Revue des Romans/Stanislas J. de Bouffler

Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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BOUFFLERS
(le chevalier Stanislas J. de), né en 1737, mort en 1818.


Né dans le temps où l’on riait, le chevalier de Boufflers se montra doué lui-même d’une gaieté si contagieuse, qu’il augmenta la bonne humeur des Français ; ses petits vers plus que libres, ses chansons tant soit peu graveleuses, ses contes parfois peu décents, eurent, dans sa société comme dans le public, une vogue inouïe, parce qu’ils étaient amusants. Le chevalier de Boufflers eut le bonheur de venir à propos ; poëte délicieux, peintre agréable, musicien charmant, les femmes raffolaient de lui ; il savait à la fois les louer, les peindre et les chanter ; il savait plus, il savait les adorer comme elles veulent être adorées, avec fureur et sans constance, de peur de l’ennui ; il leur jurait des passions éternelles de… quinze jours, et il leur tenait fidèlement parole. — La succession spirituelle de cet auteur, regardé généralement comme le dernier conservateur de la gaieté française, est moins considérable par la quantité que par la qualité des objets dont elle se compose. Nous n’apprendrons rien au public lui attestant que le petit roman d’Aline est un chef-d’œuvre d’esprit, de grâce et d’enjouement. Le conte Ah si ! … n’est rien, les événements sont trop précipités ; mais la gaieté des détails, la rapidité de la narration, la fécondité du style tout brillant de traits, d’épigrammes, de mots heureux, ont quelque chose de si éblouissant, de si étourdissant, qu’on se laisse aller jusqu’au bout sans réfléchir et sans juger. Le Derviche est un compte plus sage et moins amusant peut-être que les autres, mais qu’on ne lit pas cependant sans intérêt, non plus que la nouvelle intitulée : Tamara. Voici les tires des divers ouvrages du chevalier de Boufflers :

*La Reine de Golconde, conte, in-12, 1761. — Lettres du chev. de Boufflers à sa mère sur son voyage en Suisse, in-8, 1770. — Le Derviche, conte oriental ; Tamara, ou le lac des Pénitents ; Ah ! si… contes, 2 vol. in-12, 1810. — Fragments d’un voyage de plaisir dans la Poméranie suédoise, in-8, 1813.