Rig Véda ou Livre des hymnes/Section 1/Lecture 8

Traduction par Alexandre Langlois.
Bibliothèque Internationale Universelle (p. 111-120).

LECTURE HUITIÈME

HYMNE I.

À l’Aurore, par Coutsa.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. La plus douce des lumières se lève ; elle vient de ses rayons colorer partout la nature. Fille du Jour[1], la Nuit a préparé le sein de l’Aurore, qui doit être le berceau du Soleil.

2. Belle de l’éclat de son nourrisson[2], la blanche Aurore s’avance ; la noire déesse a disposé son trône. Toutes deux alliées au Soleil, (l’une comme sa fille, l’autre comme sa mère), toutes deux immortelles, se suivant l’une l’autre, elles parcourent le ciel, l’une à l’autre s’effaçant tour à tour leurs couleurs.

3. Ce sont deux sœurs qui poursuivent sans fin la même route ; elles y apparaissent tour à tour, dirigées par le divin (Soleil). Sans se heurter jamais, sans s’arrêter, couvertes d’une douce rosée, la Nuit et l’Aurore sont unies de pensée et divisées de couleurs.

4. Ramenant la parole et la prière[3], l’Aurore répand ses teintes brillantes ; elle ouvre pour nous les portes (du jour). Elle illumine le monde, et nous découvre les richesses (de la nature) ; elle visite tous les êtres.

5. Le monde était courbé par le sommeil ; tu annonces que le temps est venu de marcher, de jouir de la vie, de songer aux sacrifices, d’augmenter sa fortune. L’obscurité régnait. L’Aurore éclaire au loin l’horizon, et visite tous les êtres.

6. Richesse, abondance, honneur, sacrifices, voilà des biens vers lesquels tout ce qui respire va marcher à la lumière de tes rayons ; l’Aurore va visiter tous les êtres.

7. Fille du ciel, tu apparais, jeune, couverte d’un voile brillant, reine de tous les trésors terrestres ; Aurore, brille aujourd’hui fortunée pour nous.

8. Suivant les pas des Aurores passées, tu es l’aînée des Aurores futures, des Aurores éternelles. Viens ranimer tout ce qui est vivant, Aurore ! viens vivifier ce qui est mort !

9. Aurore, c’est toi qui allumes le feu du sacrifice, toi qui révèles (au monde) la lumière du soleil, toi qui éveilles les hommes pour l’œuvre sainte. Telle est la noble fonction que tu exerces parmi les dieux.

10. Depuis combien de temps l’Aurore vient-elle nous visiter ? Celle qui arrive aujourd’hui imite les anciennes qui nous ont lui déjà, comme elle sera imitée de celles qui nous luiront encore ; elle vient, à la suite des autres, briller pour notre bonheur.

11. Ils sont morts, les humains qui voyaient l’éclat de l’antique Aurore ; nous aurons leur sort, nous qui voyons celle d’aujourd’hui ; ils mourront aussi, ceux qui verront les Aurores futures.

12. Toi qui repousses nos ennemis, qui favorises les sacrifices, née au moment même du sacrifice[4]; loi qui inspires l’hymne et encourages la prière ; toi qui amènes les heureux augures et les rites agréables aux dieux, bonne Aurore, sois-nous aujourd’hui favorable.

13. Dans les temps passés l’Aurore a brillé avec éclat ; de même aujourd’hui elle éclaire richement le monde ; de même dans l’avenir elle resplendira. Elle ne connaît pas la vieillesse, elle est immortelle ; elle s’avance, ornée sans cesse de nouvelles beautés.

14. De ses clartés elle remplit les régions célestes ; déesse lumineuse, elle repousse la noire déesse. Sur son char magnifique traîné par des coursiers rougeâtres, l’Aurore vient, éveillant (la nature).

15. Elle apporte les biens nécessaires à la vie de l’homme, elle déploie un étendard brillant ; elle nous appelle, pareille aux Aurores qui l’ont toujours précédée, pareille aux Aurores qui la suivront toujours.

16. Levez-vous ; l’esprit vital est venu pour nous. L’obscurité s’éloigne, la lumière s’avance ; elle prépare au soleil la voie qu’il doit parcourir. Nous allons reprendre les travaux qui soutiennent la vie.

17. Le ministre du sacrifice élève la voix pour célébrer en vers les lumières de l’Aurore. Loin des yeux de celui qui te loue, repousse l’obscurité ; Aurore, bénis, en les éclairant de tes rayons, le père de famille et ses enfants.

18. Le mortel qui t’honore voit briller pour lui des Aurores qui multiplient ses vaches et lui donnent des enfants vigoureux. Puisse celui qui t’offre ces libations accompagnées de la prière (qui résonne) comme un vent (favorable), puisse-t-il obtenir des Aurores fécondes en beaux coursiers !

19. Mère des dieux[5], œil de la terre[6], messagère du sacrifice, noble Aurore, brille pour nous ; approuve nos vœux, et répands sur nous ta lumière. Toi qui fais la joie de tous, rends-nous fameux parmi les nôtres.

20. Les biens divers qu’apportent les Aurores sont le partage de celui qui les honore et qui les chante. Qu’ils nous protègent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel.


HYMNE II.

À Roudra, par Coutsa.

(Mètres : Djagatî et Trichtoubh.)

1. Nous adressons l’offrande de ces prières au puissant Roudra[7], qui est le refuge des hommes ; (à Roudra), qui est distingué par sa chevelure[8]. Bien portant soit en ce canton tout (être aimé), bipède ou quadrupède ! Que tout ce qui vit y soit exempt de mal !

2. Sois bon pour nous, ô Roudra, et fais notre félicité ! Nous t’honorons, nous te bénissons, toi qui es le refuge des hommes. Et cette part de bonheur que Manou, notre père, nous a assurée par ses sacrifices, ô Roudra, que nous l’obtenions par toi !

3. Par la vertu du divin sacrifice, que nous obtenions ta faveur, ô Roudra, toi qui es le refuge des hommes, et qui donnes la pluie. Viens vers notre peuple pour faire son bonheur : puissions-nous, sains et bien portants, t’offrir notre holocauste !

4. Nous appelons à notre secours le sage et brillant Roudra, ce (dieu) à la marche oblique[9], qui consomme le sacrifice. Qu’il écarte loin de nous la colère du ciel ! C’est sa faveur que nous souhaitons.

5. Nous invoquons, en l’honorant, le sanglier[10] céleste, aux formes rougeâtres, ce (dieu) éblouissant, distingué par sa chevelure. Sa main nous présente de précieux spécifiques. Qu’il nous donne nourriture, vêtement et maison !

