Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 7/Lecture 6

Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 513-522).

LECTURE SIXIÈME.
HYMNE I.
À Agni, par Trita Aptya.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Agni, par sa puissante protection, augmente la fortune de son chantre. Il brille, orné de l’éclatante ceinture de ses nobles rayons.

2. Agni, (dieu) immortel et juste, est entouré par les Dévas de resplendissantes clartés. C’est un ami fidèle, un (maître) invincible, et rapide comme le coursier.

3. Présent partout, il domine dans nos cérémonies, il domine au lever de l’aurore. Agni reçoit nos prières et nos holocaustes ; son char est solide, et sa protection assurée.

4. Agrandi par nos hommages, orné de nos louanges, il vient rapidement vers les Dévas. Sacrificateur adorable et fortuné, Agni s’unit à la Cuiller (sainte), et se présente devant les Dieux.

5. Honorez par des chants et par des offrandes cet Agni à la flamme agitée, qui est aussi généreux qu’Indra, que les sages dans les prières appellent Djatavédas, et qui fait le charme des (dieux) puissants.

6. En lui sont rassemblés tous les biens, comme sur un champ de bataille sont réunis de rapides coursiers. Ô Agni, que tes secours nous arrivent avec ceux d’Indra !

7. Ô Agni, tu viens de naître, et, apparaissant dans toute sa grandeur, tu mérites nos invocations. Les Dévas célèbrent tes louanges. C’est ainsi que les premiers Richis[1] ont obtenu le bonheur.


HYMNE II.
À Agni, par Trita Aptya.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Agni, ô dieu présent partout, en faveur du sacrifice donne-nous les biens du ciel et de la terre. Ô (maître) illustre, nous nous attachons à toi. Délivre-nous par ta vaste providence, que chantent les Dévas.

2. Ô Agni, ces Prières naissent pour toi ; elles célèbrent ta munificence, féconde en vaches et en chevaux. Ô (Dieu) noble et secourable, quand un mortel obtient tes bienfaits, c’est à ses prières que tu les accordes.

3. J’invoque Agni notre père, notre parent, notre frère, notre ami toujours (bienveillant). J’adore la face du grand Agni, qui brille (sur la terre) dans le (foyer), et au ciel dans le soleil.

4. Ô Agni, la prière est pour nous une source de trésors et de bienfaits. Tu sauves (le mortel), qui te prend dans sa maison pour sacrificateur perpétuel. Tu es juste et opulent. Tu diriges des coursiers rougeâtres. Que les jours brillent heureusement des feux allumés pour un dieu tel que toi !

5. Les enfants d’Ayou ont par la (force) de leurs bras enfanté cet Agni qui, tel que Mitra, s’entoure de rayons, cet antique sacrificateur, cet amant de l’offrande. Ils l’ont placé comme pontife au milieu des mortels.

6. Ô divin (Agni), sacrifie aux dieux (habitants) du ciel. Que peut contre toi un misérable insensé ? Ô noble Dieu, pour que les dieux reçoivent, au temps marqué, l’honneur qui leur est dû, immole ton propre corps.

7. Ô adorable Agni, sois notre sauveur, sois notre patron. Nous attendons de toi la nourriture et la subsistance. Que l’holocauste nous vienne par toi. Sois empressé à nous sauver nous-mêmes.


HYMNE III.
À Agni, par Trita Aptya.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Agni apparaît dans le ciel et sur la terre avec son large étendard. C’est un taureau qui mugit. Il est arrivé jusqu’aux bornes de l’horizon, et ce grand (dieu) a crû au milieu des Ondes (célestes).

2. Tel qu’un jeune taureau, il bondit, il se dresse avec force. Entouré des œuvres du sacrifice, il a frémi. Il se lève sur le foyer, et marche le premier dans les demeures qui lui appartiennent.

3. Du sein de ses deux parents[2] (il sort), et montre sa tête. Les (prêtres) ont recueilli pour le sacrifice ses flots lumineux. Au foyer de Rita ils soignent les membres du (dieu), qui s’agitent avec vivacité, et s’étendent rapidement.

4. Ô (Dieu) protecteur, tu viens avec toutes les Aurores. Tu brilles entre le Jour et la Nuit. Pour Rita tu as sept pieds[3], et tu enfantes Mitra[4], qui te doit son corps.

5. Tu es l’œil et le gardien du grand Rita ; tu viens à lui sous le nom de Varouna[5]. Ô (Dieu appelé) Djatavédas, tu es le petit-fils des Ondes[6], tu es le messager de celui dont tu ornes l’holocauste.

6. Tu attelles à ton char de merveilleuses cavales, et tu conduis le Sacrifice et la Libation. Ta tête s’élève dans le ciel, ô Agni. Ta langue donne le bonheur et transporte l’holocauste.

7. Trita[7] a voulu s’associer à l’œuvre d’Indra, et seconder, au sein (du foyer), les efforts du père souverain (des êtres). Devant (le Ciel et la Terre), grands parents (du monde)[8], il prétend s’unir (à Agni) ; il se déclare enfant des Ondes, et demande leurs armes.

8. Portant les armes maternelles, et excité par Indra, Trita attaque (l’Asoura) aux trois têtes, aux sept rayons ; il le tue, et délivre les vaches que gardait cet enfant de Twachtri.

9. Indra, maître de la piété, frappe (aussi cet ennemi) superbe, qui avait obtenu tant de puissance. Encouragé par le désir de reconquérir les Vaches (célestes), il coupe les trois têtes du fils de Twachtri, qui possède toutes les formes.


