Revue des Romans/August Gottlieb Meissner

Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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MEISSNER
(Auguste-Théodore), littérateur allemand, mort en 1807.


CHARLES ET HÉLÈNE DE MOLDORF, ou Huit ans de trop ; traduit par Mme de Montolieu, in-12, 1814. — La scène de ce roman se passe en Allemagne. Charles et Hélène, tous deux orphelins et sans fortune, trouvent un asile chez le colonel Maldorf, leur oncle. Charles, âgé de douze ans, était beau, vif, impétueux ; Hélène avait vingt ans, n’était ni belle, ni laide, mais douce, calme, réfléchie ; elle ne quittait presque pas son vieil oncle goutteux, qu’elle soignait avec tendresse et gaieté. Lorsque ses études furent achevées, Charles partit pour faire son tour d’Europe ; après sept ans d’absence, il revient au château, beau, possédant mille talents, et corrigé des défauts du jeune âge ; il avait alors vingt-quatre ans. Hélène, toujours près de son cousin, à table, à la promenade, éprouva bientôt pour lui une passion violente, malgré tous les efforts qu’elle fit pour la combattre. Le colonel s’aperçut de cette passion, et en fut ravi ; seulement les huit ans qu’Hélène avait de plus que Charles l’embarrassaient un peu. Cependant, Charles n’opposa aucune résistance à son oncle ; un peu étonné d’abord, il se décida sans peine à épouser une femme pour laquelle il avait la plus tendre estime, et ce mariage fut longtemps heureux ; seulement un seul chagrin troublait la félicité des époux, ils n’avaient point d’enfants. Vers la onzième année de leur union, ils virent arriver une jeune belle-sœur d’Hélène, privée de tout appui par la mort de sa mère. La jeune Euphrosine avait une douzaine d’années ; Hélène en comptait alors quarante-quatre, et sa santé, qui était fort mauvaise, l’avait beaucoup changée à son désavantage ; toutefois, Charles remplissait avec zèle auprès d’elle l’office de garde-malade. Pendant ce temps Euphrosine grandissait et s’embellissait. Bientôt, Charles éprouve pour cette jeune personne la passion la plus vive qu’il essaye de combattre, et qu’il réussit à cacher même à celle qui l’inspirait. La peinture et le développement de cette passion, qu’Euphrosine partageait sans se l’avouer à elle-même, forment une des parties les plus intéressantes de l’ouvrage ; ce qui suit est un peu trop romanesque : Hélène, qui s’aperçoit de la passion mutuelle de Charles et d’Euphrosine, ne veut pas mettre obstacle à leur bonheur ; elle va prendre les eaux en Italie, et trouve moyen d’empêcher son mari d’être du voyage. À peine est-elle arrivée, qu’elle se fait passer pour morte, afin de faciliter l’union de Charles et d’Euphrosine. En effet, après avoir tous deux pleuré Hélène, ils se marient, et deux enfants resserraient déjà leurs nœuds, lorsque, dans une tournée qu’ils font en Suisse, ils rencontrent Hélène. On peut juger de l’étonnement que pro duit une pareille apparition ; mais bientôt Hélène meurt, et l’époux bigame peut sans crainte de malheur se livrer à sa passion.

On a encore de Meissner : Alcibiade, 4 vol. in-8, 1787-91. — Masaniello, in-8, 1789. — *Histoire de la vie et de la mort de Bianca Capello, 3 vol. in-12, 1790. — La Chute de Capoue, in-12, 1802. — Contes moraux, 2 vol. in-12, 1802.