6. En l’honneur du père[11] des Marouts, et pour augmenter la gloire de Roudra, nous chantons cet hymne, que rien n’égale en douceur. (Dieu) immortel, accorde-nous la nourriture des mortels. Sois bon pour moi, pour mon fils et mon petit-fils.

7. Épargne parmi nous le vieillard et l’enfant, le père et le fils. Épargne celui et celle qui nous ont donné le jour ; ô Roudra, abstiens-toi de frapper les personnes qui nous sont chères !

8. Ô Roudra, grâce pour nos fils et nos petits-fils ! grâce pour nos gens, pour nos vaches et nos chevaux ! Dans ta colère, ne frappe pas nos guerriers. Nous t’invoquons sans cesse, et t’offrons l’holocauste.

9. Comme le pasteur (soumis devant son maître) je t’honore et t’adresse mes hommages. Père des Marouts, accorde-moi le bonheur. Ta faveur est le bien le plus admirable ; voilà pourquoi nous implorons ta protection.

10. Ô toi, qui es le refuge des hommes, éloigne de nous ta (colère), qui tue les vaches et les hommes ! Que ta bénédiction soit avec nous ! Ô dieu, sois notre bienfaiteur et notre patron ! conserve-nous, toi qui règnes sur un double domaine[12] !

11. C’est à Roudra que nous adressons cet hymne, en implorant son secours. Que ce (dieu) accompagné des Marouts, écoute notre prière ! Qu’ils nous protègent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !


HYMNE III.

Au Soleil, par Coutsa.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Le magnifique flambeau des dieux, l’œil de Mitra, de Varouna et d’Agni, le Soleil, âme de tout ce qui existe, a rempli le ciel, la terre et l’air.

2. Comme l’époux suit sa (jeune) épouse, le Soleil suit aussi la divine et brillante Aurore, à l’heure où les prêtres, attendant pour honorer les dieux les moments favorables, adressent à leur digne (protecteur) un hommage digne de lui.

3. Les chevaux du Soleil, nobles, rapides, brillants, s’élancent dans leur route, dignes, comme lui, de nos hommages. Baissant la tête sous le joug, ils s’attachent à la voûte céleste, et s’empressent de commencer leur révolution entre la terre et le ciel.

4. Et telle est la fonction divine, la fonction sublime du Soleil. À la moitié de sa course circulaire, il retire en lui-même ses rayons ; et quand il dételle les chevaux de son char, la nuit couvre l’univers de son voile.

5. Ainsi, pour nous faire jouir de la vue de Mitra et de Varouna, le Soleil manifeste sa forme à la face du ciel. Sans relâche, ses coursiers nous ramènent sa figure, tantôt brillante, tantôt noire.

6. Divins rayons du Soleil levant, délivrez-nous de toute faute honteuse. Qu’ils nous protègent également, Mitra, Varouna, Aditi, la Mer, la Terre et le Ciel !


HYMNE IV.

Aux Aswins, par Cakchivan.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Je prépare comme un lit[13] d’honneur aux (dieux) véridiques. Je produis le chant (sacré), de même que le vent produit (l’onde) du nuage. Ce sont les Aswins qui, sur un char et à travers les armées (ennemies), amenèrent une épouse au jeune Vimada[14].

2. Vous marchez avec fermeté, avec vitesse, appelés par les dieux ; (divinités) véridiques, l’âne (attelé à votre char), dans vos combats qui enrichissent Yama[15], terrasse des milliers d’ennemis.

3. Ô Aswins, Tougra[16], tel que l’homme qui va mourir et qui se défait de son trésor, avait confié à la mer (son fils) Bhoudjyou. Vous avez sauvé ce Bhoudjyou sur votre propre vaisseau, (sur un vaisseau) aérien qui s’élève au-dessus des eaux.

4. (Dieux véridiques), au bout de trois jours et de trois nuits vous avez, sur votre triple char[17], ailé, rapide, porté sur cent roues et attelé de six coursiers, ramené Bhoudjyou, de l’élément humide, sur le rivage de la terre ferme.

5. Telle fut votre prouesse sur la mer immense, incertaine, insaisissable ; et vous avez, ô Aswins, déposé dans son palais Bhoudjyou, monté sur votre navire aux cent gouvernails.

6. Ô Aswins, le cheval blanc que vous avez une fois donné au cavalier (que vous chérissez), est pour lui une continuelle bénédiction. Ce fut là, de votre part, un don merveilleux et mémorable. Nous devons souhaiter pour nous le coursier de votre serviteur Pédou[18].

7. Ô maîtres, l’enfant de Padjra[19], Cakchîvân, chanta vos louanges, et obtint de vous la sagesse. Vous avez du sabot d’un étalon, comme d’un filtre, tiré des centaines de vases[20] de liqueur.

8. Vous avez par (une onde) fraîche éteint l’incendie (qui dévorait Atri)[21]; vous avez donné à ce Richi une nourriture qui a relevé ses forces. Aswins, il était renfermé dans une horrible (prison) ; vous l’en avez retiré, et vous l’avez comblé d’un bonheur qui charme tous les sens.

9. (Dieux) véridiques, vous avez de ses fondements soulevé un puits, et, lui donnant un escalier facile, vous avez satisfait la soif de Gotama : vous avez ouvert pour lui comme une source abondante de félicité[22].

10. (Dieux) véridiques et secourables, Tchyavâna était vieux : vous l’avez dépouillé de son corps comme d’une (ancienne) cuirasse. Vous l’avez rendu jeune ; il était sans famille, vous lui avez donné de jeunes épouses[23].

11. Maîtres véridiques, il est de vous un trait qui doit être célébré, exalté par nos louanges ; une action qui doit nous faire désirer votre protection. Sachant que Bandana (avait été jeté dans un puits), tel qu’un trésor que l’on a caché à la vue de tous, vous l’en avez retiré[24].

12. Ô Maîtres ! je veux aussi révéler (aux mortels qui désirent) la fortune, une de vos œuvres difficiles : (ma voix est) comme le tonnerre (qui annonce) la pluie. C’est à vous que Dadhyantch, fils d’Atharvan, a offert le miel de ses chants ; c’est par vous que sa tête de cheval a opéré des merveilles[25].

13. (Dieux) puissants et véridiques, (dieux) aux grands bras, Pourandhi[26] vous invoqua dans l’hymne du sacrifice. Comme (le disciple entend la voix) de son maître, vous avez entendu la prière de cette femme qui avait pour époux un eunuque : ô Aswins, vous lui avez donné (un fils), Hiranyahasta.

