Revue Musicale de Lyon 1904-03-02/Nouvelles diverses

Nouvelles Diverses

M. Georges Marty a été désigné par l’Institut comme le musicien, ancien prix de Rome, dont une œuvre serait représentée à l’Opéra pendant la saison 1904-1905.

Il a écrit sa partition sur un livret de M. Adolphe Aderer, Daria, drame en deux actes, tiré d’un conte russe.

Un rédacteur du journal italien Natura ed Arte annonce qu’il a découvert à Terranova, en Sicile, des souvenirs intéressants relatifs à Bellini. Parmi divers objets, il y aurait une romance « incomplète, mais d’une valeur artistique inestimable » ( ?) ; un médaillon avec un portrait extrêmement ressemblant, le meilleur peut-être que l’on connaisse de l’auteur de Norma, et enfin trois lettres qui ont été données tout récemment par le municipe de Terranova à celui de Catane pour le musée bellinien. Ces lettres sont, comme toute la correspondance du chantre sicilien, terriblement en délicatesse avec la grammaire, mais néanmoins intéressantes. Dans la première, qui est sans date, mais qui doit avoir été écrite de Côme vers 1831, le maëstro informe Vincenzo Feriiti qu’il est en train de traiter avec la Scala pour un engagement par lequel il s’obligerait à écrire pour ce théâtre deux opéras, un pour l’automne de 1831 et l’autre pour le printemps de 1832, en échange d’une somme de 4.600 ducats (20.000 fr.) ; la direction voudrait n’en donner que 4.000. Une autre lettre, de Paris, 20 février 1835, annonce à son ami Francesco Florimo le grand succès des Puritains, « qui chaque soir font davantage fanatisme », et lui fait part ensuite de sa joie d’avoir reçu du Roi la croix de chevalier de la Légion d’honneur : « Tous mes amis et parents doivent jouir de mon triomphe. » Enfin, dans la troisième, aussi de Paris et au même, il donne des détails sur un concert qui a eu lieu à la cour, dans lequel il accompagnait des morceaux de Norma et des Puritains. « Leurs Majestés ont été très satisfaites, dit-il, et à plusieurs reprises le Roi et la Reine se sont approchés du piano pour me complimenter. »

Dans la correspondance d’Adolphe Adam publiée récemment par la Revue de Paris, nous trouvons une lettre où est exprimée l’opinion qu’avait sur Berlioz le compositeur du Chalet :

Paris, le 11 décembre 1837.

Mon excellent ami,

Nous avons eu une chose curieuse, c’est une messe des morts de Berlioz, qu’on a exécutée aux Invalides pour le général Damrémont, tué devant Constantine. Il y avait quatre cents musiciens et on lui avait alloué pour cela vingt-huit mille francs. Vous ne pouvez vous figurer rien de pareil à cette musique, qui, outre un orchestre considérable dans les proportions ordinaires, comprenait l’adjonction de vingt trombones, dix trompettes et quatorze timbales. Et bien ! tout cela n’a pas fait le moindre effet, et pourtant vous allez voir tous les journaux, à bien peu d’exceptions près, proclamer cette messe comme un chef-d’œuvre. Cela vient de ce que Berlioz est lui-même journaliste : il écrit dans le Journal des Débats, le plus influent de tous, et tous les journalistes se soutiennent. Il faut dire que, s’il est détestable musicien, en revanche il écrit fort élégamment ; mais vous pensez que les idées d’un pareil homme doivent être fort singulières en musique. Il nie tous les musiciens, excepté Beethoven et Meyerbeer, et ce qu’il admire chez le premier, ce sont les défauts que nous sommes obligés de reconnaître ; il n’admet pas la mélodie, et ce qu’il admire le plus dans Meyerbeer, c’est un roulement de timbales d’une finale des Huguenots. Il admire et ne cherche que les combinaisons bizarres d’instruments ; ainsi, dans sa messe, un des passages qu’il affectionnait était ainsi conçu : c’étaient deux flûtes tenant une tierce à l’aigu, pendant que les trombones faisaient entendre des notes graves de pédale inusitées sur cet instrument, et puis rien du tout dans l’intervalle…

On ne peut imaginer rien de plus niais, si ce n’est ceux qui admirent de telles platitudes. Il paraît que Schelesinger va graver la messe, et, par curiosité, je vous engage à vous la procurer.

Le Propriétaire-Gérant : Léon Vallas.

Imp. Waltener & Cie, rue Stella, 3, Lyon.