HYMNE IV.
Aux Eaux, par le richi Sindhoudwipa, fils du roi Ambaricha, ou Trisitas, fils de Twachtri.
(Mètres : Gâyatrî et Anouchtoubh.)

1. Eaux merveilleuses, vous augmentez notre vigueur ; vous la rendez plus forte, plus agréable, plus remarquable.

2. Faites-nous goûter à votre breuvage fortuné ; soyez pour nous comme de tendres mères.

3. Nous venons vous prier en faveur de l’homme, dont vous aimez l’habitation. Eaux (généreuses), vous êtes nos mères.

4. Que ces Eaux divines viennent heureusement satisfaire à nos désirs et à notre soif. Qu’elles coulent pour notre félicité.

5. Eaux, qui êtes reines des hommes et maîtresses de la richesse, je vous demande un remède à mes maux.

6.[9] Dans les Eaux, m’a dit Soma, sont tous les remèdes. Agni fait le bonheur de tous, et les Eaux guérissent tous les maux.

7. Eaux salutaires, protégez mon corps contre les maladies ! que je puisse longtemps voir le soleil !

8. Eaux purifiantes, emportez tout ce qui peut être en moi de criminel, tout le mal que j’ai pu faire par violence ou par libertinage[10].

9. En ce jour, j’ai honoré les Eaux ; nous nous sommes présentés avec (des coupes remplies de) ce précieux élément. Agni, toi qui aimes les libations, viens, et couvre-moi de ton éclat[11].


HYMNE V.
Dialogue d’Yama et d’Yamî. — Richis[12] : Yama et Yamî.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. (Yamî). Qu’un ami vienne à son amie. Traverse le large océan (de la mort). Que le sage (Vivaswân), pour fruit de ses méditations, voie le petit-fils de son père s’étendre sur la terre.

2. (Yama). Ton ami ne recherche point ton amitié. Si nous avons la même origine (que les autres dieux), notre forme est différente[13]. Les enfants du grand Asoura[14] sont des héros qui soutiennent le ciel ; ils étendent leur large puissance.

3. (Yamî). Tous ces immortels désirent quelque chose, ne serait-ce que l’offrande d’un mortel. Moi, ma pensée est unie à la tienne. Que mon époux naisse, et se revête d’un corps.

4. (Yama). Je suis juste, et ne veux point condamner comme injuste ce que nous avons déjà fait. (Je sais) que le (divin) Gandharwa (est notre père), qu’au sein des ondes (célestes) Apyâ[15] est son épouse et notre mère. Notre naissance est illustre.

5. (Yamî.) Notre aïeul le divin Twachtri[16], et Savitri qui donne toutes les formes, ont voulu qu’au sein même (de notre mère) nous fussions mari et femme. Personne ne peut détruire ces œuvres. La Terre et le Ciel nous connaissent ; (ils connaissent) notre père.

6. (Yama.) Qui a connu son premier jour ? Qui l’a vu alors ? qui peut ici en parler ? La demeure de Mitra et de Varouna est grande. Que me dis-tu, ô toi qui veux le mal des hommes ?

7. (Yamî.) Yamî désire Yama. Elle veut avec lui dormir dans un même sein. Comme une épouse pour son époux, je veux pour toi parer mon corps. Roulons ensemble ainsi que les deux roues d’un char.

8. (Yama.) Les œuvres brillantes des dieux ne peuvent un instant s’arrêter dans ce monde. Ô toi donc qui frappes (les hommes), cherche promptement un autre époux que moi. Roule avec lui ainsi que les deux roues d’un char.

9. (Yamî.) Que les offrandes soient présentées à Yama le matin et le soir. Que l’œil du Soleil se rouvre pour lui. Que le Ciel et la Terre soient encore un couple de bons parents. Qu’Yamî retrouve un époux dans Yama.

10. (Yama.) Nous sommes arrivés dans un âge où les épouses doivent supporter la perte de leurs maris. Ô femme, étends ton bras sous (la tête) d’un homme. Désire un autre époux que moi.

11. (Yamî.) Qu’est-ce qu’un frère qui n’est point votre protecteur ? Qu’est-ce qu’une sœur livrée à Nirriti ? Dans mon amour, je parle beaucoup. Rapproche ton corps du mien.

12. (Yama.) Je ne rapprocherai point mon corps du tien. On a déclaré pécheur celui qui épouse sa sœur. Cherche le plaisir avec un autre que moi. Ô femme, ton frère ne veut point de toi.

13. (Yamî.) Hélas ! Yama, tu es cruel. Je ne reconnais ni ton cœur, ni ton âme. Qu’une autre t’enlace avec sa ceinture, et t’embrasse comme la liane[17] (embrasse) l’arbre.

14. (Yama.) Yamî, embrasse un autre ; qu’un autre t’embrasse comme la liane (embrasse) l’arbre. Désire son amour. Qu’il désire ton amour. Que votre union soit heureuse.


HYMNE VI.
À Agni. — Richi : Agni Havirdana.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. En faveur de son serviteur, le grand, l’invincible, le généreux (Agni) verse le lait du brillant sacrifice[18]. Ainsi que Varouna, il connaît tout. (Dieu) adorable, qu’il honore les Ritous dignes de nos sacrifices.

2. Que la Libation, épouse du Gandharwa (lumineux)[19], permette à la Prière d’élever sa voix, et conserve ma pensée. Qu’(Agni, surnommé) Aditi, nous affermisse au milieu de nos offrandes. Que notre frère aîné fasse avant tout entendre ses accents.

3. Heureuse et féconde, opulente et glorieuse, l’Aurore a été donnée à Manou, alors que pour l’œuvre du sacrifice a été enfanté Agni, pontife désiré, et ami (des hommes).

