Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 3/Lecture 6

Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 242-251).

LECTURE SIXIÈME.

HYMNE I.

À Indra, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Indra, qui portes la foudre, tous les dieux protecteurs et dignes de nos hommages, le Ciel et la Terre t’invoquent en ce moment pour obtenir la mort de Vritra, toi (dieu) unique, grand, immense, magnifique.

2. Tu es pour les Dévas tel qu’(un jeune fils) pour des vieillards. Indra, sois un roi né au sein de la justice. Donne la mort à Ahi, qui emprisonne les ondes. Fends les nuages qui portent en leur sein l’abondance.

3. L’insatiable Ahi, lourd, ignorant, insensé, dormait près des sept torrents, dont il fermait la source. Ô Indra, tu l’as frappé de ta foudre au défaut de la jointure[1].

4. Comme le vent par sa violence (trouble) l’eau, Indra par sa force a troublé l’air et la terre. Connaissant sa vigueur, il a brisé les corps les plus durs et abattu la tête des montagnes.

5. Tels que les femmes qui (courent) vers leur nourrisson, les Vents s’empressent vers toi, et vous marchez ensemble, pareils à des chars rapides. Tu as rempli les rivières, dompté les flots, lancé les ondes prisonnières.

6. En faveur du Vayya Tourvîti[2] tu as donné à la grande terre l’abondance et la fertilité. L’onde a coulé (pour lui), ô Indra, et il a pu traverser les fleuves.

7. Indra a fait déborder le lit de cette rivière[3] céleste, dont les ondes, jeunes et pieuses, doivent tomber (pour notre bonheur). Il a satisfait la soif de la terre altérée ; il nous a envoyé le lait des vaches (aériennes) qu’il a rendues fécondes.

8. En donnant la mort à Vritra, Indra a délivré les Ondes ; il a fait l’abondance des Aurores et la gloire des Automnes. Il a frappé les nuages amoncelés, et a ouvert la carrière des fleuves qui coulent sur la terre.

9. Ô (dieu) traîné par des coursiers azurés, pour tirer le fils d’Agroû[4] de sa retraite, tu l’as fait dévorer par les fourmis. Malgré l’obscurité, Indra a vu Ahi ; il l’a saisi, et brisant (sur lui) le vase (qui contenait les fourmis), il est sorti. Les membres d’Ahi se sont contractés.

10. Sage et prudent monarque, le sage (Vâmadéva) a célébré tes antiques exploits ; (il a chanté) tes œuvres merveilleuses, telles que tu les accomplis pour ta gloire et pour le bonheur des hommes.

11. Ô Indra, par toi, que nos pères ont chanté et que nous chantons aussi, que (la maison) de ton serviteur soit remplie de biens, comme les rivières (sont remplies d’eau). (Dieu) traîné par des coursiers azurés, des rites nouveaux sont accomplis en ton honneur : nous t’avons fait des offrandes de toute espèce. Que la Prière devienne pour nous telle qu’un char (fortuné) !


HYMNE II.

À Indra, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Qu’Indra, de près ou de loin, entende nos vœux, et vienne à notre secours, ce roi terrible dont le bras est armé de la foudre, et qui, dans le combat, accompagné des puissants (Marouts), lutte avec force contre ses ennemis.

2. Qu’Indra vienne à nous avec ses coursiers ; qu’il s’approche pour nous protéger et nous combler de biens. Que le grand Maghavan avec sa foudre assiste à notre sacrifice, et nous livre la dépouille (de nos adversaires).

3. Indra, accepte nos hommages, et donne-nous la force. (Dieu) tonnant, puissions-nous, grâce à tes bienfaits, nous qui te chantons, de même que le chasseur (abat le gibier), gagner aussi avec toi la victoire !

4. Tu aimes, tu désires la Swadhâ ; approche-toi avec bienveillance de ces libations disposées par notre piété. Indra, bois de ce doux soma qu’on te présente. Prends plaisir à nos offrandes et à nos louanges.

5. Cet Indra, que nos Richis nouveaux célèbrent dans leurs chants tel que l’arbre chargé de fruits ou tel que le vainqueur pourvu de bonnes armes, (cet Indra) objet de tant d’hommages, je l’invoque avec la tendresse de l’époux pour son épouse.

6. Le grand et redoutable Indra s’élève au-dessus de tout, comme la montagne ; il semble né pour faire preuve de sa force. Que ce (dieu) formidable prenne sa foudre, source en même temps de terreurs et de biens, de même que le puits est le réservoir d’une eau abondante.

7. Aucun être au monde ne saurait t’arrêter ; aucun ne saurait détruire tes précieux bienfaits. (Dieu) fort et terrible, si souvent invoqué, et qui répands tes dons (sur la terre), accorde-nous la fortune.

8. Tu es le maître de l’opulence ; les hommes te doivent leur habitation. Tu as ouvert le pâturage où étaient retenues les vaches (célestes). Directeur dans la science (divine), tu portes aussi les armes dans les combats, et tu amènes avec toi une magnifique abondance de richesses.

9. La renommée dit avec quelle puissante sagesse ce grand (dieu) accomplit ses œuvres. Ennemi du mal, il comble de ses faveurs le serviteur qui chante sa gloire.

10. Ne nous afflige pas. Apporte-nous, donne au serviteur qui te présente ses offrandes, tous les biens qui dépendent de toi. Nous te louons, ô Indra, nous t’honorons par ces holocaustes nouveaux, par nos hymnes pieux.

