Revue des Romans/Jules-Antoine David

Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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DAVID (Jules A.)


LA BANDE NOIRE, 2 vol. in-8, 1838. — Si l’on doit s’en rapporter aux idées que l’auteur a assez longuement formulées dans sa préface, le romancier qui prétend à autre chose qu’à émouvoir les femmes de chambre sentimentales et les amateurs des théâtres du boulevard, doit s’occuper spécialement de l’analyse du cœur humain et de la société. Fidèle à ses principes, M. Jules David procède à cette analyse en promenant le lecteur sur les bords de la Seine, depuis Corbeil jusqu’à Melun ; après lui avoir montré le château de Saintres, il lui fait faire connaissance avec Arthur Raimbault, spéculateur de démolitions, qui, pour se venger des dédains aristocratiques auxquels il a été jadis en butte, entreprend de démolir les retraites orgueilleuses des nobles d’autrefois, lesquels mettaient volontiers le pied sur les petits pour se servir d’eux comme d’un marche-pied. Arthur, pour arriver à l’accomplissement de ses projets, se sert de deux femmes : l’une, qu’il a connue dans son enfance lorsqu’il gardait les troupeaux, et dont il eut l’audace de devenir amoureux, est la femme de M. de Noë, diplomate retiré, joueur à peu près ruiné, auquel Arthur vend une partie du château de Saintres, pour assurer les derniers débris de sa fortune. La richesse d’Arthur lui facilite les moyens de voir et de séduire Mme de Noë. L’autre femme, fermière élégante élevée au pensionnat, est mariée au fermier Évon, rustre qui ne la comprend pas, que Raimbault emploie à revendre les morceaux de terre aux habitants du pays. Arthur devient à la fois l’amant de Mme Évon et de Mme de Noë. Cette double intrigue, après avoir été traversée par mille jalousies, se découvre enfin et amène le dénoûment. Arthur, surpris dans un double tête à tête par M. de Noë et par le fermier Évon, est tué en duel d’un coup de pistolet. Dénoûment qui démontre d’une manière péremptoire que l’analyse du cœur humain et de la société est l’unique objet que doit poursuivre le romancier qui prétend à autre chose qu’à émouvoir les femmes de chambre sentimentales, et les amateurs du gros mélodrame du boulevard du Temple.

Nous connaissons encore de cet auteur : Lucien Palma, 2 vol. in-8, 1835. — La Duchesse de Presle, 2 vol. in-8, 1836.