4. L’épervier (sacré)[20], dans son vol rapide, a apporté dans le sacrifice ce (dieu) sage, brillant et fort. La Prière naît, et en même temps les Aryas reçoivent les clartés d’Agni sacrificateur.

5. Ô Agni, nous t’entourons de nos hommages, et tu te plais au milieu des holocaustes de Manou, comme les fleurs sur la prairie. Tu aimes à venir avec tous les (dieux) recueillir la louange dont t’enivre le sage.

6. Amène les deux parents (du monde). L’amant (de l’Aurore) veut s’unir à son amante ; il s’avance vers elle, le cœur plein de joie. Le (prêtre) chargé (de l’holocauste) fait entendre la voix des prières, et accomplit l’œuvre sainte. Les offrandes s’accumulent, et le sacrificateur tremble que son invocation ne soit repoussée.

7. Ô Agni, enfant de la Force, le mortel qui possède ta bienveillance acquiert une grande renommée. Il est fort et brillant. Il jouit d’une (heureuse) abondance. De (superbes) chevaux traînent son char, et ses jours sont fortunés.

8. Ô robuste et adorable Agni, cette réunion est magnifique, et digne des dieux qu’elle honore. Tu es le dispensateur de la richesse. Fais que notre portion soit abondante.

9. Écoute-nous, ô Agni ! dans cette demeure où tu siéges, attelle ton char rempli de présents immortels. Amène-nous le Ciel et la Terre, qui ont des dieux pour enfants. Qu’aucun ne soit exclu de ces lieux.


HYMNE VII.
À Agni. — Richi : Agni Havirdana.
(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le Ciel et la Terre, justes et bons, sont les premiers à entendre la voix du sacrifice, quand le dieu pontife se charge du culte des mortels, quand il s’assied (au foyer), ou qu’il s’élance en soufflant avec rapidité.

2. Dieu sage, qui occupes le premier rang, sois maître du sacrifice, et porte aux dieux notre holocauste. La fumée est ton étendard ; tu dresses ta lumière au-dessus du bûcher ; pontife fortuné, perpétuel, ta voix dirige les œuvres sacrées.

3. Quand l’ambroisie du dieu s’épanche, les enfants de la Vache (sainte)[21] soutiennent au loin (le Ciel et la Terre). Tous les dieux accourent à ton sacrifice, lorsque la (flamme) blanche, qui porte (l’holocauste), suce le céleste ghrita.

4. Ô Ciel et Terre, humectés du ghrita (sacré), j’honore les Ondes pour votre accroissement. Écoutez-moi. Hélas ! quand même nos prêtres commettraient quelque erreur, ô vous, nos parents, répandez sur nous votre miel (divin) !

5. Mais pourquoi le royal (Agni) nous serait-il favorable ? Comment avons-nous accompli son œuvre ? Qui peut être juge ? notre hymne est un ami que nous envoyons aux dieux ; mais, comme un coursier imprudent, il peut se tromper de route.

6. L’offrande de l’ambroisie (sacrée) est difficile dans un moment où règne (la déesse) qui a la même origine (que les autres dieux), mais une forme différente[22]. Ô grand Agni, empresse-toi de sauver celui qui voudrait se concilier Yama.

7. Les Dévas établissent (Agni) dans la demeure de Vivaswân[23] : ils y jouissent des honneurs qui leur sont prodigués. Ils placent le Jour dans le soleil, la Nuit dans la lune ; et ces deux (astres), sans interruption, apportent tour à tour la clarté.

8. (Dieu) caché ou (dieu) apparent, les Dévas sont en lui. Nous ne connaissons rien de son existence. Que Mitra, qu’Aditi, que le divin Savitri proclament en ces lieux devant Varouna notre innocence.

9. Écoute-nous, ô Agni ! dans cette demeure où tu siéges, attelle ton char rempli de présents immortels. Amène-nous le Ciel et la Terre, qui ont des dieux pour enfants. Qu’aucun ne soit exclu de ces lieux.


HYMNE VIII.
Aux deux chars de l’holocauste[24]. — Richi : Vivaswan, fils d’Aditya.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. J’attelle le matin votre char au milieu des cérémonies et des invocations. Que l’hymne suive la route que lui trace le maître (du sacrifice). Que tous les enfants de l’immortel (Pradjâpati)[25], répandus dans les demeures célestes, entendent ma voix.

2. Vous allez comme un couple attaché au même joug. Que les enfants de Manou, dévoués au culte des dieux, vous chargent de présents. Prenez la place qui vous est destinée ; occupez-la avec honneur et intelligence. Que les breuvages (sacrés) nous arrivent par vous.

3. Par cinq dégrés[26] je monte vers vous. Quatre pieds soutiennent ma marche[27]. Je profère la syllabe sacrée[28], et je purifie mon hymne au sein de Rita.

4. Comme la mort avait été établie pour la race (humaine), elle le fut aussi pour les Dévas. Le sage Vrihaspati a été choisi pour être le chef du sacrifice. (Un moment arrive) que son corps est livré à Yama.

5. Mais (Agni renaît) ; son berceau est entouré des Marouts[29] ; il redevient père (du sacrifice), et sept de ses (nouveaux) enfants s’assemblent pour former Rita. Les deux chars du double (holocauste) brillent également ; ils apparaissent chargés d’une égale abondance.


HYMNE IX.
Aux Pitris[30]. — Richi : Yama.
(Mètres : Vrihatî, Trichtoubh et Anouchtoubh.)

