Romans à lire et romans à proscrire/10


APPENDICE




Choix de beaux Romans

susceptibles d’intéresser les diverses catégories de lecteurs auxquels ils sont attribués




1° Nous rappelons ici ce que nous avons maintes fois déclaré précédemment, à savoir qu’ « en thèse », il y a dans la lecture des romans beaucoup à perdre et peu de chose à gagner ; qu’ « en hypothèse », il est, à notre époque, indispensable d’atténuer le mal, en éclairant ceux qui le jugent nécessaire ou même… utile.

2° Cette nomenclature est loin d’être complète : nous saurons gré à nos lecteurs de nous indiquer les fautes commises ou les omissions graves à réparer.

3° En dépit des « desiderata » qui nous ont été exprimés, nous ne mentionnerons pas les noms des libraires-éditeurs qui ont publié ces divers ouvrages : tous les libraires — même en province — sont pourvus d’une bibliographie générale qui les renseigne à merveille, et peuvent satisfaire dans les trois jours à toutes les commandes.

I. Pour les jeunes filles de 20 à 25 ans




« Je ne dissimulerai pas, disait Mme  de Staël[1], que des romans, même les plus purs, font du mal… » Ce jugement est confirmé par la religion, le bon sens, l’expérience et les autorités les plus graves ; et les jeunes filles, jalouses de conserver à leur intelligence toute sa claire vue, à leur cœur tout son calme, à leur piété toute son intensité et à leur conscience toute sa limpide tranquillité, devraient en faire la loi souveraine de leur conduite et occuper leurs loisirs à l’étude et aux lectures instructives ou édifiantes…

Mais hélas ! il est facile de le constater, elles sont de plus en plus rares, les jeunes héroïnes qui savent se soustraire et peuvent échapper au courant qui entraîne à la lecture des romans la quasi universalité de nos générations modernes… Puissent-elles au moins trouver dans ces quelques ouvrages, en même temps qu’une saine distraction et quelques utiles leçons, un antidote efficace contre les lectures immorales ou dangereuses !

Mlle  Aigueperse : Main d’enfant, Grande sœur, Petite Mouette. — Mlle  Alanic : Ma cousine Nicole, Mie Jacqueline, Norbert Dys. — Andersen : Contes choisis, Le coffre volant, La Vierge des glaciers. — Mme  Aylicson : Gina, La fille du cacique.

Beller : La Meuse. — Mme  Bentzon : Yette, Geneviève Delmas. — Henry Bordeaux : La peur de vivre, La petite Mademoiselle, La Maison, La robe de laine. — Bouilly : Tous ses ouvrages. — Mme  Bourdon : La ferme aux ifs. Le ménage d’Henriette. — Jacques Bret : Tous ses ouvrages. — Mme  de Buxy : Le grillon du manoir, La vocation de Béatrice, Les filles du médecin.

Mme  du Campfranc : Toit de chaume. Les Walbret. — Carrère : Ma chère Denise. — Cellières : Le roman d’une mère. — Champol : Cadette de Gascogne, Les Revenantes. — Chantepleure : Mon ami l’oiseau bleu, Le château de la vieillesse. — Charruau : Aux jeunes filles, vers le mariage, Aux mères, Émilienne, Frères et sœurs, Histoire d’une famille de brigands. — Coloma : Bagatelles. — Coppée : Contes pour les jours de fête. — Craven : Récit d’une sœur. — Crawford : Saracinesca, Le crucifix de Marzio. — Cummins : L’allumeur de réverbères.

A. Daudet : Contes pour la jeunesse. — Mme  Desbordes-Valmore : Contes et scènes de la vie de famille. — Deslys : Récits de la grève. — Dombre : Cousine Bas-Bleu, La perle des belles-mères, Mlle  d’Ypres, Frondeuse. — Donel : Le Chardon bleu.

Mlle  d’Ethampes : Mélite Béligny.

Feuillet : Le roman d’un jeune homme pauvre, Histoire de Sybille. — Féval : Les étapes d’une conversion, Contes de Bretagne, La fée des grèves, L’homme de fer. — Fleuriot : Rustaude, De trop, Mandarine, Tombée du nid, Les pieds d’argile, Armelle Trahec. — Mme  Floran. — Mme  Foa : Les enfants de la vallée. — Foley : Guilleri-Guilloré. — Fournel : La confession d’un père. Mme  Fullerton : Constance Schrwood.