11. Ô Indra, par toi que nos pères ont chanté et que nous chantons aussi, que (la maison) de ton serviteur soit remplie de biens, comme les rivières (sont remplies d’eau). (Dieu) traîné par des coursiers azurés, des rites nouveaux sont accomplis en ton honneur ; nous t’avons fait des offrandes de toute espèce. Que la Prière devienne pour nous telle qu’un char (fortuné) !


HYMNE III.

À Indra, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Qu’Indra vienne à notre secours. Que ce héros entende nos hymnes, et se rende à notre sacrifice. Qu’il brille comme le soleil, dans toute la plénitude de sa force, dans tout l’éclat de sa puissance invincible.

2. Chantez ici les exploits, (chantez aussi) les compagnons d’armes de ce (dieu) plein de gloire et de magnificence. Sa force puissante, secourable, victorieuse, règne sur les hommes qui l’honorent de leur culte.

3. Qu’Indra, accompagné des Marouts, vienne à notre secours du ciel ou de la terre, de l’air ou de l’onde ; qu’il (vienne) promptement, soit du séjour où brille le père de la lumière, soit des extrémités de l’horizon, soit du lieu où siége Rita.

4. Louons dans nos sacrifices cet Indra qui est le maître d’une opulence grande et solide ; qui par sa victoire nous donne tous les biens de la vie et introduit ses heureux serviteurs dans les plus fertiles pâturages.

5. Que le sacrificateur arrive, accumulant les offrandes et engendrant la Prière sainte ; riche en présents, par ses hommages et par ses hymnes qu’il appelle Indra dans nos demeures.

6. Quand, dans la maison d’un saint père de famille[5], les (mortels), jaloux de l’honorer par la prière, s’assemblent autour du mortier (sacré) ; qu’alors le prêtre domestique[6] du maître de maison arrive, et se charge, au milieu de nos périls, de porter (nos sacrifices).

7. La bénédiction est sur nous, quand le (dieu) magnifique, surnommé Bhârwara[7], envoie sa force pour soutenir son serviteur ; quand, près du foyer sacré, dans la maison du père de famille, il préside, et donne le signal de la prière, du travail, de la joie.

8. Quand Indra ouvre les portes de la nue, il donne au lait céleste la rapidité du torrent. Si les (hommes) religieux lui apportent l’offrande, la maison se trouve pourvue de cerfs blancs[8], et de gayals[9].

9. Ô Indra, tes bras sont fortunés, tes mains bienfaisantes, apportant la richesse à celui qui te loue. Qu’attends-tu donc ? que tardes-tu à te livrer au plaisir de la libation, comme au bonheur de la bienfaisance ?

10. Indra est le maître équitable de l’opulence. Il a donné la mort à Vritra ; qu’il accorde la richesse au fils de Poûrou[10]. (Dieu) si souvent invoqué, que ta force nous procure la fortune, et fais-nous jouir de ton secours divin.

11. Ô Indra, par toi que nos pères ont chanté et que nous chantons aussi, que (la maison) de ton serviteur soit remplie de biens, comme les rivières (sont remplies d’eau). (Dieu) traîné par des coursiers azurés, des rites nouveaux sont accomplis en ton honneur : nous t’avons fait des offrandes de toute espèce. Que la Prière devienne pour nous telle qu’un char (fortuné) !


HYMNE IV.

À Indra, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Si Indra aime et désire nos hommages, qu’il accepte ceux que nous lui offrons en ce jour. Le grand et robuste Maghavan, qui porte la foudre avec puissance, vient (et prend plaisir) à nos cérémonies, à nos éloges, à notre soma, à nos hymnes.

2. Le héros sage, terrible, généreux, lance avec son bras ses carreaux[11] qui donnent la fertilité. En faveur de ses amis et pour leur fortune, il brûle la toison du nuage, et il en brise tous les nœuds[12].

3. Le plus grand des dieux, il naît pour être le maître de la force et de l’abondance. Il porte dans ses bras sa foudre impatiente, et sa puissance fait trembler le ciel.

4. À la naissance de ce héros, les torrents et leurs rivages, le ciel et la terre ont frémi. Il soutient par sa vigueur les deux grands parents (du monde), et, en le suivant dans sa marche majestueuse, les vents ont applaudi.

5. Tu es grand, ô Indra ; tes actions sont grandes comme toi, et méritent d’être célébrées dans tous nos sacrifices. Héros sauveur et triomphant, de ta foudre victorieuse tu as avec force percé Ahi.

6. Toutes tes œuvres sont pleines d’équité et de puissance. Les vaches (célestes) ont ouvert leur mamelle féconde. Tu ne penses qu’à verser sur nous l’abondance, et, tremblantes devant toi, les Ondes se sont précipitées avec vitesse.

7. Ô Indra, ô (dieu) traîné par des coursiers azurés, ces sœurs divines ont célébré ta puissance, lorsque, enchaînées (par Vritra), elles se sont vues délivrées par toi, et ont pu fournir désormais leur longue carrière.

8. La plante du soma a été pilée dans le dessein de t’enivrer. Que cette piquante liqueur soit, avec nos éloges, comme la pointe d’un dard qui te stimule. Qu’elle soit comme le frein éclatant qui serve à diriger un (dieu) rapide et brillant.

