Revue des Romans/Agathe-Pauline Caylac de Ceylan Bradi

Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
◄  Boursault Brantôme  ►


BRADI (Mme  la comtesse de), née de Ceylan.


L’HÉRITIÈRE CORSE, 2 vol. in-12, 1823. — Cet ouvrage a été reproduit en 1825, sous le titre de Vanina d’Ornano, ou l’Héritière corse. — Le personnage qui domine toute cette composition, et que Mme  la comtesse de Bradi peint à grands traits, est le fameux capitaine San-Pietro, qui se signala par son intrépidité, par sa haine pour les Génois, qu’il chassa deux fois de sa patrie, et qui, lorsque le traité de Cateau-Cambresis (en 1559) l’eut privé des secours de la France, alla à Constantinople en demander au Grand Seigneur. Pendant ce voyage, Vanina d’Ornano, sa femme, conçoit le projet de se rendre à Gênes avec ses enfants pour y solliciter la grâce de son mari, déclaré rebelle. San-Pietro, indigné de ce projet, arrive en France au moment où Vanina allait le mettre en exécution ; il accable de reproches sa malheureuse femme, et l’étrangle de ses propres mains. Rentré en Corse en 1564, à la tête d’hommes dévoués, San-Pietro attaque de nouveau les Génois ; après avoir échappé longtemps aux périls de la guerre, il est lâchement assassiné par un des siens. — On trouve dans ce roman des descriptions pittoresques et des peintures de mœurs originales ; les héros ont une physionomie particulière, un langage âpre et piquant qui rappelle la rudesse de leur pays et la finesse méridionale. Le style de Mme  de Bradi a de la force, de la dignité, du pathétique, de l’énergie et de la concision, mais quoique assez élégant, il manque cependant de douceur. Si le nom de l’auteur ne se trouvait à la suite du titre, on n’attribuerait certainement pas à une femme les improvisations de Palma, la conversation du chef corse avec le prêtre Agostino, et le récit de la catastrophe qui termine la vie et les souffrances de Vanina d’Ornano.

COLONNA, ou le beau Seigneur, histoire corse du Xe siècle, 2 vol. in-12, 1825. — Dans les dernières années du Xe siècle, Arrigo Colonna donne sa fille Bianca en mariage au comte Antonio de Cinarco ; Marcello, comte de Travaleti, vassal de Colonna et amant rebuté de Bianca, jaloux du bonheur de son rival, irrité contre son suzerain, l’attire dans son château, où il le fait poignarder avec ses six enfants. Le jour de la vengeance ne tarda pas à arriver. La veuve de Colonna, accompagnée de son gendre, vient punir le meurtrier dans son château ; à moitié brûlé, il sort des décombres et paraît devant la comtesse, qui lui laisse une vie déshonorée. — Cette histoire est suivie du petit conte d’une Visite à l’hospice, et de diverses poésies.

NOUVELLES, 3 vol. in-12, 1825. — Ces nouvelles, au nombre de six, sont remarquables par une finesse d’observation, une vérité de peinture, un naturel et une originalité dans les caractères, qu’il est rare de voir réunis à un style presque toujours facile et correct.