Giron : Braconnette, Les 3 mages. — Gréville : Céphise, Aurette, L’expiation de Saveli, Niania, L’héritage de Xénie, Jolie propriété à vendre.

d’Héricault : Mlle  Sous-pliocène, La comédie des champs.

de La Brète : Mon oncle et mon curé. Le comte de Palène, Conte bleu. — Mlle  Lachèse : Madeleine Romain, Le vieux musicien, Quérida. — Mme  Lavergne : Tous ses ouvrages. — Mlle  Levray : Tous ses ouvrages.

Mancey : Intellectuelles. — Mlle  Maréchal : Béatrix, L’institutrice à Berlin, La fin d’un roman, Sabine de Rivas, Le mariage de Nancy. — Mme  Maryan : Kate, Le prieuré, Primavera, Le mariage de Monique. — Monlaur : Le rayon, Après la 9e heure, Âmes celtes, Jérusalem. — Mlle  Monniot : Le journal de Marguerite, Marguerite à vingt ans.

Mme  Neulliès : L’idée de Ghislaine, Le secret de Rita.

Mlle  de Pitray : Tous ses ouvrages. — Pravieux : Monsieur l’aumônier, Oh ! les hommes. Séparons-nous.

Sandeau : La roche aux mouettes. — Mlle  Schultz : La neuvaine de Colette. — Serge d’Ivry : Christiane. — Sheehan : Mon nouveau vicaire. — Mme  de Stolz : Tous ses ouvrages.

J. Des Tourelles : Tous ses ouvrages.

Wiseman : Fabiola.

Anonyme : Les confidences de Marguerite.




II. Pour les jeunes gens des Patronages




Les jeunes gens des patronages ne lisent guère, — à l’intérieur de leur œuvre, — et surtout ne lisent guère de romans. L’éducation physique, religieuse, morale et professionnelle absorbe presque tout leur temps et toutes leurs énergies : et si parfois, aux jours de pluie, ou entre deux parties de jeu, ils sont admis à ouvrir un livre, ils se portent d’instinct vers les ouvrages illustrés, les albums récréatifs, et les revues dont leurs directeurs connaissent la variété et la valeur.

On nous saura gré, cependant, — nous en sommes persuadé — d’indiquer pour les bibliothèques des jeunes, quelques romans ou récits d’aventures dont l’expérience a partout consacré le succès.

Aimard : Le Robinson des Alpes. — Assolant : Aventures de Corcoran, Pandagron, Histoire du célèbre Pierrot. — d’Aveline : Le trésor de l’île des flibustiers.

Bazin : Paul Henry, Contes de Bonne-Perrette, — Berthoud : L’esprit des oiseaux, Contes du Docteur Sam. — Biart. — Boaça : Calby. — Bouhours : Le franc-maçon de la Vierge. — Boussenard. — de Bréhat : Aventures d’un petit Parisien, Aventures de Charlot. — Buet : Scènes de la vie cléricale.

Cauvin : Maximilien Heller, La main sanglante. — Cellières : Quand il pleut, Les Aventures de J.-B. Quiès. — Cooper.

Desnoyers : Aventures de Jean-Paul Choppart, Aventures de Robert-Robert. — Devoille. — Dominique. — Drault. — Drieude. — Duchateau.

Pierre l’Ermite.

Gaëll. — Jules Gérard. — Jean Grange. — Grimm : Contes. — Guenot.

Lamothe. — Lapointe : Il était une fois, En ce temps-là. — H. de Laval. — Lemercier : Les derniers jours de Pompéi.

Macé : Histoire d’une bouchée de pain, Les serviteurs de l’estomac, Les contes du petit château. — Malot : Sans famille, Romain Kalbris. — Margerie : Confession de Romain Pugnadorès. — Marmier : Contes populaires de différents pays, Nouvelles du Nord, À la ville et à la campagne. — Martin : Le chemin de la Vera Cruz. — Mayne Reid : À fond de cale, Les chasseurs de girafes, Les chasseurs de plantes, L’enfant des bois, La sœur perdue. — Monniot : Coqs et corbeaux.

Navery.

Paul : Le pilote Willis. — du Planty : L’oncle Bonassou.

Quatrelles : À coups de fusil.