14. (Dieux) véridiques, un passereau courait le risque d’être dévoré par un loup : vous l’avez arraché de sa gueule[27]. (Dieux) aux grands bras, un Richi[28] a chanté vos louanges, et vous l’avez rendu à la lumière.

15. Tel que l’aile d’un oiseau, le pied de l’épouse de Khéla avait été cassé dans un combat. Aussitôt vous avez donné à Vispalâ une jambe de fer, qui devait la porter dans la bataille suivante[29].

16. Ridjrâswa mettait en pièces cent béliers, (pour les offrir) à une louve ; son père le rendit aveugle. Vous lui avez restitué la vue, (dieux) véridiques et secourables, (dieux) médecins[30].

17. La fille du Soleil[31], portée au but par la vitesse de votre cheval, monta triomphante sur votre char, et les cœurs de tous les dieux l’y suivirent. (Déités) véridiques, soyez entourées de ses trésors lumineux !

18. Ô Aswins, lorsque, invoqués par le Bharadwâdja Divodâsa[32], vous visitiez sa maison, votre char apportait la richesse et l’abondance à votre ami, (ce char) que traînaient un bœuf et un squale attelés ensemble[33].

19. (Dieux) véridiques, qui amenez avec vous la richesse, la puissance, la force, qui donnez de brillants enfans et de vaillants vassaux, vous êtes venus combler de vos dons la fille de Djahnou, qui trois fois par jour vous offrait votre part du sacrifice[34].

20. Djâhoucha[35] était de toute part environné d’ennemis : (dieux) véridiques et exempts de vieillesse, vous l’avez, pendant la nuit, enlevé par la voie de l’air qui était libre, et votre char a facilement franchi les montagnes (célestes).

21. Ô Aswins ! vous avez protégé Vasa[36], et lui avez accordé mille jouissances qui se renouvelaient chaque jour. Défenseurs généreux et redoutables, vous avez, avec Indra, détruit les ennemis de Prithousravas[37].

22. Le fils de Ritchatca, Sara[38], avait soif : vous avez pour lui soulevé l’eau du fond d’un puits. (Dieux) véridiques, pour Sayou[39] fatigué, vous avez rempli la mamelle d’une vache stérile.

23. (Dieux) véridiques, le juste Viswaca, fils de Crichna, implora votre secours et célébra vos louanges. Grâce à vous, il a revu son fils, Vischnâpwa, comme (un pasteur revoit) sa brebis perdue[40].

24. Rébha[41] enchaîné, blessé, avait été jeté dans l’eau. Pendant dix nuits et neuf jours il souffrit cruellement au milieu des flots, d’où vous l’avez retiré, comme avec la cuiller du sacrifice on puise le soma.

25. Ô Aswins ! j’ai chanté vos hauts faits. Que mes désirs soient comblés ! Faites de moi un maître riche en vaches, puissant en vassaux ! Que je jouisse longtemps de la lumière, et que j’arrive à la vieillesse, comme (le soleil) à son couchant.


HYMNE V.

Aux Aswins, par Cakchivan.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Ô Aswins, l’antique sacrificateur[42] vous honore, et vous invite à vous enivrer de nos douces libations. Le lit de cousa est préparé pour vous ; les chants sont prêts. (Dieux) véridiques, venez goûter nos mets et nous apporter vos dons !

2. Puissants Aswins, sur ce char, merveilleusement attelé, plus rapide que la pensée, qui vous amène vers les hommes et qui vous conduit à la demeure du mortel religieux, venez vers notre maison !

3. Le pieux Atri, quand il était de ce monde[43], fut jeté dans une horrible prison : ô maîtres généreux, vous l’avez délivré avec sa famille, brisant les prestiges magiques de son cruel ennemi, triomphant (de ses ruses)[44].

4. Comme un coursier (tombé dans un abîme), le pieux Rébha[45] avait été, par ses ennemis, précipité dans les flots. Maîtres généreux, vous l’avez secouru et retiré tout meurtri. La mémoire de vos antiques prouesses ne périt pas.

5. Tel que (l’homme) endormi dans le sein de Nirriti[46] tel que le soleil enseveli dans l’obscurité, tel que l’or fait pour briller et enfoui dans la terre, tel était Bandana[47]. Ô secourables Aswins, vous l’avez relevé dans sa chute !

6. Maîtres véridiques, au nombre des bienfaits que vous semez sur votre route, il en est un qui doit être célébré par Cakchîvân[48], l’enfant de Padjra. Vous avez, pour un mortel, tiré du sabot d’un cheval des centaines de vases de liqueur[49].

7. Puissants Aswins, vous avez rendu au fils de Crichna, à Viswaca, Vichnâpwa (qu’il avait perdu)[50]. Ghochâ avait vieilli dans la maison de son père ; vous lui avez donné un époux[51].

8. Par vous, Syâva[52] a obtenu la brillante Rousatî, et Canwa[53] la lumière. Ô généreux Aswins, votre gloire, c’est d’avoir rendu l’usage de l’ouïe au fils de Nrichada[54].

9. Ô Aswins, répandant vos bienfaits sous toutes les formes, vous avez amené à Pédou[55] un cheval léger et invincible, (cheval) glorieux, auteur de mille biens, qui terrasse l’ennemi et sauve (son maître).

10. Bienfaisants Aswins, vos actions méritent d’être célébrées, et l’hymne de la louange retentit au ciel et sur la terre. À la voix des enfants de Padjra[56], venez, avec vos dons, vers le sage qui vous présente son offrande.

11. Véridiques Aswins (dieux) protecteurs, touchés de la prière de son fils, vous avez nourri le sage (Bharadwâdja)[57]. Célébrés par la voix d’Agastya, vous avez relevé Vispalâ[58].

12. Quel est encore le lieu, ô fils du Ciel, (divinités) généreuses, protectrices de Sayou[59], (quel est le lieu) où, arrivant à la voix du fils de Cavi[60], vous avez, ô Aswins, au bout de dix jours, retiré (Rébha englouti dans les flots), comme un vase plein d’or enfoui dans la terre[61] ?

13. Véridiques Aswins, vous avez, par votre puissance, rendu la jeunesse au vieux Tchyavâna[62]. La fille du Soleil a environné votre char de ses trésors de lumière[63].

14. (Dieux) toujours jeunes, Tougra a dû renouveler pour vous les louanges des anciens hymnes ; car vous aviez, des flots de la mer, recueilli sur vos coursiers ailés et rapides (son fils) Bhoudjyou[64].

15. Généreux Aswins, le fils de Tougra vous invoqua ; élevé au-dessus de l’Océan, il le traversa sain et sauf. Sur votre char merveilleux, aussi prompt que la pensée, vous l’avez transporté heureusement.

