Revue des Romans,
recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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BOCCACE (Giov.),
écrivain italien, né à Paris, où son père avait été appelé pour des affaires
de commerce, en 1313, mort en 1375.

Il nous est resté beaucoup d’ouvrages de Boccace, soit en latin, soit en italien, soit en vers, soit en prose. En prose latine nous avons les quinze livres de la Généalogie des dieux, le livre sur les Noms des montagnes, etc. ; neuf livres des Aventures des hommes et des femmes illustres ; l’ouvrage des Femmes célèbres et une lettre au père Segni. En prose latine, il nous reste seize églogues en poésie italienne, le poëme de la Théséïde ; la Vision amoureuse, le Filostrato, le Nimfale Fiesolano, sont des romans en vers. En prose italienne il a donné le Commentaire sur le Dante, et la Vie de ce poëte, qui tient plus du roman que de l’histoire ; quelques romans d’amour, et d’autres compositions semblables ; le Filocopo, la Fiametta, l’Ameto ou la Comédie des nymphes de Florence, qui sont en vers et en prose, et le Labyrinthe d’amour, ou le Corbaccio. Mais aucun de ces ouvrages ne peut le disputer au Décaméron, qui est en effet le principal titre à la gloire de Boccace. Il renferme une suite de nouvelles qu’on suppose racontées en dix jours, par sept dames et trois jeunes gentilshommes, dans une campagne à dix milles de Florence, pendant la grande peste qui ravagea cette ville, en 1348. Le Décaméron, pour la beauté du style, le choix des expressions, le naturel du récit et l’éloquence des discours, sera toujours regardé comme le plus parfait modèle de l’italien le plus pur et le plus élégant. On ne doit donc pas être surpris si on en a fait une multitude d’éditions, et s’il a été traduit dans presque toutes les langues. L’homme de goût a toujours eu pour cet ouvrage la plus grande estime ; mais le moraliste, même le moins sévère, regrette d’y trouver quelques contes obscènes et quelques images un peu trop libres. Voici le titre des principaux ouvrages de Boccace traduits en français :

Les Livres de J. Boccace des cas des nobles hommes et femmes infortunées, translatés en français, par Laurens de Premierfait, in-fol. goth. fig. Paris, Jehan Dupré, 1483. — Contes et Nouvelles de Boccace, trad. libre, accommodée au goût de ce temps, 2 vol. pet. in-8, fig. de Romain de Hooge. Amst., G. Gallet, 1697. (Édition originale la plus recherchée des curieux). — Urbain le mescognu, fils de l’empereur Frédéric Barberousse, qui, par la finesse de certains Florentins, surprit la fille du souldan, in-4 goth. — Le Décaméron, ou le prince Galliot, nouvellement traduit de l’italien en français, par Antoine le Maçon ; in-fol. Paris, 1543 et 1545. (Cette traduction, qui est fort estimée, fut faite par ordre de Marguerite, reine de Navarre, sœur de Francois Ier ; ceux qui aiment notre ancien langage la lisent encore avec plaisir.) — Le Philocope de Jean Boccace, contenant l’histoire de Fleuri et de Blanche-Fleur, trad. en franç. par A. Sevin, in-fol., 1542. — Le Nimphale Flossolan de Jean Boccace, trad. par A. Guercin de Crest, pet. in-12, 1556. — La Fiammette amoureuse, italien et français, in-12, 1609. — Le Songe, ou le Labyrinthe d’amour, trad. par le sieur de Premont, in-12, 1699. (C’est une invective contre les femmes. Cette traduction est fort mauvaise et si libre, qu’à peine y trouve-t-on Boccace, dont le traducteur a retranché ce qui pouvait piquer la curiosité ; il n’a laissé presque de son original que certains traits de morale, tels que Boccace les mettait dans ses ouvrages, même les plus joyeux.)