9. (Dieu) puissant, augmente et consolide sans cesse notre force et notre vigueur. Frappe pour nous les ennemis qui méritent la mort. Brise le trait du mortel qui veut nous blesser.

10. Exauce-nous, ô Indra ; mesure-nous une abondance égale à nos désirs variés. Accomplis tous nos vœux, ô Maghavan, et souviens-toi de nous, toi qui peux donner tant de vaches.

11. Ô Indra, par toi que nos pères ont chanté et que nous chantons aussi, que (la maison) de ton serviteur soit remplie de biens, comme les rivières sont remplies d’eau. (Dieu) traîné par des coursiers azurés, des rites nouveaux sont accomplis en ton honneur ; nous t’avons fait des offrandes de toute espèce. Que la Prière devienne pour nous telle qu’un char (fortuné) !


HYMNE V.

À Indra, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Comment (Indra) peut-il augmenter la fortune de (l’homme) opulent ? Quel est le sacrificateur dont ce grand (dieu) ait aimé les cérémonies, dont il ait bu avec plaisir le soma, dont il ait agréé la demande, et qu’il ait récompensé par sa brillante munificence ?

2. Quel mortel a obtenu son amitié ? Qui a joui de ses faveurs ? Comment a-t-il fait sentir ses divers bienfaits ? Comment peut-il servir les intérêts d’un serviteur qui le chante, et accourir à son secours ?

3. Comment Indra entend-il (l’homme) qui l’invoque ? S’il l’entend, comment vient-il à son secours ? Quels sont ses antiques bienfaits ? Comment l’appelle-t-on le protecteur du chantre (qui le célèbre) ?

4. Comment (le mortel) accablé par ses ennemis, s’il chante ses louanges, peut-il recouvrer sa brillante fortune ? Comment le dieu aura-t-il la connaissance de mes hommages ? Et recevant mes offrandes, comment me témoignera-t-il son approbation ?

5. Comment et dans quel temps le dieu reconnaîtra-t-il l’amitié de l’homme (qui le vénère) au lever de cette Aurore ? Comment et dans quel temps fera-t-il éclater son attachement pour les amis qui ont placé en lui toutes leurs espérances ?

6. Qu’est-ce donc pour ses amis que cette victorieuse amitié ? Pouvons-nous nous vanter de t’avoir pour frère ? Toute la création constitue la forme d’Indra, voyageur (divin), (forme) riche et superbe, brillante et désirable comme le ciel le plus beau.

7. (Indra) a résolu de détruire la méchante Rakchasî[13], qui méconnaît son empire, et pour la frapper il aiguise ses traits. Il aime la dette (de la reconnaissance), et ce (Dieu) terrible pousse vers nous les Aurores éloignées et inconnues, où les intérêts de cette dette doivent être payés.

8. Les libations de Rita éloignent le mal. L’œuvre de Rita tue le péché. L’hymne brillant de Rita éveille l’enfant d’Ayou, et vient ouvrir son oreille fermée.

9. Les formes de Rita sont belles, variées, fortes et durables. Avec Rita arrivent de nombreuses offrandes. Près de Rita, et à sa voix, accourent les vaches (brillantes)[14].

10. Servez Rita ; honorez Rita. La splendeur de Rita est unie à la force et à l’abondance. À Rita sont soumis deux (êtres) forts, larges, profonds ; pour Rita deux vaches suprêmes donnent leur lait[15].

11. Ô Indra, par toi que nos pères ont chanté, et que nous chantons aussi, que (la maison) de ton serviteur soit remplie de biens, comme les rivières (sont remplies d’eau). (Dieu) traîné par des coursiers azurés, des rites nouveaux sont accomplis en ton honneur ; nous t’avons fait des offrandes de toute espèce. Que la Prière devienne pour nous telle qu’un char (fortuné) !


HYMNE VI.

À Indra, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Quel hymne chanterons-nous pour nous attirer les bienfaits d’Indra, le fils de la Force ? Ô peuples, Indra est un (bon) pasteur ; c’est un héros qui donne à son chantre les biens de nos ennemis.

2. Pour obtenir la mort de Vritra, c’est lui qu’il faut invoquer, c’est lui qu’il faut honorer. Avec raison nous chantons cet Indra, équitable dans sa bienfaisance. Au moment du sacrifice, Maghavan répand ses bienfaits sur le mortel qui le sert par ses offrandes et ses libations.

3. Les guerriers l’invoquent dans le combat, (les prêtres) prennent des soins laborieux pour obtenir sa protection. Sacrificateurs et pères de famille, chacun s’empresse de venir à l’auteur de tout bien, et demande une heureuse postérité.

4. (Dieu) terrible, les hommes se réunissent pour accomplir l’œuvre (sainte), et se livrent à l’envi à de (pieux) travaux pour obtenir une onde (salutaire). Quand les nations se rassemblent pour le combat, il est un parti qui déploie une force digne d’Indra.

5. Cette force leur vient du sacrifice. Que l’offrande soit chauffée et macérée avec soin. Que le soma frappe de stérilité les vœux des impies, et réjouisse le généreux (Indra).

6. Indra aime le soma, et comble de ses biens celui qui lui en fait des libations. Il protége dans les combats, il considère comme un ami l’homme qui s’attache à lui avec dévouement.

