Revue pour les Français Mars 1907/VII

Collectif
Imprimerie A. Lanier (2p. 597-600).

BIBLIOGRAPHIE



Le Japon, histoire et civilisation, par le marquis de la Mazelière. Cinq volumes dont les trois premiers sont parus. (Librairie Plon-Nourrit), 8, rue Garancière.

Cet ouvrage est considérable. Son auteur avait publié, il y a quelques années, à la même librairie, un Essai sur l’histoire du Japon qui nous avait énormément instruit. Il témoigne à présent d’une érudition jusqu’alors inconnue des questions historiques, politiques, religieuses et sociales ayant trait à l’Extrême Orient. Nous renonçons à en présenter une analyse mais nous louons infiniment M. de la Mazelière d’avoir su nous montrer un Japon tel que l’ignorent la plupart des Européens, un Japon se développant normalement sous la double influence de son milieu et de la civilisation étrangère, de la civilisation unique qui a successivement dominé l’évolution de tous les peuples.

Ceux-là qui auront lu les trois premiers volumes parus : le Japon ancien, le Japon féodal et le Japon des Tokuguwa (la renaissance), s’expliqueront déjà aisément la transformation du Japon contemporain, transformation si mystérieuse pour beaucoup d’entre nous qui n’ont su l’expliquer qu’en présentant le Japon comme un pays « extraordinaire ». Ceux qui liront — bientôt, nous l’espérons — les volumes consacrés au xixe siècle connaîtront le Japon d’aujourd’hui avec ses mérites et ses tares. M. de la Mazelière aura ainsi rendu un grand service, non seulement aux savants égarés, mais à l’opinion publique toute entière. Elle a conçu du Japon une idée absolument fausse qui lui fait juger tous ses actes avec une exagération parfaitement ridicule. Le Japon est pour nous un rival éventuel qu’il nous faut avant tout bien connaître. Nous ne saurions faire ici un plus vif éloge de l’ouvrage de M. de la Mazelière qu’en vous disant, lecteur, que, l’ayant lu, vous connaîtrez le Japon vrai, le Japon tel qu’il est, tel qu’il vous était difficile de le connaître par aucun précédent ouvrage.



Anthologie Coloniale (pour faire aimer nos colonies), par Marias Ary Leblond. Morceaux choisis sur les colonies françaises. Un vol. de 340 pages, illustré de 90 gravures. (Librairie Larousse), 17, rue du Montparnasse.

Composé à l’intention de la jeunesse, cet ouvrage ne lui fera pas seulement connaître nos colonies ; comme l’indique son sous-titre, il réussira certainement à les lui faire aimer. On a su y faire un choix particulièrement suggestif de morceaux aussi variés qu’instructifs dont l’ensemble constitue, peut-on dire, pour les élèves de nos écoles, un véritable aperçu d’enseignement colonial. La vie familière et familiale des populations, les animaux caractéristiques, les principales productions, les travaux agricoles et industriels, tout est évoqué en des pages qui ne sont pas de simples lectures didactiques, mais des morceaux vraiment littéraires, vivants et colorés, beaucoup même signés de nos meilleurs écrivains, comme Bernardin de Saint-Pierre, Leconte de Lisle, de Hérédia, Loti, Maupassant, Fromentin, Renan, Jean Lorrain, Cherbuliez, Léon Dierx, etc. À ce titre, ce petit livre qu’illustrent de fort jolies photographies est un recueil tout à fait unique, une révélation de la richesse de notre littérature en matière exotique, et s’il s’adresse spécialement à la jeunesse, il n’en a pas moins sa place marquée dans toutes les bibliothèques.




La question de la Paix et sa solution, par Éd. Tallichet, un vol. (1 fr.). (Librairie Félix Alcan).

La paix est désirée par l’immense majorité des peuples européens : c’est entendu. Et la guerre serait si grave et pourrait avoir des conséquences si terribles que de grands efforts sont faits pour la maintenir. On en a eu la preuve lors du conflit récent à propos du Maroc. Mais qui est-ce qui la rend instable ? Le petit livre dont on vient de lire le titre cherche à le faire comprendre. Comme toujours la guerre peut naître des ambitions d’un État qui aspire à s’agrandir pour mieux établir sa domination sur les autres. Si le Souverain de cet état dispose d’une grande armée et du pouvoir de déclarer la guerre, le danger d’une rupture est continuel. Telle est la situation de l’Europe, qui explique ses armements aussi immenses que ruineux. Le péril est d’autant plus pressant qu’il se complique d’un grand effort des peuples pour l’écarter ; un peu partout, ceux-ci aspirent à devenir maîtres d’eux-mêmes, à établir des gouvernements responsables en supprimant les pouvoirs personnels d’où résultent les conflits intérieurs menaçants pour la paix générale. Ce petit livre expose la situation, il en montre les bons et les mauvais côtés, rappelant bien des choses curieuses oubliées ou ignorées du public pourtant si intéressé à les connaître, et ce qui est désirable pour écarter la crise ou en tirer le meilleur parti possible si elle éclate malgré tout. Quand on en aura commencé la lecture, on l’achèvera.




Herbert Spencer. Une autobiographie. Traduit et adapté de l’anglais, par Henry de Varigny. Un vol. (10 fr.). (Librairie Félix Alcan).

