Revue canadienne/Tome 1/Vol 17/Le Colorado en 1880 (Suite et fin)

Collectif
Compagnie d’imprimerie canadienne (17p. 587-595).

LE COLORADO EN 1880.

Suivi de quelques réflexions sur les États-Unis en général.


Des Écoles Publiques.

(Suite)

Charmés par la splendeur des édifices affectés à l’enseignement, et frappés de l’extrême sollicitude de l’État pour l’instruction populaire, ces bons bourgeois se moquent carrément de leur évêque ou de leur curé ; ils se font une fausse conscience en tranchant des difficultés qu’ils ne se donnent pas la peine d’approfondir, puis ils envoient leurs enfants aux établissements laïques. Ils objectent — toujours par esprit de liberté, comme leurs frères séparés — que l’enseignement religieux appartient à chacun en particulier, et qu’il n’incombe nullement aux écoles. Mais voilà justement l’écueil où se brise la prétendue sagesse de ces aveugles parents, qui de leur côté ne font pas plus que les écoles pour inculquer à leurs enfants la plus nécessaire de toutes les sciences : celle de leurs devoirs envers Dieu. À quelle époque se forment les impressions, et quand prennent-elles leur empreinte définitive, si ce n’est dans cet âge tendre où tout frappe, saisit et entraîne. Un jeune cœur est facile, complaisant et sensible à l’attraction ; il cède à l’autorité qui le gouverne, comme la cire sous les doigts du modeleur. Si donc l’enfance présente à la fois tous ces caractères, elle exige par conséquent des soins assidus et de sages précautions ; sinon, tout est perdu, et ce n’est assurément pas une institution hostile à Dieu par le seul fait qu’elle juge à propos de n’en pas inculquer le principe, qui remplira le vide moral causé par une si coupable négligence. D’ailleurs il y a dans le système des écoles laïques, ainsi que dans la triste tendance des temps modernes en général, la vieille question d’éliminer en tout et partout l’autorité religieuse ; ce qui en politique s’appelle la séparation de l’Église et de l’État ; comme si l’un et l’autre pouvaient également balancer leurs droits et leurs pouvoirs. Il faut cependant se rappeler que le catholicisme est d’institution divine, et que par là tout doit lui être soumis : or l’école jouant un rôle très grave, tant dans l’éducation que dans les mœurs, doit nécessairement procéder d’après les vrais principes religieux. En ne remplissant pas fidèlement cette condition, elle devient le plus dangereux ennemi du cœur et de l’esprit qu’il soit possible d’imaginer, car elle leur infiltre peu à peu, froidement et systématiquement le poison de l’indifférence et du matérialisme.

Considéré à part, l’enseignement américain a bien ses qualités pratiques ; mais ce qui lui manque d’essentiel dans les hautes questions de morale affecte sensiblement la solidité des études qui, bien qu’elles durent au delà dix ans, sont peu élevées et très superficielles. Quand les hommes ont nié une fois le principe suprême de l’autorité, ils tombent dans un autre excès qui est celui de rechercher en eux-mêmes l’appui qu’ils ont refusé ; aussi il arrive que, poussé par ses maîtres, l’élève des écoles publiques ne craint pas de traiter les questions les plus graves de morale ou d’économie politique ; il se forme des idées fausses qu’il ne pourra jamais modifier parce qu’il anticipe sur l’expérience à laquelle un âge plus avancé peut seul prétendre. En le faisant jouer trop tôt avec les difficultés de la pensée, on paralyse l’élève et on lui enlève entièrement l’amour de l’étude et de la méditation ; aussi l’on s’aperçoit plus tard que l’homme du monde ne vaut guère mieux que l’écolier d’autrefois, et qu’au lieu d’avoir fait un penseur, l’école n’a produit qu’un esprit prétentieux et stérile. Enfin, l’enfant formé dans cette enceinte n’a ni le sentiment du respect, ni celui de l’obéissance ; et loin de marcher dans une voie rassurante pour lui et pour la société qu’il devra joindre un jour, il n’est plus qu’une âme privée dès le début des lumières de la Foi et des privilèges de la grâce divine : chez lui, nulle douceur, nulle sympathie ; il prend peu à peu les sentiments de la dignité, même celui de la politesse dans les manières ; il n’a pour partage que le long supplice d’une existence froide et limitée dans ses aspirations ; en un mot il effleure à peine l’enfance, son adolescence porte la marque d’une apparence sénile, et souvent même il arrive à une vieillesse caduque.