1. Honore par l’holocauste le fils de Vivaswân, le royal Yama, qui traverse les grands abîmes, qui est la voie et le rendez-vous des nations.

2. Yama le premier nous indique la route que nous suivons tous infailliblement. Nos pères l’ont parcourue avant nous. Nous naissons pour y marquer aussi nos pas.

3. Le maître de Mâtali[31] doit sa grandeur aux Gavyas[32], Yama aux Angiras, Vrihaspati aux Rikwans[33]. (Il en est d’autres encore) dont les dieux reçoivent leur accroissement, et qui les réjouissent les uns par la Swaha, les autres par la Swadha[34].

4. Yama, place-toi sur le siége du sacrifice avec les Pitris Angiras. Ô roi, que la prière des sages t’amène ici ! sois heureux de notre holocauste.

5. Viens, Yama, avec les honorables Angiras de formes diverses, et réjouis-toi. Assis sur le gazon (sacré), j’invoque dans cette cérémonie Vivaswân[35], qui est ton père.

6. Nous avons parmi nos Pitris les Angiras, les Navagwas[36], les Atharwans, les Bhrigous, les Somyas[37]. Puissions-nous obtenir leur bienveillance, leur heureuse protection !

7. (Ô trépassé)[38], viens ici, viens par les voies antiques où nos pères ont passé avant nous. Regarde ces deux rois, Yama et le divin Varouna, qui se réjouissent de notre Swadhâ.

8. Viens avec les Pitris, avec Yama, sur ce siége élevé que dresse la Piété. Tu as dépouillé toute impureté ; entre dans cette demeure, et revêts-toi d’un corps brillant.

9. Allez donc, ô Pitris ! dispersez-vous ; agissez chacun de votre côté. Une place a été disposée pour lui. Yama permet que le trépassé descende jouir des libations du matin et du soir.

10. Arrive par une heureuse route vers ces deux chiens enfants de Saramâ[39], aux quatre yeux, au (poil) fauve. Viens avec Yama près de ces Pitris généreux qui font la joie de nos assemblées.

11. Ces chiens, ô royal Yama, sont à toi ; défenseurs fidèles, ils ont quatre yeux, observent la route et surveillent le sacrifice. Donne-les pour garde à celui (qui vient) ; qu’il soit par toi exempt de maux.

12. Ces deux messagers d’Yama ont de larges naseaux, une respiration forte, une grande vigueur ; ils s’élancent à travers le monde. Qu’ils nous donnent aujourd’hui la vue du soleil et un souffle fortuné.

13. Répandez la libation en l’honneur d’Yama ; offrez-lui l’holocauste. Le Sacrifice, qui prend Agni pour messager, se pare et se présente à Yama.

14. Venez et apportez à Yama l’offrande du ghrita. C’est lui qui parmi les dieux peut nous donner une longue vie.

15. Offrez au royal Yama un holocauste aussi doux que le miel. Que notre hommage s’adresse aussi aux premiers, aux anciens Richis qui nous ont ouvert la route.

16. Pendant les Tricadrous[40], Yama est célébré sur sept larges mesures, telles que le Trichtoubh et la Gâyatrî. Tous nos chants sont pour lui.


HYMNE X.
Aux Pitris, par Sankya, fils d’Yama.
(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Que les Pitris des trois ordres[41], que les Pitris Somyas se lèvent. Leur âme a été généreuse ; ils ont connu les sacrifices. Qu’ils nous conservent au milieu de nos invocations.

2. Nos hommages s’adressent aujourd’hui aux Pitris anciens, aux Pitris plus modernes, à ceux qui se placent au foyer terrestre, à ceux qui séjournent au sein des races généreuses.

3. J’honore les Pitris bienveillants, qui sont nés sous les pas de Vichnou. Qu’ils arrivent surtout, ces Barhichads[42], qui aiment la Swadhâ de nos libations.

4. Ô Pitris Barhichads, nous vous appelons à notre secours. Réjouissez-vous de l’holocauste que nous vous offrons. Accordez-nous une heureuse protection. Éloignez de nous le malheur et le péché.

5. Que les Pitris Somyas, invoqués par nous, viennent avec joie s’asseoir sur notre gazon. Qu’ils nous écoutent, qu’ils nous répondent, qu’ils nous conservent.

6. Soit que vous vous mettiez à genou, soit que vous marchiez par la droite, agréez tous notre sacrifice. Ô Pitris, ne nous faites aucun mal : nous n’avons péché que par la faiblesse de notre humanité.

7. Asseyez-vous (sur notre gazon) au lever des brillantes (aurores), et donnez la richesse au serviteur qui vous honore. Pitris, accordez à nos enfants la fortune, à tout ce peuple la force.

8. Les anciens Pitris, les Vasichthas Somyas nous ont donné le breuvage du soma. Qu’Yama soit heureux avec eux ; ami de l’holocauste, ainsi que ces (Pitris), qu’il se rassasie.

9. Ils accourent au milieu des dieux, altérés (de libations), attirés par les offrandes, célébrés par les hymnes. Ô Agni, viens à nous avec ces Pitris bons, généreux et sages, qui siégent près du foyer.

10. Ô Agni, viens avec ces pieux, ces grands, ces antiques Pitris, avec ces mille serviteurs des dieux, qui montent sur le même char qu’eux, qui boivent la libation, qui mangent avec Indra l’holocauste, qui vont s’asseoir près du foyer.

11. Pitris Agnichwâttas[43], venez ici, vous qui pouvez nous diriger. Placez-vous sur ces siéges. Mangez sur ce gazon les holocaustes qui vous sont présentés, et donnez-nous la richesse avec la force des héros.

