Les précurseurs de la puissance anglaise
Revue pour les Français1 (p. 139-147).

LES

PRÉCURSEURS DE LA PUISSANCE ANGLAISE

i. — ÉLISABETH




On a coutume en Angleterre aussi bien que sur le continent de regarder la reine Élisabeth, Cromwell et Guillaume d’Orange non seulement comme les puissants artisans mais comme les architectes géniaux de la grandeur nationale. On leur fait honneur non seulement du travail qu’ils ont accompli mais de l’idée dominante dont ils se seraient inspirés, du plan qu’ils auraient conçu et exécuté. Il y a là une erreur. En réalité, Élisabeth, Cromwell et Guillaume régnèrent plus ou moins au jour le jour, au milieu de périls sans nombre, d’inquiétudes sans cesse renaissantes, de difficultés le plus souvent impossibles à prévoir. Ils eurent à régler les rapports de trois royaumes qu’on ne pouvait séparer et qu’on n’arrivait point à unir et ceux de trois religions qui aspiraient toutes trois à la prépondérance politique. Ils rencontrèrent en travers de leur route les deux plus redoutables monarques de l’époque, Philippe II et Louis XIV : ils n’eurent pour appuyer leur pouvoir ni le droit incontesté de la couronne ni l’expression manifeste et durable de la volonté populaire. Leurs sujets firent preuve presque en tous points de tant de laisser aller et de manque de suite que, pour un temps, la « légèreté anglaise » devint proverbiale à l’étranger… Tout cela était peu fait pour autoriser les vastes desseins et les entreprises de longue haleine. Aussi chercherait-on en vain dans cette portion de l’histoire britannique la poursuite préméditée de ce qui a été réalisé depuis. Ni les actes des gouvernants, ni les paroles des conseillers, ni les réflexions des spectateurs ne révèlent un de ces courants dominants dont s’inspirent parfois les princes ou les peuples.

Toutefois il est exact que chacune de ces trois périodes envisagée séparément représente l’un des éléments constitutifs de l’Angleterre moderne. Élisabeth, c’est l’insularisme, mélange psychologique de confiance en soi et de méfiance à l’égard d’autrui qui jusqu’alors ne s’était guère manifesté au grand jour et qui va pénétrer la nation entière au point de devenir bientôt un trait caractéristique de l’âme anglaise. En Cromwell, les générations qui nous précédèrent ne voyaient qu’une sorte d’anomalie révolutionnaire, d’accident historique ; mieux placés pour le comprendre, l’État cromwellien nous apparaît comme un reflet anticipé de l’impérialisme contemporain. C’est enfin Guillaume qui inaugure le constitutionnalisme dont il est peu raisonnable de faire remonter l’origine à la charte de Jean-sans-Terre car, à peine d’être faussé dans ses rouages essentiels, ce système suppose la libre coopération du souverain, son adhésion réfléchie et volontaire : et jusqu’à Guillaume, on ne saurait dire qu’une telle adhésion ait réellement existé.