Il y a diverses persécutions contre l’Église du Christ : elles se manifestent ou par la mort, ou par la confiscation des biens, ou par la privation de la liberté ; mais rien n’égale celle, qui sous un semblant de réforme civilisatrice a rayé d’un seul coup l’enseignement de la connaissance de Dieu : c’est à coup sûr le dernier mot des efforts anti-sociaux dont le 19ème siècle donne de si terribles exemples ; c’est enfin le raffinement le plus nouveau d’un mal essentiellement diabolique. Cependant que les américains y prennent bien garde, car un tel systême ne fera jamais un grand peuple. Les questions sociales ne peuvent être détournées de leur source : elles ont trouvé leur solution dans la noble et divine institution de l’Église catholique, et malheur à qui s’y oppose. De plus, la prétendue importance que donne un aveugle affranchissement à chacun en particulier, brise peu à peu l’unité des esprits si nécessaire à une nation pour devenir grande et forte ; et la variété d’opinions, de même que l’excès de liberté qui en découlent, conduisent infailliblement aux idées subversives, et finalement à l’affaiblissement et à la dissolution.

Quelques mots sur les Américains.

Malgré ces réflexions peu favorables, il serait injuste de ne pas reconnaître de belles qualités chez les Américains, surtout dans la bonne classe. S’il est permis de dire franchement son opinion sur les défauts d’une nation, il ne l’est pas au contraire de nier ou de passer sous silence les vertus qui la distinguent. L’homme possède des facultés qu’il peut et doit gouverner avec sagesse. En quelque lieu qu’il se trouve et de quelque origine qu’il soit, il est toujours l’être créé à l’image de Dieu : il est tout à la fois âme, intelligence amour et volonté, et devant le principe suprême d’où découle son essence spirituelle, il n’y a ni nationalité qui prévale, ni préjugé qui tienne.

Il n’est pas rare de rencontrer dans la société américaine des gens, qui par une éducation soignée et par l’expérience des voyages ont acquis des manières aussi aisées que bienveillantes. Beaucoup de femmes méritent une bonne note pour leur élégance et leur distinction ; elles affectent quelquefois du goût pour les sciences et les arts ; mais bien que ces tendances dégénèrent la plupart du temps en manie, il en ressort un certain vernis, qui prévient d’abord en leur faveur. Les hommes ont souvent de l’affection et du dévouement, mais comme ils sont ordinairement peu démonstratifs, il faut une certaine observation pour apercevoir la franchise incontestable de leurs sentiments.

Abordons maintenant une critique moins grave. Il est un type fréquemment représenté aux États-Unis : c’est celui du parvenu. Ce favori de la fortune ne veut pas tourner au bourgeois pacifique et insouciant du reste du monde : il oublie facilement l’égalité qu’il a tant prônée autrefois : il a, qui le croirait ! des tendances aux manières aristocratiques. Que voulez-vous ? ce bon républicain n’est pas tenu d’observer une rigidité antique ; il n’est pas infaillible ; il plie selon les circonstances qui lui semblent les plus avantageuses et tourne au moindre vent des richesses. D’ailleurs, ne l’oublions pas, il est toujours libre : c’est-à-dire libre d’interprêter à son gré le sens du mot liberté ; libre de se créer une petite puissance ; libre enfin de ne plus regarder son voisin, si celui-ci ne possède pas un gros capital. Voilà donc notre heureux parvenu en guerre avec l’esprit de ses institutions ; mais tranquillisons-nous, la République est débonnaire, elle lui a déjà pardonné, et lui pardonnera plus encore. Dès lors notre bourgeois s’étudie à faire de l’effet : il mène grand train ; il a son équipage, ses domestiques ; il collectionne même des peintures et de la céramique d’une authenticité et d’une valeur souvent plus que douteuses ; il s’adonne enfin à l’étude des langues vivantes, surtout de l’allemand ; car il faut le dire en passant, l’américain est devenu germanophile ; il ne jure plus que par M. de Bismarck qui, en retour lui expédie des milliers de colons, et opère ainsi une invasion plus efficace et plus durable que celle qui aurait la guerre pour motif.