12. Ô Agni, (dieu surnommé) Ilîta[44] et Djâtavédas[45], transporte ces holocaustes odorants. Donne-les aux Pitris avec la swadha. Qu’ils les mangent. Et toi aussi, ô Dieu, mange ces holocaustes qui te sont offerts.

13. Tu connais, ô Djâtavédas, tous les Pitris, ceux qui sont ici et ceux qui n’y sont pas, ceux que nous connaissons et ceux que nous ne connaissons pas. Ils viennent avec les offrandes. Que ce pieux sacrifice te soit agréable.

14. Les Agnidagdhas et les Anagnidagdhas[46] au foyer de l’être brillant aiment à prendre la swadha. Avec eux développe tes splendeurs, et forme-lui un corps qui transporte son âme à son gré[47].


HYMNE XI.
À Agni, par Damana, fils d’Yama.
(Mètres : Trichtoubh et Anouchtoubh.)

1. Ô Agni, garde-toi de brûler, de consumer ce (trépassé). Ne déchire ni sa peau, ni son corps. Ô Djâtavédas, si tu es satisfait de nos offrandes, prête-lui tes secours avec les Pitris.

2. Si tu es satisfait de nos offrandes, ô Djâtavédas, entoure-le avec les Pitris. Il vient pour obtenir (le corps) qui transporte son âme. Qu’il soit au pouvoir des dieux.

3. Que l’œil aille dans le Soleil, le souffle dans Vâyou. Remets au ciel et à la terre ce que tu leur dois. Va donner aux eaux et aux plantes les parties de ton corps qui leur appartiennent.

4. Mais il est (de son être) une portion immortelle. C’est elle qu’il faut échauffer de tes rayons, enflammer de tes feux. Ô Djâtavédas, dans le corps fortuné formé par loi, transporte-le au monde des (hommes) pieux.

5. Ô Agni, fais-le redescendre ensuite parmi les Pitris ; qu’il vienne au milieu des invocations et des offrandes. Revêtu de la vie, qu’il prenne une dépouille (mortelle). Ô Djâtavédas, qu’il s’unisse à un corps.

6. (Cependant) qu’un noir oiseau, que la fourmi, que le serpent ni la bête de proie ne touche point à ton (ancien) corps. Qu’Agni, que Soma, qui a désaltéré les enfants des prêtres, te préservent de tous ces accidents.

7. Entoure-toi de la cuirasse d’Agni ; que les Vaches (du sacrifice) te couvrent d’une couche de moelle et de graisse. Que le Feu vainqueur et superbe, fier de son éclat, s’étende autour de toi pour te consumer.

8. Ô Agni, ne renverse point cette coupe ; elle est chère aux dieux, comme aux (Pitris) Somyas. Elle contient un breuvage sacré, qui fait le bonheur des dieux immortels.

9. Mais j’éloigne cet Agni, qui mange la chair. Qu’il aille dans l’empire d’Yama, emportant avec lui le péché. Qu’un autre Djâtavédas, (dieu) éclairé, porte en ces lieux même l’holocauste aux dieux.

10. Oui, je vois un autre Djâtavédas que cet Agni, mangeur de chair, qui est entré dans votre maison. C’est celui-ci que je prends pour le sacrifice des Pitris. Que ce dieu fasse briller ses feux sur le foyer.

11. Que cet Agni, dont le char est de chair, honore les Pitris amis de Rita. Qu’il annonce les holocaustes offerts aux dieux et aux Pitris.

12. Remplis de pieux désirs, nous te plaçons (sur le foyer), nous allumons tes feux. Aime nos holocaustes, et amène les Pitris, ardents comme toi à les consommer.

13. Ô Agni, purifie ce même (lieu) que tu as brûlé. Qu’il soit lavé, et balayé avec quelques brins de doûrwâ[48] sèche.

14. (Ô Terre), redeviens fraîche et riante en cet endroit ; que la grenouille s’y plaise. Fais la joie de cet Agni.


HYMNE XII.
À Twachtri et à divers dieux, par Dévasravas, fils d’Yama.
(Mètres : Trichtoubh, Anouchtoubh et Vrihatî.)

1. Twachtri marie sa fille[49] ; tous les êtres sont assemblés. L’épouse du grand Vivaswân apparaît, et devient la mère d’Yama.

2. (Saranyoû) était immortelle. (Les Dévas) la cachèrent aux yeux des mortels, et donnèrent Savarnâ[50] à Vivaswân. C’est Saranyoû qui, (nommée) Aswinî[51], enfanta les jumeaux Aswins.

3. (Ô trépassé), que le sage Poûchan, ce pasteur du monde qui sauve tout son troupeau, t’emporte loin de ces lieux. Qu’Agni te donne aux Pitris et aux dieux bienveillants.

4. Que Poûchan, le voyageur universel, te protége et te conserve, partout où s’étend son empire. Que le divin Savitri te garde dans le lieu où séjournent (les hommes) pieux, où les (Pitris) ont passé.

5. Poûchan connaît toutes ces régions. Qu’il nous conduise, et nous mette à l’abri de toute crainte. Qu’il s’empresse de marcher devant nous, ce (dieu) sage et brillant, qui donne le bonheur et possède la force.

6. Poûchan naît ; il a étendu les voies du ciel et de la terre. (Dieu) prudent, il s’avance au milieu de ces deux mondes qui lui sont chers.

7. Les serviteurs des dieux invoquent Saraswatî dans la pompe du sacrifice. Les (hommes pieux) s’adressent à Saraswatî. Que Saraswatî accorde ses bienfaits à celui qui l’honore.