16. Ô Aswins, le passereau vous a invoqués : vous l’avez délivré de la gueule du loup. Sur votre (char), vous avez gravi le haut de la montagne (céleste) ; et (l’être) qui remplit tout a vu son fils expirer sous l’influence d’un fluide mortel[65].

17. Ridjrâswa immolait cent béliers à une louve ; son père impitoyable lui avait ôté la lumière. Ô Aswins, vous avez rendu les yeux à Ridjrâswa. Oui, par vous un aveugle a recouvré la vue[66].

18. « Ô Aswins, maîtres généreux, » s’était écriée cette louve, implorant votre appui pour un aveugle ; « Ridjrâswa m’a immolé cent et un béliers : il est pour moi comme un jeune amant. »

19. Adorables Aswins, votre protection est grande et salutaire ; vous avez relevé (l’homme) fatigué. Pourandhi[67] vous a appelés ; (vous l’avez entendue, dieux) généreux, et vous êtes venus à son secours.

20. Secourables Aswins, en faveur de Sayou[68] vous avez rempli les mamelles d’une vache maigre et stérile. Vous avez, par votre puissance, amené à Vimada sa jeune épouse, fille de Pouroumitra[69].

21. Secourables Aswins, c’est vous qui, avec la charrue, avez semé l’orge ; vous qui avez tiré (de la terre) la nourriture de l’homme ; c’est vous qui, frappant de la foudre le Dasyou, avez fait briller la lumière pour l’Arya.

22. Ô Aswins ! c’est à vous que Dadhyantch, fils d’Atharvan, dut sa tête de cheval. Le doux savoir, aimé de Twachtri, ce pieux Richi l’employa pour vous, et vos louanges sont devenues comme les guides du sacrifice[70].

23. Sages et véridiques Aswins ! j’implore sans cesse votre faveur ; exaucez toutes mes prières ; accordez-nous de grandes richesses, des enfants et de la gloire.

24. Puissants, bienfaisants Aswins, vous avez donné à l’épouse d’un eunuque un fils (nommé) Hiranyahasta[71]. Ô Aswins, Syâva, trois fois déchiré, a été par vous rappelé à la vie[72].

25. Voilà, ô généreux Aswins, vos anciennes prouesses, que les mortels ont célébrées. Nous aussi nous chantons vos louanges : pour prix de nos sacrifices, donnez-nous la force et la domination !


HYMNE VI.

Aux Aswins, par Cakchivan.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Généreux Aswins, que votre char vienne ici amené sur l’aile de l’épervier (poétique)[73], (ce char) rempli de richesses et de plaisirs, plus rapide que la pensée de l’homme, orné de trois siéges, aussi prompt que le vent.

2. Sur ce char à trois roues, à trois siéges, rapide et roulant dans les trois mondes[74], venez, ô Aswins, engraissez nos vaches, nourrissez nos chevaux, augmentez notre vaillante race !

3. Secourables Aswins, venez, sur votre char rapide et impétueux, écouter l’hymne du poëte. Les anciens sages n’ont-ils pas célébré votre empressement à soulager la misère des (mortels) ?

4. Véridiques Aswins, qu’ils vous amènent ici, ces éperviers (poétiques)[75], légers et rapides, attelés à votre char, lesquels, pareils à des vautours aériens et impétueux comme les flots, vous conduisent vers le sacrifice !

5. Ô maîtres, la jeune et aimable fille du Soleil[76] vient de monter sur votre char. Que dans leur course circulaire vos chevaux ailés, superbes, rapides, brillants, vous amènent près (de nous) !

6. Généreux protecteurs, par votre puissance vous avez sauvé Bandana[77], délivré Rebha[78], transporté à travers l’Océan le fils de Tougra[79], rendu Tchyavâna[80] à la jeunesse.

7. Atri se trouvait au milieu du feu : ô Aswins, vous lui avez donné soulagement et nourriture[81]. Touchés de sa prière, vous avez rendu le jour à Canwa, plongé dans les ténèbres[82].

8. Le vieux Sayou[83] vous implora ; ô Aswins, vous avez pour lui rempli la mamelle d’une vache. Vous avez délivré du danger un passereau[84], et rendu une jambe à Vispalâ[85].

9. Ô Aswins, vous avez donné à Pédou un cheval blanc, vigoureux, terrible, aimé d’Indra, redoutable en ses hennissements, frappant, immolant son ennemi, auteur étonnant de mille biens[86].

10. Puissants Aswins, ô vous dont la naissance est si fortunée, nous vous appelons à notre secours ; nous vous prions. Venez vers nous, pour notre bonheur, avec votre char chargé de richesses, et daignez accueillir nos chants.

11. (Dieux) véridiques, poussés par l’énergie nouvelle de l’épervier (poétique)[87], venez vers nous. Heureux de votre bonheur, ô Aswins, je vous appelle, en vous offrant l’holocauste au lever de l’éternelle Aurore !


HYMNE VII.

Aux Aswins, par Cakchivan.

(Mètre : Djagatî.)

1. Pour obtenir les biens de la vie, j’appelle votre char merveilleux et rapide comme la pensée, (ce char) attelé de coursiers légers, digne de nos honneurs, orné de mille bannières, portant la pluie et d’abondants trésors, chargé d’opulence et de richesses.

2. À l’arrivée de ce char, la Prière s’élève, et fait résonner l’hymne (sacré). De tout côté les Invocations arrivent. Je vous invite à notre holocauste, et nos compagnons se joignent à nous (pour vous honorer). Ô Aswins, Oûrdjânî[88] vient de monter sur votre char.

3. Lorsque d’innombrables guerriers, jaloux des biens que procure la victoire, se rassemblent sur le champ de bataille, alors, sur la voûte inclinée du ciel, on aperçoit votre char qui s’approche du maître que vous favorisez.

4. C’est vous qui, sur vos chevaux ailés, avez rapporté Bhoudjyou[89] submergé ; c’est vous qui l’avez ramené à ses parents au sein de leur demeure lointaine. (Dieux) protecteurs, c’est vous qui avez généreusement secouru Divodâsa[90].

5. Pour soutenir votre gloire, vos nobles (coursiers) ont transporté votre char au but (assigné par les dieux) ; et la beauté, qui était le prix du combat, venant à vous comme à des amis, vous accepta pour époux[91].

6. Vous avez délivré Rébha[92] des ennemis qui l’entouraient, Atri[93] des feux qui l’environnaient, et que vous avez éteints par une onde fraîche. Vous avez, pour secourir Sayou[94], rempli la mamelle d’une vache. Vous avez donné de longs jours à Bandana[95].