RÉFLEXIONS GÉNÉRALES.

Généralement les États-Unis n’offrent pas un intérêt bien varié pour le voyageur qui veut s’instruire. On a beau faire des centaines de lieues, toujours on rencontre la même langue, les mêmes mœurs et les mêmes coutumes ; la nature seule attire une attention soutenue, parce que l’œuvre de Dieu impose quand même par sa grandeur ou attire par sa simplicité. Le passé compte pour peu de chose dans le nouveau continent ; il est d’hier et encore se confond-il nécessairement avec l’histoire de l’ancien monde, dont il n’est qu’un épisode.

Ainsi donc les réflexions qui viennent à l’esprit de l’observateur se portent plutôt sur l’avenir. Que deviendront par exemple les vastes plaines de l’Ouest qui n’ont du désert que l’apparence, sans en offrir l’insurmontable stérilité ? Quel sera le sort de ces nouveaux pays dont les progrès sont si étonnants et si rapides ? Resteront-ils toujours fondus dans la république actuelle, ou rompront-ils l’unité qu’exigent leur force et leur durée, mais que déjà le fléau de la guerre civile a ébranlée jusque dans sa base ? Dieu seul connait le sort politique des empires. Un jour peut-être, les éléments trop disparates qui s’entassent dans cette partie du monde subiront de grands changements et formeront des peuples à part. La politique et la nationalité de l’Union sont à l’état de fusion transitoire ; elles font l’effet d’un pêle-mêle inextricable où se confondent des mœurs hétérogènes et des lois qui n’ont ni assez de force, ni assez d’extension. L’extrême divergence des cultes, les goûts cosmopolites, le flot incessant de l’immigration européenne, le besoin de copier le vieux monde dans beaucoup de choses, l’immensité du territoire qui fait que chaque race peut s’étendre à son aise et conserver longtemps encore sa langue et ses coutumes respectives, font du peuple américain, un peuple hybride soumis à une prodigieuse mobilité. Sans vouloir nier le génie qui perce à travers cette masse confuse et indescriptible, on peut avancer sans crainte que ses facultés nationales n’ont pas encore acquis un caractère définitif. Ce débrouillement continuel durera aussi longtemps que l’Amérique servira de refuge au trop plein des populations européennes. Toute nation bien posée, quelque petite qu’elle soit, possède des aptitudes qui lui sont propres, et pour tout dire, un génie particulier qui tient de la masse du peuple. Citons comme exemple, la Belgique et la Hollande. Aux États-Unis, c’est plutôt le concours simultané de races différentes qui fait le progrès ; rien ne s’y opère par l’unité, pas même la politique, qui un jour brisera ses rouages. L’espèce d’autonomie dont jouit chaque État est un besoin du moment que ne porte en soi aucune garantie pour l’avenir de la grande République. À force de lois spéciales et de franchises particulières, on finira par oublier le centre où doivent converger les principes de l’unité nationale. De là les scissions ; mais en attendant que la population se réduise en un tout plus homogène, le mouvement impétueux dont elle est l’image se continue toujours, jusqu’à ce qu’il plaise à Dieu de lui donner plus d’ordre et de régularité.

