Revue des Romans/Jane West

Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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WEST (mistress), romancière anglaise.


SYDNEY, COMTE D’ARONDEL, 4 vol. in-12, 1816. — L’auteur a cherché à peindre dans Sydney les ridicules de la société, et principalement les dangers de l’orgueil et de l’amour-propre ; ce roman amuse, intéresse, sans cesser d’offrir les exemples de la plus pure morale. — Arondel avait eu dans sa jeunesse une de ces passions qui font le destin de toute la vie ; il était aimé et allait unir sa destinée à la femme qu’il adorait, à la belle Sélina, lorsque celle-ci lui écrivit qu’elle renonçait à lui pour toujours, et qu’elle le suppliait de l’oublier. Dès lors un profond chagrin s’empare d’Arondel, et vingt ans de douleur ne peuvent lui faire oublier l’ingratitude de son amante. Celle-ci avait une nièce nommé Émilie, qui devient l’épouse d’Arondel, sans cependant réussir à lui faire oublier l’objet de ses premières amours. Assez ordinairement l’usage des romanciers est de terminer le roman aussitôt après le mariage ; l’auteur a suivi dans celui-ci une marche contraire. Arondel, nourrissant toujours sa première passion pour la beauté objets de ses regrets éternels, cherche encore l’explication de son parjure. Sélina, cachée dans une profonde retraite, ne paraît que pour répandre des bienfaits, que pour établir la plus douce union entre les deux époux ; mais elle leur refuse son secret jusqu’au moment où une circonstance imprévue la force à la dévoiler. Une jeune Florentine, nommée Paulina, follement éprise d’Arondel, parvient à le détacher d’Émilie, et a l’art de le convaincre que sa femme est fille de Sélina, et que ce fruit du crime était l’unique cause de la rupture de son mariage. C’est alors que Sélina sort de sa retraite, et d’un seul mot déjoue tous les projets de cette femme perfide : elle apprend à Arondel qu’elle est sa sœur, et ce fatal secret, qui lui avait été révélé la veille de leur union, rend à jamais Sydney à Émilie, en le faisant rougir de sa faiblesse et de son égarement.