7. Bandana était accablé par l’âge : 6 (dieux) secourables et puissants, vous l’avez restauré, comme un (vieux) char. Pour prix de ses hymnes, du sein qu’il a fécondé vous avez fait naître un saint homme. À celui qui vous honore accordez aujourd’hui votre secours.

8. Un fils était loin de son père, et tristement abandonné[96]. Il vous a invoqués ; vous êtes accourus, et par d’heureux secours vous avez exaucé les vœux qu’il vous adressait en sa détresse.

9. L’abeille a recouvré par vous son miel agréable. Le fils d’Ousidj[97] compose en votre honneur de doux chants, et vous invoque en vous enivrant de soma. Vous avez écouté la prière de Dadhyantch, et la tête de cheval vous a célébrés[98].

10. Ô Aswins, vous avez donné à Pédou[99] un (coursier) blanc, objet de mille désirs pour les guerriers ; (coursier) brillant et sauveur, invincible dans les combats, distingué dans toutes ses œuvres, et terrassant ses ennemis avec la force d’Indra.


HYMNE VIII.

Aux Aswins, par Cakchivan.

(Mètres : Gayâtrî, Ouchnih, et Vrihatî.)

1. Ô Aswins, quel hommage est digne de vous ? quel (mortel est capable) de vous plaire ? Comment vous honorera-t-il, l’homme faible et ignorant (de sa nature) ?

2. Oui, l’homme est ignorant, et vous êtes sages. Tout autre que vous est insensé. Mais que l’homme s’adresse pieusement à vous ; aussitôt, pour un simple mortel, vous exercez votre puissance invincible.

3. Vous êtes sages, et nous vous invoquons ; vous êtes sages, inspirez notre prière en ce jour. Un serviteur dévoué vous honore et vous sacrifie.

4. Je ne m’adresse pas à des dieux impuissants ; (nous attendons), généreux (Aswins), le prix de nos invocations et de nos sacrifices. Conservez-nous forts et vigoureux.

5. Qu’il vous plaise, cet hymne qui retentit avec éclat dans la bouche de celui qui voudrait imiter Bhrigou[100], (cet hymne) que le fils de Padjra[101] vous adresse (aujourd’hui) ! Qu’il vous plaise aussi le sage qui joint (à sa prière) l’offrande sacrée !

6. Écoutez l’hymne que chantait en votre honneur (un homme) errant dans les ténèbres[102], (hymne) que j’ai répété en recouvrant la vue par votre protection, ô Aswins, auteurs de tout bien !

7. C’est vous qui donnez, comme c’est vous qui ôtez la puissance. Vous êtes notre refuge ; soyez nos gardiens, et délivrez-nous des brigands sans conscience.

8. Ne nous livrez pas à notre ennemi. Ne souffrez pas que nos vaches nourricières, éloignées de leurs veaux, soient chassées de nos demeures.

9. Que vos amis vous trouvent favorables à leurs vœux ! Que nous obtenions de vous abondance de nourriture, abondance de vaches !

10. Voilà le char des Aswins riches et bienfaisants. (Ce char) est sans chevaux[103], et j’espère qu’il me procurera l’abondance.

11. (Char divin), chargé de richesses, signale pour nous ton pouvoir !… (Le voyez-vous) ? ce char fortuné avance du côté de ceux qui ont préparé le soma.

12. Il est deux choses qui passent vite : le sommeil et les mauvais riches. Dans ce moment, je ne connais ni l’une ni l’autre de ces deux choses.


HYMNE IX.

À Indra, par Cakchivan.

(Mètre : Trichtoubh.)

1. Quand donc (le dieu) qui protège les hommes et qui donne la richesse voudra-t-il écouter la voix des pieux Angiras ? Lorsqu’il sort de son palais, (ce roi) digne de nos sacrifices, pour visiter le peuple qui l’honore, son pouvoir se manifeste au loin.

2. Ce maître puissant, voulant pourvoir à notre nourriture, amène ce riche troupeau de vaches (divines) ; le ciel en est assiégié. Le souverain (des dieux) contemple ces ténèbres qu’il a fait naître ; et l’épouse du coursier devient la mère de la vache[104].

3. Qu’il vienne (écouter) notre antique invocation, celui qui donne aux Aurores leur lumière, celui qui chaque jour est le bienfaiteur des Angiras ses serviteurs. Il s’est fait une arme dont les coups foudroyants sont rapides ; pour les quadrupèdes utiles à l’homme, pour l’homme lui-même, il a couvert le ciel (de nuages).

4. Enivré de la douceur du soma, c’est toi qui, pour le sacrifice, as jadis rendu (aux Angiras) ce fameux troupeau de vaches qui leur avait été enlevé[105]. Car toutes les fois que (le dieu) aux trois têtes[106] apparaît dans le combat, il brise les portes de l’ennemi des enfants de Manou.

5. (Oui, rien ne te résiste, ô dieu) merveilleusement rapide, quand le père et la mère de famille[107], soutiens (du sacrifice), t’ont présenté le lait (des libations) et le trésor fécond des offrandes ; quand (les prêtres) ont fait couler en ton honneur la brillante liqueur, et le breuvage que donne la vache nourricière.

6. (Le dieu) vainqueur vient d’apparaître : qu’il excite nos transports de joie. Il brille, tel que le soleil qui suit l’aurore. Qu’offert par nous sans réserve, et accompagné de nos chants, le soma jaillisse de la cuiller sacrée jusque sur le foyer.

7. Quand Agni s’enflamme au bûcher du sacrifice, alors que le Soleil s’occupe à garnir les plaines célestes de vaches (merveilleuses)[108], toi, cependant, tu brilles d’un éclat serein pour les travaux de l’homme qui pousse son char, ou qui conduit ses troupeaux, ou qui voyage avec célérité.

8. Habitant des vastes régions de l’air, arrête ici tes chevaux ; combats l’ennemi qui convoite nos richesses, animé par cette boisson agréable, légère, fortifiante, que nos mortiers expriment pour ton bonheur.

9. C’est toi, ô (Indra) digne de tant d’hommages, qui as lancé contre le nuage le trait de fer que t’avait du ciel apporté Ribhou, quand, en faveur de Coutsa[109], tu frappais Souchna de coups innombrables.

10. (Ô dieu) armé de la foudre, quand le soleil, au départ de la nuit, perçait le nuage qui le pressait, et cherchait à se débarrasser des chaînes dont Souchna avait tout couvert les airs,

11. Alors, en te voyant à l’œuvre, ô Indra, le ciel et la terre, vastes, forts, inébranlables, se livraient à la joie. De ta foudre puissante tu terrassais Vritra, qui se cachait au sein des ondes et se nourrissait de la substance des nuages.