Pour être jusqu’à un certain point à l’abri de l’anarchie, la république américaine est loin d’avoir atteint l’idéal, comme elle prétend y croire, tant dans la forme de son gouvernement que dans les mœurs sociales. Là, comme chez d’autres nations avides de nouveautés et d’utopies, le principe de la liberté est ignoré, sinon entièrement, du moins en grande partie : il lui manque l’appui des vérités sublimes, qui seules rendent libre par la stricte observance des lois et par la soumission pleine et entière au droit divin. Un peuple docile vaut mieux qu’un peuple souverain, car ce dernier se gouvernant par lui-même avec son inévitable ignorance et ses nombreux caprices, tombe infailliblement dans le désordre, et le faux principe sur lequel il semble reposer avec tant de confiance ne sert qu’à manifester hautement son orgueil et son insubordination. Tel est le caractère de la nation américaine : ce n’est ni l’esprit malade et ravalé du socialisme européen, ni les nobles tendances qui produisent le dévouement et l’héroïsme ; c’est tout au plus un miracle d’équilibre qui finira tôt ou tard par s’abîmer dans le sort commun des institutions purement humaines. Si, après cela, l’on oppose la chute de certaines monarchies du passé à l’instabilité des républiques actuelles, il n’y a qu’à répondre par l’histoire, en disant que si parfois Dieu a soumis le gouvernement de droit divin à des épreuves et même à de justes punitions, soit à cause de la licence des mœurs, soit à cause d’abus de pouvoir de la part des hommes, il n’a pour cela oté à la monarchie, ni son génie civilisateur, ni le sentiment de l’honneur qui est l’un de ses caractères distinctifs, ni sa faculté de renaître plus brillante et plus forte que jamais, mi enfin les droits légitimes qu’elle a conquis sur l’humanité par ses œuvres solides et ineffaçables. Le moyen âge disait  : vox populi, vox Dei ! mais c’était l’époque où l’on se groupait en masse sous le même étendard de l’obéissance et de la foi. Aujourd’hui la voix du peuple n’a plus les nobles et fidèles accents du passé ; elle ne crie plus : le Roi est mort, vive le Roi ! Son dévouement se borne à elle-même, et brisant avec les plus saintes traditions, ne voyant pas sa faiblesse et son inconséquence, elle marche fatalement vers deux despotismes : celui qu’elle rencontre dans sa propre souveraineté, ou le césarisme auquel elle cède souvent le pas : triste alternative que l’expérience a démontrée bien des fois, et que l’histoire n’a jamais pu justifier.

S’il existe vraiment dans l’Amérique Septentrionale de franches traditions du bon vieux temps, c’est encore au Canada qu’il faut les aller chercher. Sur ces quelques arpents de neige qui forment aujourd’hui une puissance atteignant deux mers par le fait de ses conditions géographiques et politiques, il y a une gaîté que, ni le froid, ni la neige, ni les longues rigueurs qui les accompagnent ne peuvent altérer ; puis, ce qui est plus précieux encore, on y trouve une pureté de mœurs qui survivra malgré les préjugés et les orages suscités pour attirer sa perte. Mais la même sérénité n’existe pas aux États-Unis où l’esprit est plus tourmenté de désirs fiévreux et plus renfermé dans le cercle exclusif d’une matérielle insatiabilité qui détermine la sécheresse du cœur et l’inquiétude de l’âme. Il est donc important pour les canadiens de s’attacher à leur sol et de continuer dignement leur histoire, s’ils veulent former un peuple digne de ses braves et fidèles ancêtres.

