Retour d’Alsace, août 1914/Ammerzwiller, 22 août

Émile-Paul frères (p. 33-48).


Ammerzwiller, 22 août.

La bataille est bien finie, bien gagnée, mais le canon tonne toujours, et devant nous. Nous ne nous en inquiétons point. C’était encore l’époque où les fantassins croyaient que l’artillerie se loge entre les ennemis et eux. Pauvres artilleurs ! disions-nous. À dix heures, départ de Spechbach. On craint un retour des Allemands par Cernay et nous attendons jusqu’au soir face au Nord, dans des vergers. Tout le linge lavé le matin est retiré des sacs et pendu aux branches, d’où l’on retire, pour l’équilibre, quelques pommes. Je dicte aux sergents-majors le rapport du quartier général : nous tirons trop haut, nos tranchées sont trop hautes et trop petites, il faudra les mesurer désormais avec un homme de taille moyenne. Réclamations du lieutenant Viard, dont la compagnie est près d’un rucher, et qui a déjà deux hommes piqués. Mais interdiction formelle d’enfumer les abeilles avant le café. À cinq heures, départ dans la direction d’Altkirch. Belle route, dont les cerisiers ont été coupés au ras du sol par les Allemands. Nous retrouvons les artilleurs de Moulins, les dragons de Saint-Étienne. Quelques dragons sont montés sur de grands chevaux allemands qui ne veulent suivre, c’est leur patriotisme, que réunis en peloton. Les officiers s’y opposent. Le soir est étouffant. Assis sur les cerisiers, nous regardons vers les champs, un peu pour éviter la poussière, beaucoup pour ne pas tourner le dos à trois tombes de soldats français, tués voilà dix jours, et dont nous notons les noms sur nos carnets. Nous apprenons leur mort en même temps, à peu près, que leurs parents. Nous avons de plus le chagrin de voir les tertres faits un peu au hasard… Je ne sais pourquoi nous aurions mieux aimé pour eux des tombes parallèles.

Halte aux portes d’Ammerzwiller. Notre boucher prétend qu’on a agité trois fois une lampe dans le grenier d’une maison. Il vient me chercher, comme interprète, et nous pénétrons, boucher avec son revolver, littérateur avec sa baïonnette, dans la chambre d’une grande jeune femme à cheveux blonds qui sort du lit en criant. Puis elle sanglote ; on voit sa gorge, ses jambes, toute une franchise de réveil qui pousse le boucher à croire tout ce qu’elle dit : Elle n’a pas de lampe, elle a l’électricité, il n’y a personne dans le grenier, elle le jure. Elle dit tout cela en français, mais le boucher, pour bien comprendre, attend mon avis. Nous montons et trouvons, enfoui sous des couvertures, un homme que nous confions à la garde. Nous prenons deux otages, le vieux maire, qui vient sans résistance passer la nuit au presbytère et le jeune curé, qui proteste avec véhémence, bien que les soldats aient encore, épinglés à la capote, les Sacré-Cœur distribués à Paray-le-Monial. Ce matin, je vais aux informations et une voisine m’apprend que nous avons arrêté le faible d’esprit du village.

Vie de garnison toute la matinée. Je suis arrêté par mon adjudant des dernières manœuvres, avec lequel je dois prendre le café, et qui tente de m’apitoyer sur son échec de Saint-Maixent ; échec injuste ; on lui a demandé à l’oral ce qu’il pensait de Bensérade. Nous allons cueillir des pissenlits. Dans chaque champ, nous trouvons des cadavres de lièvres, mais inutilisables, gâtés en une heure. La chasse est le maximum de ce que peut supporter un cœur de lièvre, la guerre le fait éclater. Pas d’oiseaux non plus, à part les poules ; les poules, puisque c’est leur nom, se sont cachées les premiers jours, sont ressorties et ont repris maintenant, un œil sur chaque oreille, la chasse au roi des lombrics ; la guerre durera longtemps… Toute la question est de savoir si l’admissibilité comptera après la paix !

