Revue des Romans/Émilie Millon-Journel

Revue des Romans.
Recueil d’analyses raisonnées des productions remarquables des plus célèbres romanciers français et étrangers.
Contenant 1100 analyses raisonnées, faisant connaître avec assez d’étendue pour en donner une idée exacte, le sujet, les personnages, l’intrigue et le dénoûment de chaque roman.
1839
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MILLON-JOURNEL (Mlle Émilie), née Verneuil.


GASTON DE SEMUR, suivi du Monastère du mont Canigou et du Château d’Enfer, 2 vol. in-12, 1822. — Le héros de ce roman est un preux ; il part pour la Palestine, et, après avoir triomphé dans un tournoi à Chambéry, il emporte le souvenir de la belle Mlle de Montméliand. À son retour en France, il retrouve un de ses amis dont il est le rival sans le savoir ; cet ami le reçoit dans son antique manoir, l’invite à passer la nuit dans son lit et celui de sa femme ; il va plus loin, une certaine nuit il se retire, et laisse ainsi Gaston couché seul avec son épouse ; le prix de cette loyale complaisance lui serait devenu fatal, sans la fidélité et les principes de Mlle de Montméliand. Les lois de la chevalerie autorisaient alors cet usage ; on le considérait comme le témoignage le plus incontestable de la confraternité ; on faisait coucher ainsi avec soi ses hôtes les plus distingués et ses meilleurs amis. Les lits étaient alors des estrades d’une largeur démesurée ; la dame du logis se couchait la première, son mari après elle, et ensuite les hôtes privilégiés. Cet usage existe encore, dit l’auteur, dans quelques parties de la Bulgarie, et, sans aller plus loin, on le retrouve même aujourd’hui dans quelques parties de la Normandie, où il nous est arrivé, un jour que le souper s’était un peu prolongé, d’être invité par notre hôte à partager avec lui et sa femme le seul lit qu’il y avait dans la maison. — Le Monastère du mont Canigou est une nouvelle dont la scène se passe dans les Pyrénées. — Le Château d’Enfer est une chronique hollandaise qui pourrait fournir au besoin le sujet d’un mélodrame épouvantable. — En général, les composition de Mlle Millon-Journel se distinguent par des connaissances historiques, par un style rapide et clair, exempt d’enflure et de mauvais goût.

On a encore de cet auteur : Les Enfants du vieux château, 40 vol. in-18, 1810-18.