Si l’humanité se condensait moins sur un seul point, elle éviterait sans doute un nombre infini d’obstacles et de misères, et l’agriculture, ce noble et généreux état consacré par les premiers besoins de l’homme, serait plus honorée qu’elle ne l’est de nos jours. La vie des champs est rude par elle-même, il est vrai ; elle déforme les lignes de la main et brise l’élégance conventionnelle des manières ; mais elle donne en compensation la santé, la vigueur et la joie. Malgré son long hiver, la province de Québec peut retirer beaucoup de ses produits agricoles ; il faut pour cela l’amour du travail et un nombre suffisant de bras. A-t-on jamais pensé d’ailleurs aux avantages providentiels qui se rattachent particulièrement aux grands froids de cette partie du Canada, et qui sont ceux-ci ; l’empêchement d’une immigration étrangère aux instincts absorbants et envahisseurs ; le développement facile de la race canadienne-française et la garde intacte des principes catholiques. Cela vaut la peine d’y réfléchir et de ne pas déplorer injustement la sévérité du climat.

O ! Canadiens, chers compatriotes ! si vous voulez continuer d’être heureux, n’allez pas à l’étranger. La terre est chez vous, grande et fertile ; elle rendra au centuple ce que vous lui aurez confié, et plus vous semblerez la fatiguer par un travail opiniâtre, plus vous ferez acte de justice et de patriotisme. Ainsi donc vous ne passerez plus la frontière, vous ne délaisserez plus votre beau pays. Sont-ce des manufactures que vous désirez ? Vous en avez déjà et vous en aurez plus encore. Vous êtes sous l’égide d’un gouvernement qui peut, sans aucun doute servir de modèle aux autres ; vous avez de sages ministres, qui ayant compris dans toute leur étendue les besoins de l’État, ne font tous les jours qu’élargir leurs vues politiques et économiques. Sont-ce des plaines auxquelles vous aspirez ? Vous en trouverez au Manitoba qui valent celles du Colorado et du Kansas ; elles vous attendent, et quoiqu’eloignées, elles font encore partie de la patrie ; bientôt un grand chemin de fer les traversera en leur apportant la richesse et la vie. Considérez attentivement vos vallées fertiles, vos superbes rivières bordées de forêts enchanteresses, et voyez ensuite si elles ne méritent pas votre admiration et votre attachement. Enfin en n’allant plus grossir le nombre incalculable de familles qui ont émigré aux États-Unis, vous sauvegarderez le dépôt sacré de vos aïeux, c’est-à-dire le sentiment religieux qui les a jetés sur les côtes du Saint-Laurent, armés de la croix pour civiliser les tribus sauvages et pour perpétuer dans une nouvelle descendance les traditions d’un grand peuple.

Après avoir été soumis plus de deux siècles à la mère-patrie, nous avons été détachés de l’arbre immense qu’elle formait et dont les rameaux avaient couvert si longtemps de leur ombre bienfaitrice la société européenne ; mais la branche détachée et abandonnée à elle-même n’a pas subi le sort commun : elle n’est pas morte. Forte de sa nature et de son origine, elle a reverdi au bord du grand fleuve ; et douée d’une nouvelle jeunesse, loin des atteintes des terribles révolutions auxquelles elle a si miraculeusement échappé depuis cette époque, elle continue l’œuvre de la colonisation commencée par la France, en faisant respecter ses priviléges et en conservant fidèlement sa langue, ses institutions et ses lois.

Maintenant que nous devons à nos efforts l’avantage de posséder un gouvernement loyal et protecteur, nous n’en conservons pas moins un idéal, sans réalisation probable, il est vrai, mais intimement lié à nos pensées et à nos aspirations. Cet idéal est celui que nous ont légué la vieille France et ses vieux rois, qui malgré les préjugés et les prétentions du progrès moderne, resteront toujours les vrais types de la civilisation, du dévouement et de l’honneur.

Sans être complètement indépendants selon la politique humaine, nous jouissons toutefois d’une autonomie puissante et d’une liberté réelle ; et tant que battront nos cœurs, le souvenir de nos traditions religieuses et politiques ne s’envolera pas comme un fantôme ou comme un songe de peu de durée ; au contraire, il fortifiera notre respect pour le présent, notre foi dans l’avenir, et il se perpétuera éternellement comme la marque ineffaçable d’un attachement sans bornes aux institutions qui nous ont formés.

C. M. Panneton.

Denver, Colorado, 1er juin 1880.