446 p. chiff. ; T. II, 475 p. chiff. — À la fin du premier volume, un feuillet d’annonces de la librairie Ollivier. — Sur la couverture bleue de : Madame Putiphar, se trouve un cadran d’horloge, sans aiguilles, avec deux os de mort croisés et une larme.

Les deux volumes, 100 à 120 fr.

Dédicace à L. P. (Lucinde Paradel) : Ce livre est à toi et pour toi, mon amie.

Deux vignettes sur bois ; tome premier : Patrick à Trianon, insultant Madame de Pompadour (cliap. xxvi), non signé ; tome second : Déborah reconnaissant Patrick à la maison des fous ; Patrick est nu, hagard, avec un crucifix sur la poitrine ; à gauche, Déborah à genoux ; signé L. B. (Louis Boulanger), gravé par Lacoste.

Dondey de Santeney possédait un exemplaire en grand papier avec cet hommage autographe : À Monsieur mon très-cher frère Théophile Dondey, offert du meilleur de mon cœur. — Un exemplaire sur ce papier avec envoi autographe signé à Me Victor Hugo, a été vendu 200 fr. par M. Rouquette.

Annoncés au verso du faux-titre, comme du même auteur :

Rhapsodies, poésies (épuisé) ; 1 vol. in-16.

Champavert, contes immoraux ; 1 vol. in-8.

Robinson Crusoé, édition illustrée ; 2 vol. in-8.

Janniquette ; 2 vol. in-8.

sous presse :

Tabarin ; 2 vol. in-8.

C’est en tête de Madame Putiphar que se trouve le prologue commençant ainsi :

Une douleur renaît pour une évanouie ;
Quand un chagrin s’éteint c’est qu’un autre est éclos ;
La vie est une ronce aux pleurs épanouie.
Dans ma poitrine sombre, ainsi qu’en un champ clos,
Trois braves cavaliers se heurtent sans relâche.
Et ces trois cavaliers à mon être incarnés,
Se disputent mon être, et sous leurs coups de hache
Ma nature gémit ; mais sur ces acharnés
Mes plaintes ont l’effet des trompes, des timbales,
Qui soûlent de leurs sons le plus morne soldat,
Et le jettent joyeux sous la grêle des balles,
Lui versant dans le cœur la rage des combats.

Le premier cavalier est jeune, frais, alerte ;
Il porte élégamment un corselet d’acier,
Scintillant à travers une résille verte
Comme à travers des pins les crystaux d’un glacier.

. . . . . . . . . . . . . . .

Nous regrettons de ne pouvoir citer en entier ce prologue dont Charles Baudelaire, un raffiné, admirait « la sonorité si éclatante et la couleur presque primitive à force d’intensité. »

L’Obélisque de Louqsor, pamphlet par Pétrus Borel. — Paris, chez les marchands de nouveautés, 1836. Imprimé par Dondey-Dupré. In-8, 16 p.

Très rare, 15 fr.

A paru d’abord dans les Cent-et-un, T. XIII. — Il a été tiré quelques exemplaires en grand papier.

Pétrus Borel a écrit, en outre, dans un grand nombre de journaux, à la Revue de Paris, à l’Artiste, au Messager, au Commerce, etc. Il a donné à ce dernier journal, en 1844, des articles de critique dramatique qui ont été fort remarqués.

Un de ses biographes[1] a donné la liste de ses articles à l’Artiste :

1835. — Une nouvelle : Jérôme Chassebœuf.

1844. — Une nouvelle : le Vert galant.

1845. — De la Chaussure chez les anciens et les modernes (trois articles).

— Diverses poésies.

Le Général Marceau et Clémence Isaure.

Philologie humoristique.

Pierre Bayle.

Rêveries ethnologiques.

Des Fantaisies grammaticales.

Alger et son avenir littéraire.

1847. — Du jugement publique (sic), pastiche de la langue de Montaigne.

M. Claretie a complété cette liste, dans la Petite Revue, par les indications suivantes :

1834. — Vendrapedon ; dans le Journal des demoiselles. — Le maréchal de Gié ; id.

1835. — Promenade en Espagne ; id.

1843. — Daphné ; 19, 20, 24 et 22 novembre, le Messager.

1844. — Le Capitaine François de Civile ; 8 juin 1841, le Commerce.

1844. — Revue dramatique ; avril à juillet 1844, id.

1845. — Le Fou du roi de Suède ; 30 décembre, id.

1846. — Quelques mois chez les Amazoulous ; 8 janvier, Journal des Chasseurs.

Pétrus Borel a donné encore :

À la Revue de Paris, 1843, le Trésor de la caserne d’Arcueil.

Aux Français peints par eux-mêmes, deux types : le Croquemort ; le Gniaffe.

La troisième édition de la facétie intitulée : Comme quoi Napoléon n’a jamais existé (1836), est précédée d’une préface signée P. B., qui est de Pétrus Borel.

On cite encore de lui Une année de Bretagne, dans le Livre de beauté, recueil de portraits historiques publié chez L. Janet, éditeur rue Saint-Jacques, 1834. In-8, avec préface de Charles Nodier.

On a annoncé comme sous presse, de Pétrus Borel, sur la couverture de la Liberté, journal des arts, Paris, Normand, libraire, 1832, Graisse d’ours, un fort volume in-8, vignettes ; sur la couverture de Fortunio de Théophile Gautier, Paris, Desessart, 1838, Aimez-vous la cornemuse ? deux volumes in-8, et sur la couverture de Chants et Prières, poésies, par Ch. de Maricourt et Eug. Tourneux, Paris, Desessart, 1838, un autre roman, en deux volumes, La Belle Cordière.