Si l’on connaît les idées philosophiques de Herbert Spencer, par ses œuvres, on savait fort peu de choses de l’homme. Son Autobiographie le fera connaître et apprécier. Tandis que ceux qui s’intéressent à l’œuvre seule en trouveront ici un commentaire très instructif — jusque sous la forme de critiques de Spencer par Spencer même — avec un exposé du processus de formation, de développement, ou d’évolution de l’idée de l’Évolution qui domine la Philosophie Synthétique, ceux qui veulent connaître l’ouvrier trouveront un « Spencer intime » qui est fort curieux et attachant. Ils apprendront d’abord son histoire : son enfance, ses débuts dans la vie, sa carrière d’ingénieur et d’inventeur, et sa carrière de journaliste qui précédèrent et préparèrent sa carrière de philosophe. Ils verront le Spencer de la vie de tous les jours, philosophant toujours et sur toutes choses ; sur les avantages de la rêverie, sur les erreurs d’appréciation des hommes, sur les spéculations financières, sur la place du travail dans la vie, sur le plaisir que donnent les enfants, sur les avantages et inconvénients du mariage, sur l’erreur des études classiques, sur les effets de la morphine, etc. Quelques portraits sont brossés en passant : G. Eliot, Carlyle, Huxley, Lubbock ; il y a des jugements aussi sur différentes œuvres d’art, en musique, en peinture, en architecture. Souvent, les appréciations ont une apparence paradoxale : cela est indiscutable. Spencer ne doit rien aux livres ; ce fut un auto-didacte et sa pensée, sur quelque objet qu’elle s’exerce, un ustensile de ménage, un usage mondain, une institution, un dogme, est bien le fruit de ses propres réflexions et expériences, non l’écho de ce que d’autres ont pu dire ou écrire.

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Ont paru récemment :

Chez Hachette. — Paris-Hachette pour 1907, annuaire complet, commercial, administratif et mondain. — La terre et l’homme par l’image, par J. Fèvre, professeur à l’école normale de Dijon : les colonies françaises (1 fr. 50). — Histoire de l’émigration pendant la Révolution française, par Ernest Daudet, tome iii : du 18 brumaire à la Restauration {7 fr. 50). — La Russie agricole devant la crise agraire, par Alexis Yermolof, ancien ministre (5 fr.). — Paris, souvenirs d’un musicien, par Henri Maréchal (3 fr. 50). — Fénelon et Madame Guyon, documents nouveaux et inédits, par Maurice Masson, professeur de littérature à l’Université de Fribourg (3 fr. 50). — Rome, complexité et harmonie, par M. René Schneider, ancien élève de l’École normale supérieure (3 fr. 50).

Chez Plon. — 1870, la perte de l’Alsace, par Ernest Picard, chef d’escadron d’artillerie breveté. — Notes d’ambulance, par le docteur A. Mony (3 fr. 50). — Un chassé croisé, par Gabriel d’Azambuja (3 fr. 50). — Le point d’honneur, par Maurice Paléologue (3 fr. 50). — Histoire du sentiment religieux en France au xviie siècle : Pascal et son temps, par Fortunat Strowski, professeur à l’Université de Bordeaux, première partie : de Montaigne à Pascal (3 fr. 50). — À travers l’Amérique du Sud, par G. Delebecque (4 fr.).

Chez Armand Colin. — La France et Guillaume ii, par Victor Bérard (3 fr. 50). — Prêtres, soldats et Juges sous Richelieu, par le vicomte G. d’Avenel (4 fr.) — Dictionnaire manuel illustré de géographie, par Albert Demangeon (6 francs).

Chez Perrin. — Une ambassade persane sous Louis xiv, par Maurice Herbette (5 fr.). — De Port Arthur à Tsou-Sima, enseignements de la dernière guerre navale, par le comte Marc de Courtis (3 fr. 50). — L’Officier et ses ennemis, par le capitaine Georges Couderc de Fonlongue (2 fr. 50).

Chez Alcan. — Histoire du mouvement syndical en France (1789-1906), par Paul Louis (3 fr. 50). — Robert Owen, par Édouard Dolléans (3 fr. 50). — Les missions et leur protectorat, par J.-L. de Lanessan (3 fr. 50). — L’impôt sur le revenu, par Georges Manche (3 fr. 50).

Chez Calmann-Lévy. — Miss Merton, par Madame Calmon (3 fr. 50). — Le cas du lieutenant Sigmarie, par Jean Pommerol (3 fr. 50).

Chez Dujarric. — Mademoiselle de Keravon, par A. d’Echerac (3 fr. 50).

Chez Berger-Levrault. — Guide pratique de la vie à l’étranger, par M. Damour, consul de France (2 fr).

Chez A. Rousseau. — L’Inspection du travail, par Jean Hugues, docteur en droit.

Chez Larose et Tenin. — Précis élémentaire de législation financière, par Marcel Moye, professeur à la Faculté de droit de Montpellier (6 fr.).

Chez Charles Lavauzelle. — La loi de deux ans et la leçon du conflit franco-allemand à propos du Maroc, par le capitaine Condamy, de l’infanterie coloniale (3 fr.).

Chez Bonvalot-Jouve. — Coup d’œil sur le développement de l’Égypte au cours des dernières années, par Pierre de Boissieu, conseiller du commerce extérieur (3 fr.).

À la Société française d’imprimerie et de librairie. — Le socialisme en 1907, par Émile Faguet, de l’Académie française (3 fr. 50).