Nous revenons par le corps de garde où ma compagnie, qui est de jour, a pendu toutes les enseignes suspectes de la ville : À la pomme impériale, À l’empereur à barbe rouge. Elle collectionne aussi toutes les plaques officielles des rues, et à chaque instant un généreux donateur arrive, apportant des panonceaux ou des affiches. On se croirait à Carnavalet un jour de générosité. Bientôt tout le déguisement prussien du village est rassemblé dans cette salle ; indications ou prescriptions si dédaigneuses pour le passant qu’elles font naître immédiatement l’ordre ou la vérité contraire dans un cœur français : Ordonné de passer sur la voie quand le train arrive — Obligatoire de battre les animaux — Enschingen pas à 7 kilomètres, Enschingen à 1.000 kilomètres !… L’innocent est toujours là, mais il ne sait que l’allemand. Bardin s’occupe de lui offrir le café et, pour trouver des relations communes, essaye de lui faire entendre qu’il a connu un Boche, à Vichy, un garçon d’hôtel. Il a connu aussi un idiot, qui vendait des journaux et auquel on n’a jamais pu repasser une pièce fausse ; il ne faudrait pas croire que les idiots soient plus bêtes que les autres.

Rencontré le lieutenant Bertet. Il n’en revient pas d’être déjà en Alsace. Il n’avait pris que des cartes de Prusse et de Bavière, comme s’il s’agissait dans cette guerre de délivrer la Pologne et je dois lui céder mes deux pauvres petites cartes de Colmar et de Strasbourg. Il ne me laisse qu’un plan des irrigations de la forêt de la Hardt, trouvé à la mairie. Je ne risque plus de me noyer dans cette forêt… Je pense avec un peu de pitié à mes amis alsaciens, Braun, Beyer, partis avec le 102, le sac bourré de cartes des Vosges, qui s’acharnent sans doute en ce moment sur le Luxembourg belge ou le Luxembourg luxembourgeois, qui couchent ce soir à Malines, à Bruges et doivent trouer, pour arriver à la bataille, tous les décors de Rodenbach, qu’ils n’aimaient guère, alors que nous tenons déjà, par quinze jours de marche pacifique, le seul enjeu de la guerre. Nous avons une belle dette envers l’officier d’état-major auvergnat qui fit sournoisement désigner, sur les plans de mobilisation, les Auvergnats pour reprendre l’Alsace !

Les hommes sont moins pris au dépourvu que Bertet. Je m’étonne de l’instinct avec lequel ils occupent et ils traitent chaque village. D’abord ils payent tout en or. Ils auront le temps, disent-ils, de passer leurs billets en Allemagne ; de chacun de leurs gestes, jaillit une pièce de cent sous. Ils ne donnent pas non plus, comme notre état-major de brigade qui nous interdit toute sonnerie, toute entrée en musique, l’impression de chercher la vraie frontière à l’intérieur même de l’Alsace. Ils mettent les horloges à l’heure de la France, ils grattent les mots allemands sur les murs, ils se délivrent vraiment de la petite peine et de l’humiliation qu’on leur infligea chaque année, à l’école, en leur contant 70. Il est dur, quand on se sait la plus forte nation du monde, d’apprendre que les autres vous battent ! Pas un qui n’eut convenu avec sa famille d’une phrase spéciale pour annoncer qu’il était en Alsace, dictionnaire enfantin que tous ont copié, de sorte que chaque lettre, chaque carte, commence par ces mots : le sac n’est pas lourd, ou le ceinturon ne serre pas, ou les souliers ne prennent pas l’eau, définitions négatives de leur bien-être et qui voudront dire, une fois révélées par l’air pur de Pontgibaud ou de Thiers : « On est vainqueur », « On approche de Strasbourg », « On voit le Rhin ». On pourrait le voir en effet du haut du clocher avec une jumelle marine, affirme le curé, qui affecte aussi de compter en milles marins — 15 — la distance qui nous en sépare. Pas un socialiste qui ne plaigne Déroulède. Ma compagnie, qui est de jour à la mairie, à cause des cartes, des globes, des affiches se sent plus que les autres à l’honneur. Rétoil, qui est marbrier au cimetière de Volvic et nous a promis à chacun sa meilleure inscription, grave en attendant dans le marbre de la cheminée :

16 août 1870 19 août 1914
Rezonville. Enschingen.

