Revue Musicale de Lyon 1904-01-05/Nouvelles diverses
Nouvelles Diverses
Dans la longue liste de distinctions universitaires accordées à l’occasion du 1er janvier, nous relevons les noms de M. Broussan, directeur des théâtres municipaux de Lyon, nommé officier de l’Instruction publique ; de M. Ernest Garnier, compositeur de musique, auteur de la Vendéenne, représentée l’an dernier au Grand Théâtre et M. Reuchsel, professeur de musique, nommés officiers d’Académie.
Le Théâtre de la Monnaie de Bruxelles a donné la semaine dernière la première représentation de La Belle au Bois dormant, de Silver, jouée l’an dernier à Lyon. Le principal rôle était tenu par Mme Bréjean-Silver, femme du compositeur, qui a créé le rôle à Marseille et à Lyon.
La semaine dernière, Mme de Nuovina a fait sa rentrée à l’Opéra Comique dans Carmen qui a été, comme toujours pour elle, l’occasion d’un magnifique succès.
Il semble que tous les théâtres musicaux, toutes les sociétés chorales, tous les orchestre symphoniques, aient voulu se distinguer en Allemagne par la célébration de quelque fête en l’honneur de Berlioz. À Leipzig, on a donné la Prise de Troie. Nous renonçons à citer le nom de toutes les villes qui ont repris Benvenuto Cellini ; dans le nombre il y a Dresde, Munich, Metz, Brunswick, Fribourg-en-Brisgau, Strasbourg… La Damnation de Faust a été mise en scène notamment à Cologne et à Mayence. Quant aux exécutions de ce dernier ouvrage et de Roméo et Juliette en entier ou par fragments, elles ont été, sont encore innombrables à l’heure qu’il est. On ne peut songer à énumérer les auditions d’œuvres symphoniques. Il faut cependant faire exception pour les interprétations en différentes villes, et particulièrement à Munich, d’Harold en Italie et de la Symphonie fantastique dans un même concert, sous la direction de M. Félix Weingartner. Le célèbre chef d’orchestre avait eu un grand succès à Paris en produisant ces ouvrages dans les mêmes conditions aux concerts Lamoureux, le 2 mars 1902. Il faut citer encore l’interprétation de l’Enfance du Christ à Ratisbonne. Nous ne parlons pas du Requiem ; depuis plusieurs mois, il paraît avoir été la composition favorite des grandes sociétés chorales et les auditions toutes récentes de Munich et de Francfort ne sont qu’une sorte d’écho des précédentes. Les mélodies du maître n’ont pas été oubliées ; plusieurs artistes les ont chantées, tantôt seules, tantôt en les associant à celles de Liszt et de Wagner dans une même soirée. Mme Johanna Dietz, par exemple, a fait entendre à Munich le cycle des Nuits d’été. Enfin il n’y a plus aucune trace de cette hostilité presque haineuse qui survivait en Allemagne, il y a une dizaine d’années, et que l’on appelait là-bas avec ironie : l’Anti-Berlioz-Tic.
Le Grand-Théâtre de Montpellier va jouer, dans les premiers jours de janvier, Rose de’’ Provence, comédie musicale en quatre actes, de MM. Maurice Lecomte et A.-P. de Lannoy musique de M. Georges Palicot.
On a invité la critique parisienne. Nous doutons que ses représentants soient nombreux à se déplacer. Le Grand-Théâtre de Montpellier est un peu éloigné de Paris que la Monnaie de Bruxelles, et M. Palicot n’est pas Ernest Chausson, ni Rose de Provence, le Roi Arthus.
Le conseil municipal de Baden-Baden, a voté, dans sa dernière séance, une résolution tendant à faire apposer à l’entrée du théâtre de la ville une plaque commémorative portant l’inscription suivante :
Au compositeur Hector Berlioz, né le 11 décembre 1803, – mort le 9 mars 1869, qui durant plusieurs années a passé les mois d'été à Baden-Baden, a composé et dirigé en personne, en 1862, à l’occasion de l’inauguration du théâtre municipal, l’opéra Béatrice et Benedict, la ville de Baden-Baden consacre cette plaque commémorative, en souvenir du centième anniversaire de sa naissance.