Révoil : Les Zoulous, Chasses de l’Amérique du Nord, La panthère noire, Le pays des chimères. — Mlle  Rousseau : Lars-Vonved.

Saint-Martin : Rouget le braconnier. — Mme  de Ségur. — Stahl. — Stany : La Terreur sous Rosas.

Thomin : Ses romans d’aventures. — Tolstoï : Yvan le terrible. — Toudouze : L’île aux mystères, Le mystère de la chauve-souris, Le bateau des sorcières. — Twain : Aventures de Tom Sawyer, Aventures de Huck Finn.

Verdun. — Verne. — Ville : La vie au désert.

Walsh : Le fratricide. — Wyss : Le Robinson suisse.

Anonyme : Les naufragés au Spitzberg,




III. Pour les femmes du monde




Les romans remplissent le monde et ils ont, selon le mot de Mgr Landriot, envahi jusqu’aux retraites autrefois pacifiques et solitaires du toit domestique. Aussi les femmes, à cause de leur existence plus retirée, sont-elles souvent plus exposées à leur dangereuse influence, surtout si elles appartiennent à des familles où la frivolité, les voyages, les villégiatures et les longs loisirs constituent des… devoirs de bienséance. Ce qu’elles cherchent, ce qu’elles trouvent trop facilement dans ces lectures, nous n’avons pas à le discuter ici.

Ce que les liseuses mondaines trouveront dans la liste ci-après, ce sont généralement — pas toujours — des livres mondains, des histoires sentimentales, soignées, assez discrètement assaisonnées de tendresses ou de mollesses pour être réputées honnêtes aux yeux de gens qui « en ont vu bien d’autres ». Dans quelle mesure et à quelles conditions ces lectures resteront-elles inoffensives, c’est au tact chrétien des intéressées qu’il appartient de le préciser. Pendant que les messieurs s’empoisonnent avec des liqueurs fortes, vous prenez du « doux », Madame ; mais du « doux », c’est encore de l’alcool, et l’alcool, qui n’est utile qu’à titre de remède, ne devrait se prendre que sur ordonnance.

Aicard : Tata. — Arvède Barine : Princesses et grandes dames, Portraits de femmes. — Aubray : L’allée des demoiselles. — Azambuja : L’abdication.

Barracand : Histoire de Vivette, Servienne. — Bazin : Tous ses ouvrages. — Beaume : Au pays des Cigales, Les deux Rivales. — Bentzon : Jacqueline, etc. — Bornier : La lézardière, Le Jeu des vertus, Louise de Vauvert. — Braddon : Le secret de lady Audley, Aurora Floyde.

Chandeneux : Tous ses ouvrages. — Chantepleure : Tous ses ouvrages. — Cherbuliez : La vocation du comte Ghislain, Après fortune faite, Samuel Brohl, Jacquelin, Vanesse. — Claretie : L’américaine. — Collins : La femme en blanc. — Craven : Ses ouvrages. — Crawford : Zoroastre, Greinfenstein.

A. Daudet : Lettres de mon moulin, Contes du lundi, Jack. — E. Daudet : Vénitienne, Victimes de Paris, La religieuse errante. — A. Delpit : Solange de Croix Saint-Luc. — E. Delpit : Paule de Brussange, Joseline, Yvonne, Bérengère. — Droz : Tristesses et sourires, Les étangs. — Duruy : L’unisson, Andrée.

Eliot : Adam Bède, Le moulin sur la Floss, Silas Marner. — Enault : La Circassienne.

Fabre : L’abbé Roitelet, Les Courbezon, Xavière.

Gérard : Renée, Solange. — Glouvet : L’idéal, Marie Fougère. — Gréville : Un mystère, Vieux ménage, La seconde mère, Mamzelka. — Gyp : Trop de chic, Leurs âmes, Miquette, Les Chapons.

Halévy : Princesse, Criquette, L’abbé Constantin. — Hervieu : L’armature. — Huysmans : Pages catholiques.

Janin : L’interné. — Joliet : Diane.

Lafargue : Les ouailles de l’abbé Fargeas. — Lemaitre : En marge des vieux livres. — Le Roux : Prisonniers marocains, Le maître de l’heure. — Lichtenberger : Mon petit Trott, La sœur du petit Trott, Line, Portraits de jeunes filles. — de Lys : Le logis.