7. Qu’un homme, en ce jour, verse, en l’honneur d’Indra, des libations de soma ; qu’il fasse cuire les gâteaux et griller les grains d’orge ; le dieu, accueillant les prières de son serviteur, lui accorde sa généreuse protection.

8. Si le belliqueux Arya prévoit l’approche de son ennemi, si le moment ; du combat est arrivé, que son épouse[16], accompagnée de ceux qui versent le soma, donne des ordres pour que cette généreuse liqueur soit préparée.

9. Il est tel (mortel) qui, enchérissant sur le prix de sa marchandise, vient nous dire : « Je ne me trouve pas suffisamment payé. » Indra ne fait point de ces marchés frauduleux. Pauvres et riches, il nous traite tous avec bonne foi.

10. Qui veut pour dix vaches acheter cet Indra, qui est à moi ? Quand (le dieu) aura tué tes ennemis, je sais qu’il me reviendra toujours.

11. Ô Indra, par toi que nos pères ont chanté, et que nous chantons aussi, que (la maison) de ton serviteur soit remplie de biens, comme les rivières (sont remplies d’eau). (Dieu) traîné par des coursiers azurés, des rites nouveaux sont accomplis en ton honneur ; nous t’avons fait des offrandes de toute espèce. Que la Prière devienne pour nous telle qu’un char (fortuné) !


HYMNE VII.

À Indra, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Quel (homme), ami des mortels et serviteur des dieux, veut aujourd’hui solliciter l’amitié d’Indra ? Quel (homme), devant les feux d’Agni, la coupe de soma à la main, veut chanter les louanges d’un dieu protecteur et adorable ?

2. Quel (homme) offrant une prière respectueuse au (dieu) ami du soma, et s’unissant à lui par la pensée, veut obtenir les vaches (célestes) ? Qui désire s’attacher à Indra, et devenir l’ami, le frère, l’associé d’un (dieu) sage ?

3. Qui aujourd’hui se prépare l’assistance des dieux ? Qui célèbre les Adithyas, Aditi, l’astre lumineux ? De quel (mortel) les Aswins, Indra, Agni acceptent-ils volontiers les libations ?

4. Il verra Agni se charger de son holocauste et devenir son protecteur ; il verra longtemps le soleil se lever à l’orient, celui qui s’écrie : « Faisons des libations à Indra, le plus grand, le plus secourable des héros ! »

5. Un tel homme ne saurait succomber sous l’attaque de ses ennemis, quelque nombreux qu’ils soient. Aditi le couvrira de sa haute protection. Le favori d’Indra, c’est celui qui accomplit l’œuvre (sainte), qui s’unit à lui par la prière, qui suit avec constance la voie (du sacrifice), qui verse le soma.

6. Indra triomphe en héros pour l’homme qui mit avec constance la voie (du sacrifice), et qui verse la libation. Il lui accorde fidèlement le prix de ses travaux. Indra n’est ni le compagnon, ni l’ami, ni le parent de l’impie. Il donne la mort à celui qui n’a pour lui ni hymne ni sacrifice.

7. Indra, qui aime le soma, n’est point l’ami du riche, avare de libations. Il dépouille cet homme de sa fortune ; il cause sa ruine et sa mort. Il est (au contraire) tout dévoué à celui qui lui présente les libations et des offrandes.

8. Indra est invoqué par les grands, les petits, les hommes d’une classe intermédiaire ; par celui qui marche et celui qui se repose ; par celui qui garde sa maison et celui qui combat ; par tous ceux qui veulent l’abondance.


HYMNE VIII.

À Indra, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. (Indra parle.) Je fus (jadis) Manou, et Soûrya[17]. Je suis le sage Richi Cakchîvân[18]. J’ai fait à ma ressemblance Coutsa, fils d’Ardjounî[19]. Je suis le sage Ousanas[20]. Voyez-moi.

2. J’ai donné la terre à l’Arya[21], et la pluie au mortel qui me sert. J’ai amené les Ondes retentissantes. Les Dévas obéissent à ma pensée.

3. Dans le transport de ma douce ivresse, j’ai brisé d’un seul coup les quatre-vingt-dix-neuf[22] villes de Sambara ; j’ai sauvé Atithigwa[23] ainsi que Divodâsa au moment du sacrifice, (Divodâsa) digne d’avoir des centaines de villes[24].

4. (Le poëte parle.) Tu es Marouta, et en cette qualité de voyageur ailé[25], tu dois (aussi) l’emporter sur tous les oiseaux. Comme Syéna, ou épervier (céleste)[26], tu dois l’emporter en vitesse sur tous les éperviers ; et l’on t’a vu, oiseau (rapide), quand la Swadhâ était privée du char (du Soleil), porter, pour plaire à Manou, l’holocauste que chérissent les dieux.

5. L’oiseau vient d’enlever (sa proie), et, tremblant[27], il s’élève, aussi prompt que la pensée, par la voie large (des airs). Syéna (l’épervier) fuit avec le miel du soma qu’il a pris dans notre sacrifice.

6. Syéna (l’épervier), dans son vol droit et rapide, arrive d’une extrémité du ciel, tenant ce soma, source heureuse d’une (sainte) ivresse, et, encouragé par les Dévas, il le porte avec fermeté jusqu’à l’autre extrémité.

7. Syéna (l’épervier) a reçu et porté le soma au milieu de mille et mille sacrifices. Prudent et sage dans ses œuvres, enivré de ce soma, il a repoussé ses imprudents ennemis.


