Rlututu Chapeau pointu, ou Le Fifre galant


A. Eymery ; G. Delaunay (3p. 240-243).

RLUTUTU CHAPEAU POINTU,
ou
LE FIFRE GALANT.

Air : J’ons un cure patriote.


Je suis fifre volontaire :
Turlututu, c’est mon nom ;

Et dans la troupe légère
Je jouis d’un beau renom ;
Mon talent est bien connu,
Partout je suis répandu,
Rlututu, rlututu,
Rlututu, chapeau pointu,
Chapeau pointu, chapeau pointu.

La musique instrumentale
Est mon fort, et maintenant
Qui que ce soit ne m’égale,
Pour le fifre, au régiment.
De mon petit rlututu
Je vais chanter la vertu,
Rlututu, etc.

Un jour gente vivandière
Vint me trouver au quartier.
« Que me voulez-vous, ma chère ?
— » Moi ?… Je voudrais solfier…
» Et je viens vous inviter
» À m’apprendre à bien tâter
Rlututu, etc.

— » Volontiers, beauté lutine ;
» Mais c’est à condition
» Que ta petite cantine
» Me paîra de ma leçon. »

Ce bon marché lui sourit,
Et dès l’instant elle prit
Rlututu, etc.

Bientôt elle apprit la gamme,
Et je le dis, sur ma foi,
En fort peu de temps la dame
En sut presqu’autant que moi ;
Elle y prit un si grand goût,
Qu’elle préférait à tout
Rlututu, etc.

Si quelquefois, tout en nage,
Je voulais me reposer,
Elle criait : « Prends courage ;
» Quoi ! peux-tu déjà cesser ?
» Ah ! méchant, si tu m’aimais,
» Tu n’enfermerais jamais
» Rlututu, etc. »

Ranimé par sa cantine,
Bientôt je recommençais ;
Mais ma débile poitrine
Se sentit de ces excès ;
Car, à force de souffler,
Je n’entendais plus siffler
Rlututu, etc.

Quant à la pauvre fillette,
Elle en joua tant de fois,
Qu’hélas ! comme une musette,
Elle enfla pendant neuf mois.
Je la plaignis tendrement,
En lui disant : « Mon enfant,
» Que veux-tu, que veux-tu ?
» Prends garde à Turlututu,
» Turlututu, chapeau pointu. »


MORALE.


Filles, craignez l’influence
De tout instrument à vent ;
Vous voyez la conséquence
Qu’il en résulte souvent.
Profitez de la leçon,
Et chantez à l’unisson :
Rlututu, rlututu,
Vous ne nous y prendrez plu’,
Turlututu, chapeau pointu.

M. Lassagne.