Malot : La petite sœur, Le lieutenant Bonnet. — Marlitt : La seconde femme. — Margueritte : Le jardin du roi, Le prisme, Poum, Zette. — Maupassant : Contes de Maupassant.

Ohnet : Le Maître de forges, Serge Panine, La grande Marnière.

Pène : Trop belle. — Pouvillon : Les Antibel, Mlle  Clémence. — Pravieux : Un vieux célibataire.

Rod : Mlle  Annette. — Rodenbach : Bruges la Morte. — Rosny : Les retours du cœur, L’aiguille d’or, Les fiançailles d’Yvonne.

Saintine : Picciola. — Sand : La Mare au diable, La petite Fadette, François le Champi. — Sandeau : La maison de Pénarvan, Mlle  de la Seiglière, Catherine, Madeleine, Jean de Thommeray, etc. — Sienkiewicz : Par le fer et par le feu, Quo Vadis (édition Lethielleux).

Thiéry : Le roman d’un vieux garçon. — Tinseau : Sur le seuil, La valise diplomatique. Ma cousine Pot-au-Feu, L’attelage de la marquise, La meilleure part, Charme rompu.




IV. Pour les grandes personnes friandes d’émotions ou au moins de sain réalisme




Dans la pensée de leurs auteurs, beaucoup de ces romans n’ont guère d’autre but que de flatter les goûts de la foule, c’est-à-dire sa sensibilité mobile et excessive, son besoin de sensations neuves et violentes, sa prédilection pour les intrigues extraordinaires, compliquées, dramatiques, son amour pour les grands sentiments et aussi pour les réalités triviales et vulgaires, aux dépens de la valeur littéraire, esthétique et moralisante de l’ouvrage. Quelques-uns ont une fin plus noble : ils s’appliquent à réaliser l’idéal du roman populaire et s’efforcent d’être, selon la formule de René Bazin, des œuvres d’éducation et d’ascension.

Ils sont très attachants ; on les retrouve à la campagne et à la ville, à la cuisine et au salon, au rez-de-chaussée des journaux populaires comme dans les bibliothèques paroissiales.

Achard : Le livre à serrures.

Berthaut : Le fantôme de Terre-Neuve. — Berthet : Les bouilleurs de Polignies. — Boisgobey : Le forçat colonel, Les collets noirs, Les frères de l’Épingle rose, La main coupée, L’as de cœur, La tresse blonde, Le coup de pouce, L’héritage de Jean Tourniol, Où est Zénobie ? Le crime de l’omnibus. — Buet : Le crime de Maltaverne, et ses romans historiques.

Claretie : L’accusateur. — Conscience : Ses ouvrages.

Daudet : Le crime de Jean Malvy, L’espionne. — Decourcelle : Les deux gosses. — Deschamps : Jean Christophe, Suzanne, L’abbé Jacques. — Droz : Lettres d’un dragon.

d’Ennery : Les deux orphelines, La grâce de Dieu, Marie-Jeanne, Martyre.

Ferry : Ses romans. — Féval : La trombe de fer.

Gaboriau : M. Lecocq, L’affaire Lerouge, La corde au cou. — Guéroult : La bande Graaf, La bande à Fifi-Vollard.

Haggard : Découverte des mines du roi Salomon. — Hinselinne : Jeanne ou la loi de malheur. — Hue : Les voleurs de locomotives.

Juillet : La nuit du crime.

Loyseau : Rose Jourdain.

Monselet : Les ruines de Paris. — Montépin : Madeleine Kerven, Le médecin des pauvres, Sœur Suzanne.

Noriac : Le 101e régiment.

Pont-Jest : Le procès des Thugs.

Radcliffe : Les mystères d’Udolphe, Le roman de la forêt. — Richebourg : Les soirées amusantes.

Sainte-Aulaire : La ferme d’Herbigny. — Sales : L’argentier de Milan. — Souvestre : Un philosophe sous les toits, Confession d’un ouvrier. — Stevenson : L’île au trésor, Le dynamiteur.

Tissot : Voyage au pays des millions.

Uzanne : Vingt jours dans le Nouveau-Monde.

Vitis : Le roman de l’ouvrière, et les autres. — Anonyme : L’expiation d’un père.

  1. De l’Allemagne, IIe Partie, Chapitre 28.