Revue Musicale de Lyon 1903-11-03/Nécrologie

NÉCROLOGIE

Victorin Joncières, qui est mort la semaine dernière, était né à Paris en 1839. Il ne s’attacha à l’étude de la musique qu’après avoir essayé de la peinture. Ses œuvres se ressentirent de cette éducation musicale tardive. Cependant leur style fut toujours correct et leur structure solide : surtout il y eut en elles une franchise et une dignité rares.

Les temps où il vint étaient troublés pour la musique. Joncières se donna alors une double originalité : il fut l’un des premiers à comprendre Wagner et à proclamer — sans palinodie subséquente — sa grandeur : et cependant il ne l’imita jamais. Il resta fidèle à l’esprit et à la forme de l’ancien opéra. C’était témoigner deux fois d’une belle sincérité artistique.

Il connut une fois le grand, le vrai succès, avec Dimitri, représenté en 1876 au Théâtre-Lyrique et où l’on trouve, parmi quelques formules bien vieillies, des moments d’une assez forte émotion, des pages aussi d’un joli sentiment pittoresque. Ses ouvrages précédents : Sardanapale, le Dernier Jour de Pompéi avaient été moins heureux ; le cadre absurdement vaste de l’Opéra ne porta point bonheur à la Reine Berthe, ni à Lancelot ; mais le Chevalier Jean, qui fut joué à l’Opéra-Comique en 1885, dut à une situation admirablement émouvante une nouvelle réussite.

Ses œuvres symphoniques : la Symphonie romantique, la Sérénade Hongroise, la Mer, ont tenu au répertoire des concerts dominicaux une place importante.

M. Joncières fut pendant 25 ans critique musical à la Liberté.

Le Propriétaire-Gérant : Léon Vallas.

Imp. Waltener & Cie, 3, rue Stella, Lyon.