De Bordeaux. – Au premier concert du Cercle Philharmonique, ont été applaudis : Mme de Nuovina, dans Ah ! Perfido de Beethoven et les scènes finales d’ Armide ; M. Louis Fröhlich et M. Diémer.
À la Société Sainte-Cécile, gros succès pour Mme Georges Marty, qui interpréta la Nuit Persane, de M. Saint-Saëns, et un air du premier acte d’ Orphée.
Montluçon. – Composer de toutes pièces en quarante jours, un choeur de plus de cent voix, enfants, femmes et hommes pris dans toutes les classes de la société, coordonner ces éléments divers, y établir l’harmonie désirable et nécessaire, infuser à tous le goût des grands musiciens tels que Palestrina, Mozart, Bach, Franck, Beethoven, ce n'était pas, il faut l’avouer, une entreprise banale.
Et, quand on sait toutes les difficultés qui encombrent généralement la route de toute organisation humaine, on peut à bon droit penser que la tenter était téméraire… Et cependant, à Montluçon comme à Lyon, l’an dernier le succès vient de couronner l’oeuvre.
Sous le patronage des Bordes et des d’Indy, fondateurs de la célèbre Schola Cantorum de St-Gervais, pleins de zèle débordant, passionnément épris des compositions sévères et grandioses de la musique ancienne, forts de leur seule vaillance, deux de nos jeunes compatriotes, le Dr Duffour et l’abbé Geniès, n’ont pas craint d’aborder cette tâche difficile, et, en moins de deux mois, secondés par un chef d’orchestre expérimenté quoique bien jeune encore, aidés également par les bonnes volontés de tous ceux, grands et petits, qui sont venus, répondant à leur appel, se grouper autour d’eux, ils ont pu nous faire entendre déjà ces chorals splendides sous le charme desquels nous sommes encore.
La Schola de Montluçon a fait ses débuts le jour de Noël, en chantant à l'église Notre-Dame le programme suivant : Ave verum de Mozart, Alma Redemptoris Mater de Palestrina, Panis Angelicus de César Franck, le Choral Jesu, meine Freunde et un cantique de Beethoven. L’exécution, en dépit d’un léger flottement bien excusable, a été des plus satisfaisantes.
Le théâtre de Besançon représentera cet hiver un drame lyrique en cinq tableaux intitulé Paula, qui est, pour les paroles, de Mlle Jane Guail et de M. Edouard Droz, et pour la musique, de M. Emile Ratez, directeur du Conservatoire de Lille, auteur de l’opéra Lydéric, qui fut représenté avec succès dans cette dernière ville il y a six ans. L’action de Paula se passe à Besançon (Vesontio), au iiie siècle, au moment des persécutions contre les chrétiens.
Il paraît que la jolie petite ville de Crémone, que l’art de ses luthiers a rendue célèbre, est aujourd'hui supplantée dans la fabrication des violons par le village de Mittewald, en Bavière, où, sur une population de 1.800 habitants, on ne compte pas moins de 800 ouvriers luthiers, fabriquant, chaque année, cinquante mille instruments.
Nouveautés musicales
Rhené-Baton : Prélude, pour piano.
Maurice Ravel : Jeux d’eaux, pour piano.
E. Moullé : Pièce humoristique, pour piano.
Eugène Lacroix : Bercement, pour piano.
Georges Guiot : Badinage, pour piano.
A. Bertelin : Sarabande, pour piano.
Auguste Delacroix : Évocation, pour piano.
Eugène Lacroix : Invocation, pour piano et flûte.
Georges Guiraud : Légende et danse slaves, pour flûte et piano.
René Vanzande : Marine, pour piano.
(Demets, éditeur, rue de Louvois, 2, Paris).
MM. les Artistes et Organisateurs de Concerts qui désirent qu'il soit rendu compte de leurs auditions sont priés d’adresser un double service à la Rédaction de la Revue Musicale de Lyon, 117, rue Pierre-Corneille.