Pétrus Borel a été le fondateur et le directeur de divers journaux : la Liberté, journal des arts ; la Revue pittoresque ; l’Âne d’or ; le Satan.

Les lettres autographes de P. Borel, rares et recherchées, sont d’une écriture ferme, régulière, très fine, en ronde renversée, sans ratures, d’un style vigoureux et imagé ; nous détachons de sa correspondance inédite avec Philothée O’Neddy, les passages suivants relatifs à Madame Putiphar :

« Non, mon cher, non, ces excellences ne m’ont rien expédié au Baizil. Je n’ai pas vu jusqu’à cette heure seulement le bout du nez de la plus petite autorisation. Je t’avouerai que je ne comptais plus sur rien de semblable. Je m’étais dit : Ces Messieurs, ces hautesses du haut de leur perchoir et de leur vertu, auront repoussé, loin, bien loin ma demande, ne voulant pas conniver à la fabrication d’une aussi monstrueuse immoralité que Madame Putiphar ; car, sur l’étiquette, c’est ainsi qu’ils ont dû présumer du contenu de la fiole.

« … Tu me fais l’honneur de me demander des nouvelles de Madame Putiphar ; j’y travaille sans relâche, surtout depuis une quinzaine de jours ; mais pour cela, ça ne va pas très vite ; je n’avance guère. O mon ami, que c’est donc difficile à faire, même un mauvais livre ! Est-ce la tâche qui est trop forte ? est-ce l’ouvrier qui est trop faible ? je ne sais ! mais je me sens ployer et quelquefois défaillir sous la besogne. Oh ! que de fois ces jours-ci j’ai envié le sort de ceux qui savent faire des livres sans enfer ; qui, chaque terme, se déchaussent d’un roman comme un postillon se déchausse de ses bottes. Quant à ton ami, tout en travaillant comme un laboureur, il se voit encore pour un mois de souffrances…

« C’est assis dans une cheminée, au milieu d’une hutte de boue et de chaume, entre deux mares ou plutôt deux margouillis, que ton ami, avec des sabots colossaux aux pieds et sur le dos une souquenille de toile à voiles, t’écrit ces lignes et t’embrasse…

« Au Baizil, Lycanthropolis, ce mardi 29 novembre 1836. »

Dans cette lettre, Pétrus Borel dit que le libraire Ollivier lui avait promis 200 fr. pour terminer Madame Putiphar ; les paiements devaient se faire par quart, et donnèrent bien des tribulations à ce pauvre Borel.




À sir Theophilus O’Neddy Esquire.

Je te fais passer le chap. XV de Notre Dame Putiphar ; pour le remettre, comme ses devanciers dans la carrière, à l’imprimerie Terzuolo. Je pensais t’en envoyer davantage et t’en envoyer plus tôt, mais je viens de garder le lit pendant huit jours, ce qui m’a mis beaucoup en retard. D’autre part, je me suis amusé à écrire le chap. XVII avant d’avoir mis bas le chap. XVI, qu’il faut d’abord au typographe…

Ce 14 mars 1837, au Bas-Blaizy.




Sir Theophilus O’Neddy.

Je te remercie à deux genoux de ton excellent conseil à propos de la grossière phrase de Deborah : à dia et à hurhu. Ces fautes de goût me sont assez coutumières ; j’en ai déjà pas mal derrière moi qui me poursuivent comme des remords… Je demande expressément ton attention sur le chapitre que je t’envoie. Ce que tu y trouveras de mauvais, de languissant, biffe-le, je t’en prie, avant de l’envoyer à messire Terzuolo. Je t’avais parlé l’autrefois de mon chap. XVII, que j’avais écrit avant le chap. XVI ; ce chap. XVII que je ne t’envoie pas, je l’ai lu et relu, je le lis et le relis encore, et je le trouve hors d’œuvre et médiocre ; j’en ferai un autre…

Dans le chap. XVI, si tu trouves, ce que je crains, que la rêverie et le délire de Fitz Harris soient trop longs, ôte tout ce qui pourra te sembler languissant, ou tout autre chose.

Au Bas-Blaizy, ce 7 avril 1837.

À Sir Theophilus.

Ceci est un peu de copie que ta seigneurie bien aimée voudra bien remettre en son lieu. Ce chap. XVII sera bien ce qu’il y aura de plus e…oire sur le globe ; que veux-tu ? j’ai besoin de ce jalon, de ce pivot, de ce chaînon, pour la marche de mon épopée…

Ce 2 mai 1837, du Bas-Baizil.


Au même, de Tours, 14 décembre 1837.

… Tours est une belle et agréable ville, couchée entre le Cher et la Loire, de mœurs très régulières ; où les Anglais abondent ; où les pruneaux sont inconnus ; où l’on ne fabrique pas de gros ; où dans la rue Royale, il y a un très joli perruquier qui se nomme Roméo, qui se fait nommer Roméo, devrais-je dire, le polisson !… Je travaille assez exemplairement aux dernières pages de mon livre qui paraîtra aussitôt mon retour…



  1. M. Jules Claretie : Pétrus Borel, le lycantrope, sa vie, ses écrits, etc. Paris, Pincebourde, 1865 ; in-16.