12. Ô Indra, toi qui es l’ami des hommes, dirige vers nous ces coursiers vigoureux et rapides comme le vent, que tu conserves pour atteler à ton char. (Prends) ta foudre, que le fils de Gavi, Ousanas[110], t’a donnée ; arme qui fait notre joie, et qu’il a aiguisée pour être fatale à Vritra et te donner la victoire.

13. Ô Indra, arrête ici un instant tes brillants coursiers, de même que le fameux Étasa retint le char du soleil[111]. Rejetant les impies (Asouras) au delà des quatre-vingt-dix fleuves[112], détruis leurs œuvres.

14. Ô Indra, (dieu) foudroyant, sauve-nous de la triste pauvreté, de la défaite dans la bataille ! Nous demandons l’abondance, la gloire, l’honneur des sacrifices ; donne-nous de l’opulence, des chars, des chevaux.

15. Que ta protection ne nous abandonne pas, (dieu) de la puissance et de la richesse ! accorde-nous l’abondance ! Ô Maghavan, multiplie nos vaches ! Pères de famille dévoués à ta grandeur, puissions-nous jouir d’un bonheur constant !



  1. La nuit, qui vient après le Jour, en est considérée comme la fille. Le jour, c’est le soleil, Savitri.
  2. L’aurore, précédant le soleil, est regardée ici comme sa mère ou sa nourrice.
  3. Le silence de la nuit cesse avec l’aurore, et la prière du sacrifice commence.
  4. On pourrait dire, la fille du sacrifice.
  5. Elle est la mère des dieux, dans ce sens qu’avec elle tous les dieux recommencent à agir, chacun dans le domaine qui lui est propre. Elle semble, chaque jour, les enfanter de nouveau.
  6. Le texte porte le mot Aditi ; c’est le nom sous lequel est personnifiée toute la nature.
  7. Roudra est le personnage mythologique qui, plus tard, a été mieux connu sous le nom euphémique de Siva ; car le mot Roudra, dont le commentateur donne au moins dix explications, implique l’idée de pleurs et de cris. De même qu’Indra représente l’élément âcâsa ou éther, Roudra est la personnification de l’air, souffle de vie et de mort pour les êtres animés, et souvent agité par les vents. Voilà pourquoi Roudra est regardé comme leur père et leur chef.
  8. Cette épithète capardin est devenue un des noms de Siva. Roudra l’avait reçue des poëtes, qui voulaient ainsi dépeindre l’état de l’air couvert de nuages légers, qui semblent lui former une espèce de chevelure.
  9. Cette idée est employée pour tous les êtres qui ont une marche circulaire et périodique. Roudra, autrement dit l’air, semble suivre la même marche que le ciel et le soleil.
  10. Ce mot rappelle le nom d’un des avatares de Vichnou. Roudra est ainsi nommé à cause de la violence des vents, ou de la couleur noire des nuages.
  11. C’est-à-dire Roudra, en tant qu’il est le dieu de l’air ; car c’est plus tard que fut inventé le conte pouranique de la naissance des vents au sein de Diti. Coupés en quarante-huit parties par la foudre d’Indra, ils criaient. Siva (c’est le même que Roudra) et sa femme les entendirent : celle-ci souhaita d’avoir une semblable progéniture, et les Marouts devinrent fils de Siva et de Parvatî, c’est-à-dire de l’air et de la terre.
  12. Traduction du mot dwibarhâh. Voy. page 85, col. 2, note 1.
  13. Le lit composé de cousa.
  14. Voy. p. 73, c. 1, note 3; et p. 110, c. 2, note 6.
  15. Dieu de la mort. Les Aswins, dans leurs révolutions journalières, voient s’éteindre les générations.
  16. Voy. p. 109, c. 2, note 3. Le Râdjarchi Tougra, poursuivi dans une île par ses ennemis, voulut leur enlever du moins une partie de leur proie ; il fit avec un corps de troupes embarquer son fils Bhoudjyou. Le vaisseau qui les portait périt dans des parages éloignés. La protection des Aswins fut utile au jeune Bhoudjyou, qui, suivant la légende, se sauva par la route de l’air avec ses compagnons, et, au bout de trois jours et trois nuits, fut rendu à son père. Mon opinion personnelle est que la plupart de ces légendes ne sont que des contes allégoriques. Je crois que Bhoudjyou doit être le soleil, peut-être le soleil pendant la nuit.
  17. Les Aswins sont portés tantôt sur un char, tantôt sur un vaisseau. Voy. p. 70, c. 2, note 1. Nous avons déjà expliqué (p. 62, c. 2, note 4) l’emploi du nombre trois, quand il est question des Aswins. Deux nombres nouveaux sont mentionnés ici : le nombre six, qui rappelle les six ritous ou saisons, et le nombre cent, pour lequel je n’ai aucune explication. C’est peut-être un nombre indéfini, exprimant une grande quantité. Ainsi Indra est le dieu aux cent prouesses (Satacratou) ; sa foudre a cent tranchants (Satadhâra). Vichnou, plus tard, a reçu les épithètes de Satadhâman, de Satânanda, de Satâvarttin. Ce dernier mot se rapproche de l’idée contenue dans ce passage où cent roues sont données au char des Aswins ; car Satâvarttin signifie qui a des centaines de révolutions. J’ose à peine dire que le nombre cent, répété trois fois, peut représenter les jours de l’année en nombre rond.
  18. Un favori des Aswins, Pédou, reçut d’eux un cheval blanc qui le rendit victorieux dans les combats.
  19. Voy. p. 73, c. 2, note 6. Les Padjras étaient des descendants d’Angiras. Il faut croire que le père de Cakchîvân était de cette famille. Il faut distinguer deux Cakchîvân : l’un, moderne, fils de Padjra ; l’autre, ancien, fils d’Ousidj. Voy. p. 50, c. 1, note 2. Cakchîvân aveugle pria les Aswins, et obtint la sagesse.
  20. Ces vases s’appellent coumbha. Le filtre, cârotara, est, suivant le commentaire, un panier d’osier revêtu de peau, où l’on verse la liqueur (sourâ).
