Romans à lire et romans à proscrire/Adam (Paul)

L’abbé
Revue des lectures (p. 65-66).

Paul Adam, né à Paris en 1862, d’une vieille famille artésienne, particulièrement mêlée aux événements et aux guerres qui agitèrent la France sous la Révolution et l’Empire. Mort en 1920.

Romans historiques : Le temps et la vie (histoire de la société française depuis la Révolution) ; La force ; L’Enfant d’Austerlitz ; La Ruse ; Soleil de Juillet (histoire d’une famille française de 1800 à 1830) ; Être (la vie féodale et la magie au XIVe siècle) : Histoire de Byzance ; Histoire de la Papauté, on dirait que l’auteur est possédé du besoin de scandaliser, tant il prodigue les gravelures et les sales images. L’un de ses procédés les plus habituels et les plus particuliers, dit M. Doumic, consiste à faire des scènes licencieuses la continuation et l’aboutissement des autres.

Romans philosophiques, socialistes, politiques, etc. : La Glèbe (vie brutale des paysans) ; Essence de soleil (la ploutocratie) ; Cœurs nouveaux (le communisme) ; La force du mal (dévouement d’un médecin pendant le choléra) ; La bataille d’Uhde (roman de stratégie) ; Les lettres de Malaisie (la société phalanstérienne idéale) ; Robes rouges (réquisitoire contre la magistrature) ; Le serpent noir (un monstre d’égoïsme et de brutalité qui se débarrasse de la morale pour pouvoir agir et devenir un surhomme selon Nietzsche) ; Le trust.

Romans de psychologie passionnelle : Chair Molle, ouvrage naturaliste pour lequel l’auteur fut, à la demande de Francisque Sarcey, traduit en justice et condamné à la prison et à l’amende ; En décor ( auto-biographie ; œuvre immorale rééditée sous le titre de Jeunesse et Amours de Manuel Héricourt) ; L’année de Clarisse (vie joyeuse d’une actrice) ; Le troupeau de Clarisse (même genre) ; Les lions (tableau d’une petite ville, volupté brutale, un prêtre très fantaisiste) ; Stéphanie (histoire d’un homme de quarante ans qui immole son amour aux intérêts de ses collatéraux qui guettent son héritage ; peu intéressant) ; etc.

Contes à thèses : Le conte futur ; La parade amoureuse ; Tentatives passionnées…

Paul Adam se dit catholique ; mais il collabora à la Dépêche de Toulouse, et ses ouvrages de guerre auxquels son talent s’adaptait si bien, sont infectés d’idées panthéistiques et antichrétiennes.

Tous ses ouvrages se distinguent par une profonde originalité ; mais ils sont, dit M. Adolphe Brisson, copieux, encombrés de végétations parasites, désordonnés et fatigants jusqu’à congestionner le lecteur. Le génie de révolte indéterminée et de luxure qui est en lui est presque son tout (Jules Lemaître, Écho de Paris, 7 mars 1899). Ne laissez jamais votre femme lire. Les romans perdent le cœur en vantant la corruption et le sentiment (Paul Adam, La force du mal, page 179).