Marie Tudor ne régna que cinq ans mais son règne eut une importance singulière parce qu’elle partageait le trône avec son époux, le terrible roi d’Espagne, Philippe ii — un Habsbourg, l’héritier de la plus belle moitié de l’empire de Charles-Quint. L’Angleterre d’alors ne paraissait pas s’inquiéter de cette menace pour son indépendance, pas plus d’ailleurs que des violences religieuses dont elle était l’objet. Survenant après le schisme d’Henri viii, après les extravagances protestantes d’Edouard vi, la contre-réforme de Marie secouait tout le monde, sans étonner personne. Tant de fois le pays avait souffert du manque d’héritiers royaux d’une légitimité incontestée que, si la reine avait eu un fils de son mariage avec Philippe, on se fut réjoui sans arrière-pensée et le loyalisme s’en fut trouvé grandement renforcé. Ce qui achève de caractériser cette royauté étrangère et ultra catholique, c’est son indépendance financière. Philippe disposait des immenses richesses de son patrimoine espagnol ; il pouvait à son gré se passer des subsides du Parlement de Londres et répandre sur la noblesse anglaise des prodigalités corruptrices. Sans aller jusqu’à dire avec Sir John Robert Seeley « qu’en 1558, l’Angleterre était déjà, à presque tous les points de vue, un royaume Habsbourg placé au même niveau que les Pays-Bas », on doit reconnaître que la nationalité anglaise se trouvait entamée. Le trépas inopiné de Marie Tudor fut un premier pas dans la voie des hasards favorables — premier mais insuffisant. Si Philippe en effet cessait d’être roi d’Angleterre, il pouvait souhaiter le redevenir soit en s’emparant du trône soit, plus simplement, en épousant Élisabeth qui succédait à Marie. Son intérêt le plus évident lui commandait d’agir ainsi. Charles-Quint, en attribuant l’Allemagne à Ferdinand, avait accentué le caractère maritime de la puissance espagnole dont dépendaient non seulement l’Amérique mais encore les Pays-Bas et — depuis le mariage de Philippe avec la reine Marie — l’Angleterre. Il ne restait plus qu’à dominer le Portugal pour avoir constitué à l’ouest de l’Europe un formidable empire susceptible d’enserrer et d’annihiler la France et de confisquer en même temps, à son profit, le commerce du monde entier. Philippe lâcha la proie pour l’ombre. Il demanda bien la main d’Élisabeth mais ni son refus ni les tendances anti-catholiques qui se manifestèrent aussitôt au sein du parlement, ne parurent l’affecter ; le continent l’attirait ; la pourpre impériale l’hypnotisait ; il se jeta au milieu de l’imbroglio germano-italien. Cinq mois ne s’étaient pas écoulés depuis la mort de Marie, qu’il signait le traité de Cateau-Cambrésis et épousait Isabelle de Valois.

Alors un péril nouveau se dessina au Nord. Les Valois disposaient de l’Écosse car le Dauphin avait épousé Marie Stuart qui était à la fois reine d’Écosse et prétendante au trône d’Élisabeth ; et voici que la mort d’Henri ii la fit prématurément reine de France au moment où une alliance venait de rapprocher la France et l’Espagne. Précisément en Écosse, il existait un parti qui s’appuyait sur la Réforme pour résister à l’influence française. Élisabeth en était l’alliée naturelle. Dès lors la guerre avec la France devint imminente. Or le 15 mars 1560 éclata la conjuration d’Ambroise et, quelques mois plus tard, François ii mourut sans enfants.

À peine cette menace écartée, s’en dressa une autre moins précise mais plus générale. Élisabeth ne se prononçait pas en matière de religion ; en toutes choses, elle temporisait. Ce n’est que dix ans plus tard, en 1570, que Pie v s’alarmant de ne pouvoir ramener cette brebis égarée prononcerait l’excommunication. En attendant, la reine se compromettait par l’appui prêté à la Réforme ; grâce à elle, le protestantisme en Angleterre s’étendait et se raffermissait. À ce moment même, le catholicisme reprenait l’offensive sur le continent. Le concile de Trente terminait ses travaux. Beaucoup de bons catholiques déplorent aujourd’hui l’œuvre de ce concile. On comprend néanmoins qu’elle dut exercer sur les contemporains une influence considérable et bénéficier d’un énorme prestige. C’était, après tout, une réforme radicale et sincère restituant à la papauté son caractère religieux et susceptible, par la suppression des abus, de renforcer singulièrement la puissance de l’Église. Le protestantisme perdait ainsi une part de sa raison d’être — occasionnelle sinon essentielle. Aussi bien, la lutte en France ne semblait pas devoir tourner à son profit. L’Allemagne était en proie à des querelles intestines entre calvinistes et luthéniens, querelles qui devaient bientôt amener l’empereur Maximilien ii à se rapprocher de Rome. Aux Pays-Bas, la résistance était âpre mais la puissante Espagne ne finirait-elle pas par l’emporter ? Enfin, Marie Stuart rentrée en Écosse était libre de disposer de sa main et plus inféodée que jamais à la cause catholique.