HYMNE IX.

À Indra, surnommé Syéna[28], par Vamadéva.

(Mètres : Trichtoubh et Sakvarî.)

1. (Indra parle.) Je n’étais pas encore au jour ; mais je suivais avec attention la naissance successive de tous ces Dévas. Cent villes de fer me gardaient. J’en suis sorti avec rapidité ; me voici sous la forme de Syéna (l’épervier)[29].

2. (Le poëte parle.) Le (dieu) ne m’a point laissé dans la peine (de l’attente). Il s’est montré avec splendeur et avec force. Par sa sagesse il a repoussé ses rapides ennemis ; par sa vitesse il a surpassé les vents.

3. Syéna (l’épervier) a du haut du ciel fait entendre sa voix ; le vol du sage (oiseau) a été reconnu, et l’archer Crisânou[30], allant à lui par la pensée, lui a lancé une de ses flèches.

4. Syéna (l’épervier), dans sa course rapide, emportait le soma, comme Indra faisait de Bhoudjyou[31], au-dessus des larges abîmes ; et l’aile du diligent oiseau traversait rapidement l’espace qui est (entre le ciel et la terre).

5. Que Maghavan, que l’héroïque Indra accepte ce vase plein d’une liqueur fortifiante, ces libations dans lesquelles est mêlé le lait blanc de la vache, ces offrandes brillantes ; qu’il prenne ce doux breuvage, et qu’il boive jusqu’à l’ivresse ; oui, qu’il boive jusqu’à l’ivresse.


HYMNE X.

À Indra et Soma, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Uni à toi, ô Soma, par une étroite amitié, Indra a fait couler les ondes en faveur de Manou. Il a frappé Ahi, déchaîné les sept torrents, ouvert les canaux fermés (par nos ennemis).

2. Uni à toi, Indra a brisé la roue de Soûrya[32] ; car sa force est irrésistible. Mais en même temps cette roue qui est lancée dans l’espace, et sur qui repose la vie de tous, a été sauvée de la destruction.

3. Indra a combattu depuis le matin, depuis le milieu du jour ; de ses traits il a tué, (de ses feux), tel qu’Agni, il a brûlé des milliers de Dasyous, qui pensaient de leurs forts inaccessibles se faire une retraite inexpugnable.

4. Tu as donc, ô Indra, abattu ces vils Dasyous ; tu as soumis au joug ces tribus impies. (Ô Indra et Soma), détruisez, anéantissez vos ennemis ; tombant sous vos armes, qu’ils livrent leurs dépouilles (à vos serviteurs).

5. (Dieux) magnifiques et terribles, Indra et Soma, si par votre force vous parvenez à nous rendre ces vaches, ces chevaux, ces trésors, ces terres que nous retiennent (nos ennemis), ce sera de votre part une œuvre juste et louable.


HYMNE XI.

À Indra, par Vamadéva.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Viens à notre secours, Indra ; sois heureux de nos louanges et de nos offrandes, et arrive avec tes chevaux. Le père de famille a préparé pour toi de nombreuses libations, (pour toi) qui aimes nos chants et qui es juste dans tes bienfaits.

2. Il vient à notre sacrifice, (ce dieu) sage, qui connaît nos besoins, et que nous invoquons en versant la libation. Traîné par d’excellents coursiers, exempt de crainte, il partage avec les Marouts à la voix retentissante et nos louanges et nos breuvages enivrants.

3. (Ô poëte), rends attentives les oreilles d’Indra ; qu’il prenne des forces, qu’il se livre à la joie dans cette région (sublime) où il se plaît. Que nos libations le fassent grandir pour notre bonheur, et que de sa puissance nous tenions l’abondance et la sécurité.

4. Il vient vers le sage qui le célèbre et l’invoque en l’appelant à son secours ; et, la foudre à la main, (placé) sur le siége de son char, il dirige lui-même ses cent mille coursiers.

5. Ô magnifique Indra, puissions-nous, prêtres et pères de famille, pour prix de nos chants, devenir tes amis et obtenir tes secours ! Puissions-nous jouir d’une opulence brillante, glorieuse, abondante !


HYMNE XII.

À Indra, par Vamadéva.

(Mètres : Gâyatrî et Anouchtoubh.)

1. Personne n’est plus grand, n’est plus haut que toi, ô Indra, vainqueur de Vritra. Personne ne te ressemble.

2. Tous les hommes sont pour ainsi dire attelés à ton char. Avec raison on te proclame grand.

3. Ô courageux Indra, tu as eu même tous les dieux à combattre[33], quand tu créais le Jour et la Nuit.

4. C’est alors qu’en faveur de tes (amis) malheureux tu as détaché une roue (du Soleil) ; qu’en faveur du valeureux Coutsa, tu as (frappé) Soûrya lui même[34].

5. C’est alors que, seul, tu as lutté contre tous ces dieux ennemis. Ô Indra, tu as donné la mort aux plus nuisibles.

6. Oui, c’est alors qu’en faveur d’un mortel tu as frappé Soûrya, et par ta puissance protégé Étasa.

7. En effet, ô Maghavan, vainqueur de Vritra, tu es celui dont la colère est surtout redoutable. C’est toi qui, au sein des airs, as tué le fils de Danou[35].

8. Ô Indra, il est de toi une action par-dessus tout virile. Une femme, la fille du Ciel, voulait malheureusement la mort ; tu la lui as donnée[36].