8. Ô divine Saraswatî, qui aimes l’offrande et montes sur le même char que les Pitris, place-toi sur ce gazon, et livre-toi au plaisir. Donne-nous l’abondance et la santé.

9. Les Pitris dans le sacrifice invoquent Saraswatî en marchant à droite. Donne à tes dévots serviteurs une abondance immense et l’ornement de la richesse.

10. Que les Ondes, mères (divines), nous purifient de leur douce rosée ! Que les Libations lavent nos souillures ! Ces déesses emportent tout péché. Je viens purifié par elles.

11. Coule, ô Jus (de Soma), aux lueurs du matin, dans ce foyer tourné du côté de l’orient. Je fais de toi sept offrandes, qui s’épanchent toutes au sein d’un même foyer.

12. Ô Soma, en prononçant le mot Vachat, je verse avec honneur ton jus, qui, exprimé par la main du prêtre, extrait du mortier, coule du vase des lustrations pour passer (dans les coupes).

13. Ô Soma, ton jus versé par la cuiller (sainte) coule en haut comme en bas. Que le divin Vrihaspati répande ce jus, pour (nous donner) l’opulence.

14. Ô lait (du sacrifice), dont les plantes, les ondes, ma prière même est imprégnée, par leur vertu commune purifie-moi.


HYMNE XIII.
À Mrityou[52], par Sancousouca, fils d’Yama.
(Mètres : Pankti, Djagatî, Anouchtoubh et Trichtoubh.)

1. Ô Mrityou, suis une autre voie ; la voie qui t’est propre n’est pas celle des dieux. Je parle (à un être) qui a des yeux et des oreilles. Épargne nos enfants, épargne nos hommes.

2. Si vous parvenez à arrêter le pas de Mrityou et à prolonger votre vie, soyez purs et brillants ; ayez de nombreux enfants, de grandes richesses. Distinguez-vous par vos sacrifices.

3. La vie et la mort se succèdent. Que l’invocation que nous adressons aujourd’hui aux dieux nous soit propice ! Livrons-nous au rire et au bonheur de la danse, et prolongeons notre existence.

4. Voici le rempart[53] dont je protége les vivants. Qu’aucun autre, parmi ce peuple, ne s’engage dans cette route. Qu’ils vivent cent et cent automnes. Qu’ils enferment Mrityou dans sa caverne.

5. Les jours et les saisons se succèdent heureusement ; le plus jeune remplace le plus ancien. Ô (Dieu) qui soutiens (les hommes), fais que la vie de ce peuple soit ainsi disposée.

6. Levez-vous[54] ; entourez celui que le temps a frappé, et, suivant votre âge, faites des efforts pour le soutenir. Que Twachtri, distingué par sa noble lignée, soit touché de votre piété, et vous accorde une longue vie.

7. Laissez approcher avec leur beurre onctueux ces femmes vertueuses qui possèdent encore leur époux. Exemptes de larmes et de maux, couvertes de parures, qu’elles se lèvent devant le foyer.

8. Et toi, femme, va dans le lieu où est encore la vie pour toi. Retrouve dans les enfants qu’il te laisse celui qui n’est plus. Tu as été la digne épouse du maître à qui tu avais donné ta main.

9. Je prends cet arc dans la main du trépassé pour notre force, notre gloire, notre prospérité. Ô toi, voilà ce que tu es devenu. Et nous, en ces lieux, puissions-nous être des hommes de cœur, et triompher de tous nos superbes ennemis !

10. Va trouver la Terre, cette mère large et bonne, qui s’étend au loin. Toujours jeune, qu’elle soit douce comme un tapis pour celui qui a honoré (les dieux) par ses présents. Qu’elle te protége contre Nirriti.

11. Ô Terre, soulève-toi. Ne blesse point (ses ossements). Sois pour lui prévenante et douce. Ô Terre, couvre-le, comme une mère (couvre) son enfant d’un par de sa robe.

12. Que la Terre se soulève pour toi. Que sa poussière t’enveloppe mollement. Que dans ces maisons chaque jour coule le ghrita ; qu’elles te présentent un asile.

13. J’amasse la terre autour de toi ; je forme ce tertre, pour que (tes ossements) ne soient point blessés. Que les Pitris gardent cette tombe. Qu’Yama creuse ici ta demeure.

14. Les jours sont pour moi ce que les flèches sont pour la plume qu’elles emportent. Je contiens ma voix, comme le frein (contient) le coursier.