Marie Stuart n’épousa pas un prince étranger mais elle épousa Darnley qui descendait des Tudors et lui donna aussitôt un fils ; sur sa rivale elle posséda désormais l’énorme avantage d’avoir un successeur légitime… Il devait advenir pourtant cette chose si étrange que le petit prince ne serait point le successeur catholique de sa mère mais l’héritier protestant d’Élisabeth ! Là encore se rencontrèrent des circonstances favorables et imprévues. Qu’on se montre indulgent ou sévère à l’égard de Marie Stuart, il est impossible de méconnaître l’action qu’exercèrent sur les événements les aventures romanesques et les dramatiques incidents de son règne. En bravant imprudemment la noblesse écossaise, elle se condamna elle-même à une prompte abdication et, dès lors, le terrain se trouva miraculeusement déblayé sous les pas de la reine d’Angleterre pour qui se battaient d’autre part les Huguenots de France et les « Gueux » des Pays-Bas. Non seulement les guerres de religion occupaient la France et l’affaiblissaient mais elles entretenaient sa jalousie à l’égard de l’Espagne. Une France paisible et forte n’eût peut-être pas redouté d’aider l’Espagne à faire triompher la cause catholique ; une France divisée s’inquiétait de voir grandir encore la puissance d’une impérieuse voisine. Aussi, l’année même où allait s’accomplir le forfait de la Saint-Barthélémy, Charles ix n’hésita pas à faire alliance avec Élisabeth ; ce fut l’objet du traité de Blois qui constitua une convention de garantie réciproque dirigée contre Philippe dont la victoire de Lépante venait de rehausser encore le prestige mondial. Don Juan d’Autriche qui avait remporté en son nom cette victoire fameuse, méditait une attaque contre l’Angleterre lorsque la mort l’enleva inopinément en 1578 ; pendant les années suivantes, la question portugaise immobilisa le roi d’Espagne et, quand il l’eût résolue à son profit, ce furent les affaires de France qui s’imposèrent à lui. Henri de Navarre était devenu l’héritier de la couronne et, parmi ses futurs sujets, beaucoup préféraient l’Espagnol à l’hérétique ; Philippe était donc candidat au trône de France ; son succès eût perdu l’Angleterre mais Henri de Navarre allait triompher et ce triomphe, même au prix d’une abjuration, consoliderait à jamais l’œuvre d’Élisabeth.

Que d’aléas en toute cette histoire ! Il est bien difficile d’y déterminer avec précision la part de mérite revenant à la souveraine. On exagère assurément en tenant que chacun de ses actes et chacune de ses abstentions furent raisonnés. En admettant qu’elle ait deviné la conjuration d’Amboise et les troubles d’Écosse, Élisabeth ne pouvait compter que la mort ferait disparaître, juste à point pour la servir, François ii de France, Don Juan d’Autriche, Don Sébastien de Portugal et d’autres encore. S’abstenir répondait à une tendance de son caractère et certes on ne saurait s’étonner que la fille d’Henri viii et d’Anne de Boleyn fut d’un naturel ombrageux et méfiant. Mais ses défauts tournèrent à son avantage en engendrant les inactions, les demi-mesures, les contradictions, les vagues promesses, les attitudes dilatoires dont son règne est rempli. On ne saurait le nier, à ce tournant de l’histoire britannique, un monarque actif et droit eut risqué cent fois de compromettre l’avenir de son pays.