  21. Voy. page 73, col. 1, note 2. Il me semble que la légende d’Atri représente la saison des pluies venant succéder à la saison des chaleurs. Les saisons sont au nombre de six, et quelquefois on n’en compte que trois, en les accouplant deux à deux. Les poëtes, comptant les jours de l’année en nombre rond, n’en admettent que trois cents, dont le tiers est cent pour deux saisons ; c’est le nombre des portes de cette maison de peine où les Asouras renferment Atri. Les six saisons sont : le Vâsanta et le Grêchma, le Vârchica et le Sârada, l’Hêmantica et le Sêsira, correspondant, les deux premières, aux mois védiques, Madhou, Mâdhava, Soucra et Soutchi ; les deux secondes, aux mois Nabhar, Nabhasya, Icha et Oûrdja ; et les deux dernières, aux mois Sahas, Sahasya, Tapas et Tapasya.
  22. Ce miracle est attribué aux Marouts, lecture vi, hymne 5, et plus bas hymne 8. Pour Gotama, voy. p. 79), col. 1, note 1 ; et page 93, col. 1, note 2.
  23. Tchyavâna est un Richi qui épousa la fille d’un prince nommé Sâryâta. Le passage présent donne à ce Richi plusieurs épouses. Peu importe ; car Tchyavâna ne me paraît pas un personnage historique. C’est le soleil tombant, le vieux soleil, rajeunissant pour épouser l’année suivante ou la journée du lendemain.
  24. Voy. p. 109, c. 1, note 5. Le Richi Bandana fut, dans une forêt déserte, jeté par les Asouras au fond d’un puits, et sauvé par les Aswins. C’est encore, je crois, une personnification de la libation.
  25. Voy. p. 90, c. 1, note 2 ; et p. 92, c. 1, note 1. Ce passage ne confirme-t-il pas l’explication que j’ai donnée de la légende de Dadhyantch ?
  26. Ce mot Pourandhi m’a paru être le nom propre d’une fille de Râdjarchi. Cette légende me semble encore allégorique : le mot Hiranyahasta signifie au bras ou au rayon d’or, épithète d’Agni ou du soleil.
  27. Voy. p. 105, c. 2, note 3 ; et p. 106, c. 1, note 2.
  28. C’est Cakchîvân, cité au vers 4 de l’hymne 18 de la VIIe lecture ; ou Parâvridj, cité au vers 8 du même hymne ; ou Canwa, comme nous le verrons au vers 8 de l’hymne suivant.
  29. Voyez la mention de ce fait, p. 109, c. 2, note 14.
  30. Ridjrâswa, déjà nommé (voy. p. 102, c. 1, note 2), est un Râdjarchi, fils de Vrichâgiri ; il immolait cent brebis pour les donner à une louve, qui n’était qu’une métamorphose de l’âne des Aswins. Son père le maudit et le priva de la vue, que les Aswins lui rendirent.
  31. La fille du Soleil ou du Jour (voy. lecture viii, hymne i, vers i), c’est la Nuit. Le commentateur raconte que la fille du Soleil, qu’il nomme Soûryâ, était destinée par lui à Soma. Les autres dieux la demandèrent aussi en mariage. Ils convinrent qu’elle serait le prix d’une course qui aurait pour but le soleil ; les Aswins furent les vainqueurs, et firent monter Soûryâ sur leur char. Le passage que nous expliquons a l’air d’indiquer que la fille même du Soleil, comme une autre Hippodamie, courut la chance du combat, et fut victorieuse avec l’aide du cheval des Aswins.
  32. Voy. p. 110, col. 1, note 9. J’ai pensé que le mot Bharadwâdja était patronymique. L’Agnipourâna et le Harivansa font descendre Divodâsa de Vitatha, fils de Bharadwâdja.
  33. Singulière association, qui désigne peut-être la richesse du roi de Câsi, provenant de l’agriculture et de la navigation.
  34. Djahnou est un ancien Râdjarchi de la race lunaire. Le nom de Djâhnavi, ou fille de Djahnou, est donné à la rivière du Gange.
  35. Nom de Richi. Cette légende doit être allégorique.
  36. Voy, page 109, col. 2, note 15.
  37. Prince, descendant d’Yadou, de la race lunaire.
  38. Noms de Richis.
  39. Voy. p. 110, col. 1, note 15. Je crois qu’il y a confusion entre le nom de Samyou et celui de Sayou. Voyez page 63, col. 1, note 4 ; et page 109, col. 1, note 2.
  40. Cette strophe renferme trois noms de Richis.
  41. Voy. p. 109, col. 1, note 5. Rébha fut jeté une fois dans un puits par les Asouras, et sauvé plus tard par les Aswins.
  42. C’est Agni, le dieu du feu.
  43. Traduction du mot pântchadjanya. Voy. page 45, col. 1, note 1.
  44. Voy. page 73, col. 1, note 2 ; page 114, col. 1, note 4.
  45. Voy. p. 109, c. 1, note 5 ; et p. 115, c. 2, note 2.
  46. Voy. p. 54, col. 2, note 4; et p. 66, col. 2, note 1.
  47. Voy. p. 109, c. 1, note 5 ; et p. 114, c. 2, note 1.
  48. Ce Cakchîvân, auteur de l’hymne, est plus moderne que le saint dont il a été question p. 50, c. 1, note 2, et p. 114, col. 1, note 2.
  49. Voir plus haut, hymne 4, vers 7.
  50. Ces trois noms propres se retrouvent plus haut, hymne 4, vers 23.
  51. Ghochâ était une sainte femme, fille du Richi Cakchîvân. Son père l’avait mariée ; mais comme elle était attaquée de la lèpre, elle fut laissée par son mari dans la maison paternelle. Les Aswins la guérirent, et elle retrouva son époux.
  52. Le Richi Syâva était lépreux ; il fut guéri, et il épousa une femme que j’ai cru pouvoir nommer Rousatî. Cette légende est allégorique. Voy. plus bas, vers 24.
  53. Voy. p. 48, col. 2, note 1 ; et p. 65, col. 2, note 2.
  54. Nom de prince.
  55. Voy. page 114, col. 1, note 1.
  56. Autrement des Angiras. Voyez page 59, col. 2, note 3.
  57. C’est le commentaire qui donne ici ce nom de Bharadwâdja. Voy. page 110, col. 1, note 7.
  58. Voy. p. 109, c. 2, note 14.
  59. Voy. page 115, col. 1, note 9.
  60. On donne le nom Câvya ou fils de Cavi à Ousanas, autrement Soucra. Voy. p. 73, col. 2, note 2. Je pense que le mot Câvya peut s’appliquer à différents descendants de Bhrigou.
