Pour un anniversaire — À Mlle Honorine Chauveau

Pour un anniversaire — À Mlle Honorine Chauveau
Revue de Montréal1 (p. 40).

POUR UN ANNIVERSAIRE

à Mlle honorine chauveau


À quoi donc rêvent-ils, vos beaux yeux andalous,
Quand, voilant à demi sa lueur incertaine,
Votre regard s’en va se perdre loin de nous,
Comme s’il contemplait quelque image lointaine ?

Quand vous chassez au loin toute pensée humaine,
Et que, sur le clavier au son plaintif et doux,
Sans but, las et distrait, votre doigt se promène,
Jeune fille rêveuse, à quoi donc songez-vous ?

Oh ! sans doute qu’alors votre âme ouvre ses ailes,
Et s’en va retrouver, dans des sphères nouvelles,
Ceux que le ciel emporte, hélas ! et ne rend pas…

Nous vivons dans un monde où presque tout s’oublie,
Mais il reste toujours quelque chaînon qui lie
Les anges de là-haut aux anges d’ici-bas !


Louis-H. Fréchette,
1er janvier 1877.