Il s’en faut du reste que tous les actes et toutes les abstentions d’Élisabeth puissent être jaugés à la même mesure. Dans l’espace de deux ans, notamment, ont tenu son initiative la plus habile et son inaction la plus maladroite et la plus coupable. En 1585, les Hollandais voulaient se donner à elle ; elle repoussa cette offre dangereuse mais, comme ils commençaient à s’épuiser, elle leur envoya un secours de 6.000 hommes ; de quoi continuer péniblement la lutte, non de quoi la terminer. Le calcul manquait d’honnêteté mais point de finesse car la prolongation de ce conflit entre le roi d’Espagne et ses sujets révoltés, enrichissait doublement l’Angleterre. Chassés de leur pays par la stagnation forcée des affaires et par les persécutions auxquelles ils étaient en butte, les industriels et les négociants des Flandres passaient en Angleterre et s’y installaient ; et, par un phénomène économique connexe, un commerce de contrebande se nouait entre l’Angleterre et le Nouveau-monde ; une école de rudes corsaires se créait, aux énergies et aux initiatives desquels présidait le fameux Francis Drake.

Le seul danger, en toute cette affaire, était que le roi d’Espagne ne finisse par s’attaquer à Élisabeth et ce danger, Élisabeth le provoqua en 1587 par le meurtre de Marie Stuart. Sans doute, il y avait d’autres motifs ; les exploits de Drake, par exemple, lequel s’était emparé de Carthagène et de Saint-Domingue et avait poussé l’audace jusqu’à pénétrer dans le port de Cadix pour y incendier des vaisseaux. Toutefois les gouvernements, en ce temps-là, étaient rarement tenus pour responsables des actes de piraterie et ceux-là pouvaient, à Madrid, être considérés pour tels. La mort de Marie Stuart, au contraire, souleva l’indignation et l’inquiétude en tant qu’atteinte à la majesté royale ; atteinte bien inutile, d’ailleurs, car l’ex-reine d’Écosse avait cessé depuis longtemps d’être une rivale pour Élisabeth. Il semble que cette dernière ait eu conscience de la faute qu’elle commettait en sacrifiant Marie ; elle souhaita d’intervenir pour la sauver et ne sut pas s’y décider. Peu après l’Armada fit voile vers l’Angleterre.

On a beaucoup écrit sur cette question de l’Armada ; les uns veulent que les Anglais n’aient été pour rien dans son échec, les autres qu’il soit entièrement leur œuvre. Pour les premiers, les circonstances adverses, la tempête notamment, expliquent la perte des vaisseaux espagnols ; pour les seconds, il n’y a pas lieu de faire entrer en ligne de compte d’autre élément que la force et l’habileté des marins anglais. La vérité est, sans doute, entre ces deux termes extrêmes. Il ne faut pas oublier qu’une année plus tard, l’Angleterre organisait une armada de 150 navires montés par près de 23.000 hommes et l’envoyait sur les côtes de Portugal où ce grand effort se brisa à son tour. Ce qui rendait l’armada de Sa Majesté catholique si redoutable, c’est qu’il y avait derrière elle toute la puissance de l’Espagne. Pour diminuées que fussent les ressources de Philippe, elles n’en étaient pas moins très supérieures à celles dont disposait Élisabeth. Ayant perdu une flotte, il pouvait en armer une autre, puis une autre encore. La grandeur du péril, du reste, n’échappa pas aux contemporains. Toute l’Angleterre trembla et l’enthousiasme causé par la victoire ne suffit pas à la délivrer de tout souci pour l’avenir. Elle resta quinze années sur le qui-vive, s’entraînant à l’œuvre de guerre et osant parfois de vigoureux coups de main. En France, le trône d’Henri iv se consolidait ; en Hollande, la lutte durait toujours. Philippe ii mourut en 1598 sans avoir pris sa revanche sur Élisabeth. Son successeur, il est vrai, voulut profiter de la révolte de l’Irlande pour s’en saisir ; mais il attendit trop longtemps ; quand ses troupes y débarquèrent en 1603, l’île était déjà à demi pacifiée et il n’y trouva plus l’appui sur lequel il aurait pu compter au début.