  61. Voy. page 115, col. 2, note 2.
  62. Voy. page 114, col. 1, note 6.
  63. Voy. page 115, col. 1, note 1.
  64. Voy. p. 109, col. 2. note 3 ; et p. 113, col. 2, note 1.
  65. Nous savons déjà, par les remarques insérées aux notes p. 105, c. 2, n. 3, et p. 106, c. 1, n. 2, ce que nous devons penser de ce passereau et de ce loup. Voici l’explication que le commentaire donne de la présente strophe : Le passereau, c’est donc le crépuscule du matin, ou l’aurore ; le loup, ici, c’est le soleil. L’aurore va être dévorée par le soleil : elle demande le secours des Aswins, qui la prennent sur leur char, et l’emportent jusque sur le haut de la montagne céleste, c’est-à-dire du nuage ; cependant les lueurs nées du soleil s’éteignent au sein des vapeurs du matin. Emportée et sauvée par les Aswins, l’aurore reparaît le lendemain.
  66. Voy. p. 102, col. 1, note 2 ; p. 114, col. 2, note 7.
  67. Voy. p. 114, c. 2, note 3. Cependant ici ce mot (Pourandhi) peut signifier prière.
  68. Voy. p. 115, col. 1, note 9.
  69. Voy. page 73, col. 1, note 3.
  70. Ces derniers mots sont la traduction du mot apicakchyam. (Voy. p. 90, c. 1, note 2 ; p. 92, c. 1, note 1 ; et p. 114, c. 2, note 2.) Ce passage confirme encore l’explication que nous avons donnée de la légende de Dadhyantch. Il est clair que dans cette histoire il s’agit de chants et de sacrifices. Twachtri est un nom d’Agni qui devait être, avec les Aswins, l’objet des chants de Dadhyantch ; et les hymnes consacrés aux Aswins, placés en tête, étaient probablement une espèce d’introduction, de lien, de sous-ventrière, de rêne (apicâkchyam, sandhânabhoûtam), avec laquelle on amenait, on dirigeait le char du sacrifice.
  71. Voy. page 114, col. 2, note 3.
  72. Voy. page 116, col. 1, note 6.
  73. On peut traduire encore, rapide comme l’épervier. J’ai repris le sens expliqué page 89, col. 1, note 2, et page 98, col. 1, note 2.
  74. Voy. page 63, col. 2, note 2.
  75. Observation de la page 117, col. 1, note 7.
  76. Voy. page 113, col. 1, note 1.
  77. Voy. p. 109, c. 1, note 5 ; p. 114, c. 2, note 1.
  78. Voy. p. 109, col. 1, note 5 ; p. 113, col. 2, note 1.
  79. Voy. p. 109, col. 2, note 3 ; p. 113, col. 2, note 4.
  80. Voy. p. 114, col. 1, note 6.
  81. Voy. p. 73, col. 1, note 2.
  82. Voy. p. 48, col. 2, note 1 ; p. 63, col. 2, note 2.
  83. Voy. p. 110. col. 1, note 15 ; p. 115, col. 1, note 9.
  84. Voy. p. 116, col. 2, note 6.
  85. Voy. p. 109, col. 2, note 14.
  86. Voy. p. 114, col. 1, note 1.
  87. On peut traduire autrement : avec la vive impétuosité de l’épervier, venez vers nous. Voy. page 117, col. 1, note 7.
  88. Oûrdjânî est le nom de cette fille du Soleil qui, p. 115, col. 1, note 1, est appelée Soûryâ. Au moment de son départ, suivant le commentaire, on lui a dit : Oûrdjaiti (bon courage ) !
  89. Voy. p. 109, c. 2, note 3 ; p. 113, c. 2, note 1.
  90. Voy. p. 110, c. 1, note 9 ; p. 115, c. 1, note 2.
  91. Voy. p. 115, c. 1, note 1.
  92. Voy. p. 109, c. 1, note 5 ; p. 115, c. 2, note 2.
  93. Voy. p. 73, c. 1, note 2 ; p. 114, c. 1, note 4.
  94. Voy. p. 110, c. 1, note 15 ; p. 115, c. 1, note 9.
  95. Voy. p. 109, c. 1, note 5 ; p. 114, c. 2, note 1.
  96. Le commentateur croit qu’il est ici question de Bhoudjyou. Voy. page 109, col. 2, note 3 ; p. 113, col. 2, note 4.
  97. Le poëte se désigne lui-même : c’est le nouveau Cakchîvân, descendant de l’ancien fils d’Ousidj.
  98. Voy. p. 90, c. 1, note 2 ; p. 92. c. 1, note 1.
  99. Voy. p. 114, c. 1, note 1.
  100. Voy. p. 78, c. 2, note 6. Le commentaire introduit ici un fils de Ghochâ, pour traduire le mot Ghoché.
  101. Cakchivân, l’auteur de cet hymne, est de la famille des Padjras, et sans doute aussi descendant de l’ancien Cakchivân, fils d’Ousidj. Voy. page 118, col. 2, note 5.
  102. Cet homme, suivant le commentaire, c’est Ridjrâswa. Je répète ici l’observation que j’ai faite ailleurs : il me semble que cet aveuglement dont se trouvent communément frappés les Richis et les poëtes, ce n’est point une cécité réelle : c’est la privation de la lumière que leur enlève la nuit, et que leur restitue le sacrifice du matin.
  103. Le poëte veut-il dire que les Aswins ont dételé leurs chevaux pour s’arrêter à son sacrifice ?
  104. Cette énigme a besoin d’explications. La vache, nous le savons, c’est le nuage. Or, ce nuage est enfanté par une vapeur aqueuse qui s’élève et marche avec la rapidité du cheval. Indra embrasse cette vapeur, et en fait son épouse ; il la soutient sur son sein, et la féconde pour le bonheur de la terre. Cette épouse d’Indra porte le nom de Ménâ : ce même mot est le nom qu’une légende donne à Indra lui-même, devenu femme. Voyez lecture iv, hymne 5, vers 13.
  105. Voy. page 44, col. 1, note 7.
  106. Allusion aux trois mondes, où règne Indra.
  107. Le commentateur fait rapporter ce passage au Ciel et à la Terre.
  108. Le soleil pompe l’eau pour en former les nuages.
  109. Voy. p. 62, c. 2, note 2 ; p. 106, c. 1, n. 3. Les Ribhous ont fabriqué l’arme d’Indra. Voy. p. 51, c. 1, note 1.
  110. Voy. p. 73, c. 2, note 2 ; p. 91, c. 1, note 4. Il est étonnant qu’Ousanas, précepteur des Asouras, favorise Indra contre ses élèves. Il y a sans doute là une allusion, que j’ignore, à quelque phénomène astronomique ou météorologique.
  111. Voy. p. 76, col. 1, note 7.
  112. Ce nombre est ordinairement de 99. Voy. page 61, col. 1, note 4.