9. Ô grand Indra, la fille du Ciel, l’Aurore se faisait grande. Tu l’as réduite en poudre.

10. L’Aurore tremblante, ainsi frappée par toi, (dieu) généreux, est tombée de son char réduit en poussière.

11. Et ce char tout brisé s’affaissa dans la Vipâsâ[37], qui coule au loin (dans l’occident).

12. Ainsi tu as par ta puissance magique, ô Indra, arrêté une rivière débordée, la Vitasthânâ[38].

13. Ainsi par ta valeur, tu as conquis les trésors de Souchna en brisant ses villes.

14. Ainsi tu as sous sa vaste montagne, ô Indra, écrasé Sambara, le plus illustre des Dasyous.

15. Ainsi tu as frappé les cent mille compagnons de Vartchin, rangés autour de lui comme les cinq rayons (autour d’une roue)[39].

16. Ainsi Indra, (surnommé) Satacratou, a fait obtenir dans nos hymnes une place pour Parâvrikta, le fils d’Agroû[40].

17. Ainsi l’époux de Satchî, le sage Indra, a transporté au delà d’une rivière Tourvasa et Yadou[41], qui ne pouvaient la traverser.

18. Ainsi tu as sauvé sur les bords de la Sarayou ces deux nobles Aryas, et tu as donné la mort à Arna et à Tchitraratha[42].

19. Ainsi tu as guéri, ô vainqueur de Vritra, deux malheureux, un aveugle et un boiteux. Une semblable faveur n’est accordée qu’à celui qui te loue.

20. En faveur de son serviteur Divodâsa, Indra a frappé cent villes formées d’une pierre merveilleuse[43].

21. Pour protéger Dabhîti[44], Indra, par son pouvoir magique, a percé de ses traits trente mille brigands.

22. C’est toi, ô vainqueur de Vritra, ô équitable Indra, qui es le maître des vaches (célestes), et qui fais mouvoir le monde.

23. Ô Indra, si tu as fait quelque action digne de toi, personne aujourd’hui n’oserait en détruire l’effet.

24. Ô (dieu) triomphant, qu’Aryaman, Poûchan, et Bhaga, que le dieu (surnommé) Caroulatî[45], affermissent tous les biens qui viennent de toi.


HYMNE XIII.

À Indra, par Vamadéva.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Par quelle assistance, par quel acte de sagesse ce (dieu) toujours beau, toujours grand, nous témoignera-t-il son amitié ?

2. De quelle ivresse et sainte et glorieuse nos offrandes doivent-elles te pénétrer, pour te donner la force de briser la puissance (de nos ennemis) ?

3. Protecteur des amis qui chantent ta gloire, accorde-nous ton favorable appui.

4. Viens à nous, et que nos chants soient tels que des coursiers qui fassent rouler vers des mortels la roue de ton char.

5. Appuyé sur nos œuvres (pieuses), comme sur un pied solide, tu descends vers nous. Je t’honore avec le Soleil.

6. Ô Indra, quand nos prières s’élèvent vers toi, qu’elles soient ainsi qu’un char rapide pour toi et pour le Soleil.

7. Époux de Satchî[46], on te célèbre comme magnifique, bienfaisant, entouré de splendeurs.

8. Tu combles sans cesse de tes faveurs celui qui te loue et t’offre des libations.

9. En vain tes ennemis insensés s’uniraient par centaines pour arrêter le cours de tes bienfaits ; ils ne pourraient contenir ta puissance.

10. Que tes cent, que tes mille renforts, que tous tes secours nous soient en aide.

11. Réserve-nous pour ton amitié, pour le bonheur, pour l’opulence brillante.

12. Chaque jour, ô Indra, accorde-nous l’appui de ta grande fortune, de ta (haute) puissance.

13. Que ton secours, toujours présent, soit comme (la flèche) de l’archer, qui brise (la porte) de ces pâturages où sont renfermées les vaches (célestes).

14. Que sous ta protection, ô Indra, notre char soit brillant et solide, accompagné d’une troupe nombreuse de chevaux et de vaches.

15. Ô Soleil, fais que notre gloire soit grande parmi les Dévas, étendue comme le ciel qui nous couvre.


HYMNE XIV.

À Indra, par Vamadéva.

(Mètre : Gâyatrî.)

1. Viens à nous promptement, ô vainqueur de Vritra ; approche-toi, grand Indra, avec tes nobles secours.

2. Actif et bienfaisant, tu sais suivant les besoins varier les ressources diverses de ton assistance.

3. Avec un petit nombre d’amis dévoués, tu t’avances vers le grand (ennemi), qui s’élance (pour t’attaquer), et ta force triomphe de lui.

4. Ô Indra, nous sommes à toi. Nous t’adressons nos hommages. C’est nous que tu dois sauver.

5. (Dieu) tonnant, viens à nous avec tes secours variés, sûrs et invincibles.

6. Ô Indra, nous sommes bien les amis d’un (dieu) tel que toi, riche en vaches excellentes, entouré d’une heureuse abondance.

7. Ô Indra, tu es le maître suprême de cette prospérité que donne la vache. Accorde-nous la richesse de la vie.

8. Eh ! qui peut s’opposer à tes volontés, ô Indra, quand, pour prix de leurs chants, tu veux combler tes serviteurs de tes dons ?