Ainsi la fortune était demeurée jusqu’au bout fidèle à Élisabeth ; il est certain que dans l’ensemble de son règne, elle s’en était montrée digne. Quand Froude lui reprocha de ne s’être pas mise à la tête d’une ligue des États protestants, quand d’autres historiens reprennent et commentent favorablement une rodomontade de Raleigh[1], ils ne font les uns et les autres que rehausser la politique d’Élisabeth en montrant combien facilement elle aurait pu s’égarer dans des voies plus séduisantes mais peu sûres. Les hasards favorables jouèrent toutefois dans son existence un rôle prépondérant et il convient de leur attribuer une large part des résultats obtenus pendant les quarante cinq années de son règne.

Ces résultats ont ceci de surprenant qu’ils ne se traduisirent par aucun signe extérieur d’extension ou de puissance. Au lendemain de son avènement, Élisabeth avait dû évacuer Calais ; elle ne le reconquit point ni autre chose d’équivalent. En dehors de quelques pêcheries embryonnaires à Terre-Neuve, elle ne possédait aucune parcelle du Nouveau monde déjà les Hollandais avaient su se tailler une place aux dépens des Espagnols. On ne saurait dire qu’elle eut une armée modèle ni même une flotte perfectionnée ; la prospérité était grande dans le royaume mais n’excédait pas ce qu’on pouvait attendre d’une longue période de repos relatif et d’économie… Élisabeth ne laissait derrière elle ni une alliance solide ni même une politique gouvernementale bien déterminée ; enfin on ne saurait spécifier de réformes précises, d’améliorations définies réalisées sous son règne. Elles existaient bien mais à l’état naissant. On ne les eut distinguées qu’au microscope. Et pourtant l’Angleterre avait subi une transformation si profonde, si radicale qu’à peine aurait-on pu la reconnaître s’il avait été possible de prendre contact avec son état d’âme, d’analyser la conscience nationale et de la comparer avec ce qu’elle était un demi-siècle plus tôt.

L’anglais jusqu’alors a regretté son isolement géographique ; désormais il s’en réjouira. Il s’est inquiété de ne pas ressembler aux autres peuples ; à présent il en sera fier. Il connaît qu’il ne faut plus se modeler sur eux, que ce qui leur réussit ne lui vaut rien et que, par contre, il a des armes à lui dont les autres ne savent pas se servir. Un orgueil méfiant a pénétré en lui et s’est mêlé à jamais avec son sang. En même temps la mer a cessé de lui être indifférente ou hostile ; il ne la comprend pas encore mais il la pressent. Enfin il a pris goût à l’effort persévérant parce qu’il en a vu les bénéfices. C’est le climat, répètent volontiers les apôtres de la théorie des milieux, qui incite l’anglais à la ténacité. Mais d’autres climats presque analogues et celui-là même, jusqu’alors n’ont point exercé pareille influence. La vérité, c’est que, dans la vie du peuple anglais, un moment s’est rencontré où le sens de l’effort lui a été inoculé par les circonstances ; ce moment, c’est le règne d’Élisabeth. La plante longtemps demeurera faible ; plus d’un orage la menacera ; elle s’épanouira enfin au temps de Victoria.

Telles sont les conséquences dominantes du règne de l’étrange princesse, orgueilleuse elle-même et méfiante qui, issue de parents et de grands parents anglais, sans attaches familiales au dehors, préféra demeurer vierge et laisser le trône à un héritier de hasard que d’atténuer, si peu que ce fut, le caractère intensément national de son gouvernement.

(À suivre)

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  1. « Si feue notre reine avait voulu croire ses hommes de guerre nous aurions, sous son règne, mis en pièces le grand empire et fait de ses souverains des marchands de figues et d’oranges comme ils l’étaient autrefois. »