Romances sans paroles (1891)/Bruxelles. Simples fresques

Pour les autres éditions de ce texte, voir Bruxelles. Simples fresques.

Romances sans ParolesLéon Vanier, libraire-éditeur (p. 23-26).



BRUXELLES

simples fresques


I


La fuite est verdâtre et rose
Des collines et des rampes,
Dans un demi-jour de lampes
Qui vient brouiller toute chose.

L’or sur les humbles abîmes,
Tout doucement s’ensanglante,
Des petits arbres sans cimes,
Où quelque oiseau faible chante.


Triste à peine tant s’effacent
Ces apparences d’automne.
Toutes mes langueurs rêvassent,
Que berce l’air monotone.


II



L’allée est sans fin
Sous le ciel, divin
D’être pâle ainsi !
Sais-tu qu’on serait
Bien sous le secret
De ces arbres-ci ?

Des messieurs bien mis,
Sans nul doute amis
Des Royers-Collards,
Vont vers le château.
J’estimerais beau
D’être ces vieillards.


Le château, tout blanc
Avec, à son flanc,
Le soleil couché.
Les champs à l’entour…
Oh ! que notre amour
N’est-il là niché !


Estaminet du Jeune Renard, août 1872.