9. Ô Indra, les enfants de Gotama ont célébré tes louanges dans la vue d’obtenir l’abondance.

10. Nous chantons tes prouesses ; (nous disons) comment tu attaques et tu brises les villes des Dasyous.

11. Telles sont tes prouesses, ô sage Indra ; (tes serviteurs) les chantent, et versent des libations en ton honneur.

12. Ô Indra, les enfants de Gotama célèbrent tes louanges et reconnaissent ta grandeur. Donne-leur de la fortune et de la famille.

13. Tu es l’ami commun de tous les hommes, ô Indra ; c’est à ce titre que nous t’invoquons.

14. Ô Indra, toi, notre refuge, toi, passionné pour notre soma, viens vers nous, et enivre-toi de nos libations.

15. Que nos prières et nos louanges aillent jusqu’à toi, ô Indra. Dirige vers nous tes coursiers.

16. Consomme notre sacrifice. Aime nos voix, comme l’époux (aime la voix) d’une épouse bien-aimée.

17. Nous invoquons Indra, qui attelle à son char mille coursiers. (Voici pour lui) cent vases de soma.

18. Nous voulons et cent et mille de ces vaches qui t’appartiennent. Que tes bienfaits tombent au milieu de nous.

19. Nous te demandons dix vases remplis d’or. Ô vainqueur de Vritra, tu es si bienfaisant !

20. Tu es bienfaisant, ô Indra. Montre-nous ta générosité. Ne te borne pas à de minces bienfaits. Tu dois vouloir être libéral.

21. On célèbre partout ta bienfaisance, ô héros vainqueur de Vritra. Admets-nous au partage de tes richesses.

22. (Dieu) sage, (que nous regardons comme notre) enfant, je chante tes deux (coursiers) azurés. Ô toi, qui nous donnes les vaches (célestes), ne va pas les détruire avec tes (coursiers).

23. Tels que la marionnette sur le petit théâtre de bois nouvellement construit, tels brillent ces coursiers dans les voies (célestes).

24. Que j’aie un char traîné par des bœufs, ou que je marche à pied, (je souhaite) que ces généreux coursiers, dans leur voie (suprême), me soient en aide.