  1. Les anciens Richis portaient, dit-on, le nom d’Oûmas, par lequel on distingue les Pitris.
  2. Ce sont les deux pièces de l’Aranî. Les deux parents d’Agni sont aussi le Ciel et la Terre.
  3. Le commentaire semble croire que ce sont les différents feux. Ce doit être une allusion aux sept offrandes, ou plutôt aux sept mètres des hymnes qui font marcher le sacrifice.
  4. C’est-à-dire le Soleil.
  5. Voy. page 498, col. 2, note 3. Varouna est un nom donné quelquefois à Agni, environné des ondes du sacrifice.
  6. Les Ondes forment le Soma, et le Soma contribue à alimenter Agni.
  7. Trita (Je ne parle pas du Richi, auquel est attribué cet hymne, et qui peut être indépendant de celui dont il est ici question) est le Déva de la triple libation ; il est dit Aptya, c’est-à-dire enfant des Ondes. Nous avons vu page 74, col. 1, note 4, et page 104, col. 2, note 3, les légendes qui couraient sur ce personnage. Nous en trouvons ici une nouvelle. Trisiras, c’est-à-dire l’Asoura à trois têtes, est un fils de Twachtri. C’est le Ciel nocturne, gardien des trois stations du Soleil au moment des trois libations. Trita le tue, et délivre les Vaches, autrement les rayons d’Agni, que Trisiras empêchait de sortir.
  8. J’aimerais mieux traduire : non loin de ses deux parents, c’est-à-dire de l’Aranî.
  9. Les strophes suivantes se trouvent déjà section I, lect. ii, hymne iv.
  10. Dans le même passage, première section, lecture ii, hymne iv, strophe 22, j’ai commis une erreur de traduction j’avais lu sapé, au lieu de sépé.
  11. Un manuscrit contient une strophe de plus, qui n’est point dans le commentaire.
  12. J’ai déjà prévenu que le mot auteur ne traduisait pas exactement le mot richi. Le Richi n’est pas toujours l’auteur d’un hymne ; c’est celui qui y prend la parole. Dans plusieurs hymnes précédents j’avais douté du bon emploi que je faisais du mot auteur. (Voyez page 508, col. 2, note 1. Ici je n’ai pu éprouver aucune hésitation. L’hymne que nous allons traduire semble être une scène d’un petit drame sacré, dont nous n’avons que cette page. En effet, Yama doit se décider à remplir son office éternel ; il doit renaître pour mourir encore.

    Yama et Yamî sont deux enfants de Vivaswân. Voy. page 511, col. 1, note 1. Yamî, sœur et épouse d’Yama, me paraît être, selon l’usage, la prière employée pour Yama ; ainsi Indrânî est l’épouse d’Indra, Agnâyî celle d’Agni, etc. Quant au personnage d’Yama, il me semble être pour Agni ce que Varouna est pour Mitra : c’est Agni nocturne, c’est Agni mort dans le sacrifice, et endormi dans l’Aranî, d’où il doit renaître. Dans l’hymne vii, qui va suivre, le poëte dit que Vrihaspati, le Sacrifice, meurt, et livre son corps à Yama. La signification de ce mot doit être celle qu’indique le Dictionnaire de M. Wilson, no 3. Cessation, stop, conclusion, finish. Yama, c’est Agni, qui a cessé de briller ; c’est le sacrifice qui est éteint ; c’est la noirceur de la nuit qui a remplacé l’éclat du jour ; c’est l’interruption du sacrifice perpétuel de la lumière et de la vie. Yama est le feu latent, enseveli dans l’Aranî, et que l’effort des prêtres doit ressusciter : c’est Agni privé de sa flamme, c’est le soleil de nuit dont la chaleur est morte. Les compagnons d’Yama sont les Pitris, c’est-à-dire les Pères du sacrifice, les Dévas dont les feux ne brûlent plus (Voy. page 347, col. 1, note 3, les Rites personnifiés dont l’œuvre est terminée. Quand on considère ces Dévas du sacrifice comme des êtres réels, ils sont aussi appelés Pitris ou Pères des sacrificateurs, sages antiques qui passent pour avoir institué les cérémonies du culte : ce sont alors des Mânes, et Yama est leur roi. En sa qualité d’Agni, Yama préside aux funérailles ; il y est invoqué comme gardien des morts, et ses feux y consument les chairs ; les os sont déposés dans la terre sous sa surveillance. « Yama est un Djâtavédas, » dit le poëte ; « mais c’est un Djâtavédas différent de celui des sacrifices. » C’est-à-dire que c’est le même être, avec une destination différente. Son origine indique encore que c’est un dieu du sacrifice. Twachtri, Agni organisateur, a enfanté Vivaswân, c’est-à-dire l’être brillant, l’être sacrifiant, Agni, dieu du sacrifice et dieu de la lumière. Il lui donne pour épouse Saranyoû, qui est la succession diurne du sacrifice, ou plutôt la Libation, ainsi unie à Agni. Vivaswân et Saranyoû ont pour enfant Yama, qui est la cessation du sacrifice, la mort de la lumière. Par toutes ces considérations, je me crois fondé à regarder Yama comme une des formes d’Agni. La légende des Pourânas ne ressemble pas tout à fait à celle du Rig-Véda : cependant le dernier trait de cette même légende, qui donne à Yama un pied (pada) desséché, semble faire allusion au foyer (pada) d’Agni, dont la flamme est épuisée.