  1. Le texte porte aparwan, que le commentateur rend par pôrnamâsi, oubliant que le jour de la pleine lune est précisément un parwan. J’ai pensé que ce mot représentait la fissure du nuage, au moment où la foudre le déchire : c’est un endroit où il n’y a point de nœud de jointure.
  2. Voy. page. 76, col. 1, note 6.
  3. C’est le nuage, qui, considéré comme rivière, porte le nom d’Agroû, et sera personnifié plus bas. J’ai cru pouvoir rendre l’adjectif nabhanou par céleste, malgré le commentaire.
  4. Agroû est le nuage personnifié. L’eau du nuage est aussi personnifiée, et considérée comme l’enfant d’Agroû ; elle est Ahi, nommé aussi Parâvrikta. Ahi signifie par lui-même serpent ; et caché au sein de la nue, il se trouve naturellement comparé à ce reptile. Une méthode employée pour faire sortir les serpents de leurs trous consiste à les remplir de fourmis. C’est cette méthode qu’emploie Indra pour obtenir l’eau du nuage.
  5. Osidja, comme qui dirait descendant d’Ousidj, enfant de dévot.
  6. Je pense, malgré le commentaire, qu’il est ici question d’Agni.
  7. Suivant le commentateur, ce mot est une épithète d’Indra, considéré comme fils de Pradjâpati Bharwara. Il traduit cette expression par djagadbhartri (soutien du monde). Ce pourrait être aussi bien une épithéte d’Agni.
  8. Gôramriga.
  9. Bos gavœus, gavaya.
  10. C’est-à-dire à l’homme.
  11. Le poëte appelle la foudre tchalourasri, c’est-à-dire quadrangulaire ; je ne sais pour quel motif.
  12. Nœud se dit parwan ; de là vient que la montagne ou le nuage s’appelle parwata (nodosus).
  13. Déesse du mal, appelée Nirriti ; c’est ici la déesse des ténèbres, c’est l’Obscurité surnommée Anindra.
  14. Je suppose que ce sont les rayons d’Agni.
  15. Ce passage fait allusion à la Terre et au Ciel. Les deux vaches pourraient être aussi la Nuit et le Jour, ou plutôt le Matin et le Soir, qui amènent l’heure du sacrifice.
  16. Le commentateur, qui entend tout ce passage autrement, pense, entre autres choses, que le mot patni (épouse) doit se rapporter à l’épouse d’Indra.
  17. Manou est, comme on sait, le père de la race humaine, et Soûrya est le Soleil. Indra se présente dans cet hymne comme étant tout. Kritsnamapyahamévâsmi, mâm sarwâtmacam pasyata (omne quidem ego certe sum ; me omnia animantem videte). Je pense qu’il est possible, en examinant les légendes de Cakchîvân et d’Ousanas, de les rapporter au personnage d’Indra.
  18. Voy. page 50, col. 1, note 2.
  19. Voy. page 239, col. 2, note 1. Le commentateur m’apprend ici que la mère de Coutsa se nomme Ardjouni. Modifier dans ce sens la note 2, page 111, col. 1.
  20. Voy. page 73, col. 2, note 2.
  21. Voy. page 61, col. 2, note 2.
  22. Voy. section I, lecture ii, hymne xiii, st. 14.
  23. Voy. page 73, col. 1, note 12.
  24. Voy. page 110, col. 1, note 9. Voir plus bas page 249, col. 2, note 5.
  25. On donne ici à Indra, dieu de l’éther, le nom de Marouta. Marouta, dieu du Vent, est représenté comme doué d’ailes. Jusqu’à présent ce mot vih, toutes les fois qu’il se rapportait à Indra, je l’ai traduit par le mot voyageur ; j’ajoute ici le mot ailé, pour entrer dans toute la pensée de l’auteur. C’est un oiseau céleste, c’est un épervier, Syéna, qui parcourt l’espace éthéré.
  26. Sous le nom de Syéna (voy. page 89, col. 1, note 2) on semble désigner Indra, par allusion à l’extrême rapidité de sa course. Cependant nous savons que ce mot a un autre sens, et qu’il s’emploie pour signifier un des mètres poétiques employés dans l’hymne du sacrifice. Avec cette explication Syéna pourrait être Indra célébré par le mètre Syénî, ou bien la personnification de ce mètre, qui semble emporter l’holocauste pour le présenter aux dieux. La Swadhâ n’a point de char ; c’est-à-dire qu’à ce moment le Soleil ne montre pas encore son disque : elle est donc atchacrâ. Le monde est dans l’obscurité.
  27. Le commentaire dit que la crainte qu’éprouve l’oiseau ravisseur du soma est causée par les gardiens de la libation (somapâlaca).
  28. Voy. notes 1 et 2 ci-dessus.
  29. J’ai laissé de côté toutes les explications mystiques dans lesquelles le commentateur me semble ici perdu. Je donne la parole, non à Vâmadéva, mais au dieu Indra. Ce dieu, au moment du sacrifice du matin, n’est pas encore né ; mais il existe et observe la succession des rites qui concourent à sa naissance. Ces rites, comme nous l’avons vu, se personnifient sous le nom de Dévas, et naissent en même temps que les besoins du sacrifice. Cependant Indra est enfermé sous la masse des vapeurs ténébreuses de la nuit ; il s’en débarrasse sous la forme de l’épervier (Syéna), c’est-à-dire un oiseau porté sur les ailes de la Syénî.
  30. Suivant le commentateur, c’est un gardien du soma (somapâla). Je pense que c’est Agni, qui porte le nom de Crisânou, et dont les rayons partent comme des flèches vers le ciel.
  31. Voy. page 109, col. 2, note 3.
  32. Voy. page 241, col. 1, note 1.
  33. Voy. page 242, col. 1, note 3.
  34. J’ai distingué deux légendes, que le poëte confondait peut-être dans cette strophe, celle d’Étasa et celle de Coutsa. Voy. page 239, col. 2, note 1, et page 241, col. 1, note 1.
  35. C’est-à-dire Vritra. Voy. page 43, col. 2, note 2.
  36. Indra par son apparition au ciel a mis fin à l’existence de l’Aurore.
  37. Rivière du Pendjab, aujourd’hui le Beyah ; chez les anciens l’Hyphase, et Bibase.
  38. Ce mot rappelle la Vitastâ, qui est le Jhelum, anciennement l’Hydaspes. Le commentaire, qui regarde ce mot comme un adjectif, ne se rend pas compte de la raison qui fait que cet adjectif est au féminin. Le féminin est ordinairement le genre des noms propres de rivières. Le mot Vitasthânâ a pour appositif le mot Sindhou, qui peut être aussi un nom propre, mais que je regarde ici comme un nom commun. Cependant, le texte portant Vitasthânâm, il pourrait se faire que ce mot fût un génitif pluriel, et je serais obligé alors de traduire ainsi : le fleuve des Vitasthas, ce qui me semblerait rentrer dans mon sens. Remarquez toutefois que l’on écrit le nom de la rivière Vitastâ et non Vitasthâ.
  39. Asoura. Voy. page 174, col. 1, note 1.
  40. Voy. page 243, col. 1, note 2. Ce personnage de Parâvrikta ne serait-il pas le même que celui qui est appelé Parâvridj, pages 109, 173 et 174, aveugle et boiteux ? Parâvridj n’est-il pas bien l’emblème de l’onde enfermée dans le noir nuage ?
  41. Voy. pages 76, 107 et 156. Ces deux princes, maudits par leur père Yayâti, ne pouvaient se faire sacrer. Indra leur donna les moyens de passer la Sarayou (aujourd’hui le Sarjou) et d’arriver à temps.
  42. Noms de deux rois.
  43. Ce Divodâsa est bien connu, et ces villes dont il est ici question sont les nuages. Voy. page 110, col. 1, note 9. Ce passage doit servir sans doute à expliquer celui qui est plus haut, hymne VIII.
  44. Voy. pages 111, 173 et 174.
  45. Ce mot, que le commentaire donne comme un nom féminin, et qu’un texte écrit Couroûlati, doit être une épithète appliquée probablement à l’un des Adityas. Cette épithète est expliquée par le synonyme Critadatta ou critamdatta (facti dator, qui agit et qui donne).
  46. Nous traduisons Satchîpali par époux de Satchî, croyant bien que le lecteur se rend compte de cette épithète, et qu’il l’explique, ainsi que le commentaire, par cette idée, gardien de l’œuvre sainte, carmânâm pâlaca.