  13. Je n’ai pas donné le même sens que le commentaire qui explique cette pensée, en disant que l’un est mâle, l’autre femelle.
  14. Je suppose que ce sont les rayons du soleil, que désigne ainsi Yama. Ce sont peut-être les Adityas.
  15. Apyâ est un nom de Saranyoû, qui circule au milieu des ondes célestes, ou qui naît au sein des libations. Plus bas Apyà est la Libation même.
  16. C’est-à-dire Agni céleste arrangeur de forme.
  17. Le nom de cet arbuste est liboudjâ.
  18. Le sacrifice porte en cet endroit le nom d’Aditi.
  19. C’est Agni ; la Libation porte le nom d’Apyâ.
  20. La Gâyatrî.
  21. Le commentateur, qui pense que l’ambroisie doit être la pluie, suppose que ces enfants sont les plantes nées de l’eau du nuage. Je crois qu’il est ici question de la libation ; que la vache sainte, c’est la flamme dont les enfants, c’est-à-dire les rayons, sont le soutien du Ciel et de la Terre.
  22. C’est la répétition de la pensée qui se trouve plus haut, hymne v, strophe 2. Il est question d’Yamî, épouse d’Yama. Au sacrifice du matin la nuit règne encore, et les erreurs sont faciles.
  23. C’est le Sacrifice personnifié.
  24. Il me semble, d’après la teneur de l’hymne, que l’auteur désigne par ces mots les deux Agnis, qui se succèdent la veille et le lendemain, l’un ancien, l’autre nouveau, l’un mort, l’autre renaissant.
  25. Ce mot signifie père des êtres : il est ajouté au texte.
  26. L’auteur fait allusion sans doute à cinq genres d’offrandes, ou bien désigne-t-il les cinq strophes qui composent cet hymne.
  27. Le trichtoubh se divise en quatre Padas.
  28. L’Akchara ou Prânana est la syllabe oum.
  29. Les Marouts sont ici considérés comme des chantres (Stotârah).
  30. Les Pitris ou Pères sont ordinairement regardés comme Mânes des ancêtres de tous les êtres. Voyez au reste le liv. III des Lois de Manou, st. 192 et suiv. Cependant le lecteur verra, par la lecture de ces hymnes, s’il faut entendre ce mot dans ce sens. Je disais, dans la p. 515, c. 2, n. 4, que les Pitris étaient les Pères du sacrifice, soit que les instituteurs de Rites aient été considérés comme des Dévas, soit que les Rites eux-mêmes aient été personnifiés. Agni est le premier père ou Pitri ; tous les feux ont aussi reçu ce nom. Envoyant les noms donnés aux différentes classes de Pitris, on ne peut s’empêcher de penser que ce sont des représentants des diverses parties du sacrifice, plutôt que les Mânes des diverses espèces d’êtres. Les prêtres peuvent bien les regarder comme leurs ancêtres, dans ce sens qu’ils les ont précédés soit réellement, soit d’une manière symbolique, dans la célébration des mystères sacrés. Mais certainement aux termes dont se sert le Rig-Véda je ne puis reconnaître les pères du genre humain. Cette idée que j’émets explique le passage des Lois de Manou, qui dit que les Pitris sont nés avant les dieux.
  31. Ainsi s’appelle le conducteur du char d’Indra.
  32. Nom d’une classe de Pitris sacrés. Voy. Lois de Manou, liv. III, st. 199. Ce sont les œuvres des sages, Cavyas, personnifiées comme Richis.
  33. Je suis obligé de faire un nom propre de ce mot, qui signifie possesseur du Rig, chantre, poëte.
  34. La Swâhâ est l’invocation, la Swadhâ est l’offrande.
  35. Vivaswân est ici Agni, le sacrificateur (Yadjamâna). Après le sacrifice vient le repos (Yama). Or le poëte indien donne le nom d’enfant à l’être qui succède à un autre. Yama est donc fils de Vivaswân.
  36. Voy page 80, col. 1, note 6.
  37. Voy. Lois de Manou, liv. III, st. 199. C’est-à-dire amis du soma.
  38. Cet hymne me paraît un hymne funèbre de commémoration, dans lequel l’âme du mort est invitée à venir au Srâddha. Le commentaire dit qu’elle est appelée vers le bûcher (dahanasthânam). Voy. plus bas l’hymne xi.
  39. Saramâ, comme nous l’avons vu, est la Prière, représentée sous la forme d’un chien qui aboie le matin. Plus haut, p. 504, col. 2, note 1, nous pensions que le chien, dont il y était question, était le mortier retentissant, dont la Prière éveille et anime le bruit. Maintenant ces deux chiens d’Yama ne seraient-ils pas aussi les deux pièces d’un pressoir ou d’un mortier carré ? Les poëtes font souvent mention de ces deux pièces, dont le son appelle au sacrifice. Le commentaire y voit deux chiens qui mordent les morts (prétasya bâdhacô).
  40. Genre de sacrifices, au nombre de trois ; ainsi s’explique le commentaire (Djyotis, Goh, Ayous).
  41. Le poëte reconnaît trois ordres de Pitris, inférieurs et supérieurs, et Pitris du milieu.
  42. Voy. Lois de Manou, liv. III, st. 196. C’est-à-dire assis sur le gazon.
  43. Voy. Lois de Manou, liv. III, st. 195, 199. C’est-à-dire nourris dans Agni.
  44. Voy. pages 48, 133 et alibi.
  45. Voy. pages 69, 124 et alibi.
  46. Voy. Lois de Manou, liv. III, st. 199. C’est-à-dire brûlés par Agni et non brûlés par Agni.
  47. Le corps des trépassés retourne aux éléments ; il rentre dans le Pantchatwam. Mais l’âme immortelle est protégée par Agni, qui forme pour elle un corps subtil, lequel est une espèce de chariot qui la transporte.
  48. Doûrwâ, communément dûb (panicum dactylon).
  49. Voy. page 515, col, 2, note 4.
  50. Ce mot signifie ayant la même couleur. Saranyoû, cette sœur de Trisiras, ayant achevé sa carrière, se perd au sein de la nuit. Elle est remplacée le lendemain par une autre libation de la même nature, mais qu’Yama reconnaît n’être pas sa mère. Savarnâ donne le jour à Manou Sâvarni.
  51. Nous avons déjà vu que la Libation portait le nom d’Aswini, nom qu’on lui donne à raison de sa rapidité, comparable à celle du cheval. Le Soma est sans cesse assimilé au coursier impétueux. Saranyoû, sous le nom d’Aswini, enfante les dieux Aswins, de la même manière qu’Agni ou le sacrifice met au monde le Ciel et la Terre.
  52. C’est le dieu de la mort.
  53. La pierre sous laquelle on va mettre les restes du mort, me semble le rempart dont il parle ici. C’est la caverne (Parwata) où la Mort sera enfermée.
  54. Ces mots s’adressent aux parents du mort.