Sur la carte, où le pays annexé est en carmin, et la France en blanc, on passe au crayon rouge la France, que l’Alsace conquiert ainsi en une minute. Mon tambour, qui est de Bruère, le petit bourg du Bourbonnais où se dressait autrefois, raconte-t-il, le centre de la France, — il y a une colonne carrée faite de deux sarcophages romains trouvés aux environs — se réjouit que Bruère ait repris son rang, l’écrit à sa famille, essaye de l’expliquer au maire avec des ficelles tendues de Dunkerque à Perpignan… le maire ne comprend pas… l’Allemagne n’a pas de centre… Souvent les soldats ont recours à moi pour parler allemand, mais je ne suis qu’un interprète pour mots abstraits. À part les oignons, pour lesquels je suis d’un réel service, un soldat français peut tout se procurer par gestes. Ils n’usent de moi que pour calmer le doute qu’ils ont eu, en voyant qu’on n’illuminait pas en Alsace, qu’on n’y parlait pas français. Ils cherchent avec une bonne volonté inépuisable l’Alsacien qui leur dira : — quelle joie de vous voir ! Quelle honte que les Allemands ! Ils essayent, par des insinuations naïves sur la folie du kronprinz, de mettre à l’aise leurs hôtes. On m’invite au café dans cette grange pour que je demande à la vieille si elle est contente de nous voir. Comment se dit contente ? Toute la journée on lui répétera le mot « zufrieden » qui deviendra le soir un lambeau allemand méconnaissable, auquel la vieille continuera de répondre en hochant la tête. Pas un fumeur, pas un enfant, qu’ils ne me fassent interroger sur les cigognes, sur Strasbourg, sur les têtes de pipe. Si l’un d’eux fait mine de dire que le patois alsacien ressemble quand même au prussien, les autres me chargent de lui expliquer que la différence est colossale, qu’au lieu de Haus, la maison, on dit Hus, au lieu de Deutsch, l’Allemand, on dit Schwob. Peut-il y avoir plus d’écart ! Une fermière a son mari à la prison de Colmar, sa ferme ne désemplit pas : « Brave Alsacienne-Lorraine ! » répètent-ils… et, dans certaines maisons renfrognées c’est eux qui apportent l’Alsace : ils trouvent à coller sur la porte, comme sur les autres, un portrait de Sainte-Agnès ; ils passent au ripolin rouge les poutrelles extérieures, et mettent des fleurs sur les accoudoirs. Égalité française : il y a bientôt le même nombre de géraniums à chaque fenêtre du village. Tous fiers, d’ailleurs, de leur conquête, étalant avec complaisance les culottes rouges qu’ils ont lavées aux alentours des maisons d’otages.

La guerre vient juste à temps ; dix ans de plus, et c’était trop tard. Dans chacun des villages que nous avons traversés jusqu’ici les enfants ne parlent plus français. On a tout au plus l’impression que jadis, jadis ils l’ont parlé. Ils nous escortent avec enthousiasme, mais dès que nous leur parlons, ils s’arrêtent, leur sourire cesse, ou bien ils se précipitent chez eux, questionnent leur mère et nous rapportent une phrase incompréhensible de trois mots boiteux : c’est tout ce qu’il reste de français à la maison. Je me décide à leur parler allemand : pour qu’ils comprennent mieux, j’emploie mon haut allemand le plus clair, la langue officielle des théâtres de Meiningen et de Weimar, le hanovrien saccadé des auteurs juifs qui déclament les traductions de Verlaine. Je demande à deux fillettes où l’on peut trouver des confitures, du miel. Elles éclatent de rire, comme on rit d’un acteur qui déclare se nourrir de miel, de compotes. Je voudrais savoir aussi où est l’école : acteur bizarre, qui va à l’école ; elles m’accompagnent en se contenant à peine. Voici l’école ; elles me montrent les cahiers de composition, écrits tous en allemand, dans une écriture raide de parade, cahiers que l’empereur pourrait honorer d’un regard. Dessins orgueilleux dont le moindre est un palais de l’agriculture citadine ; problèmes d’arithmétique à la donnée dure et sèche, que l’on a envie de résoudre par la chimie, et qui vous font restituer, sous peine de correction, les chiffres, les stères, les kilomètres. Pas un mot de français. À Saint-Cosme seulement, chaque dictée, quel qu’en fût le sujet, Charlemagne ou Geneviève de Brabant, — les instituteurs alsaciens choisissent toujours leurs héros dans leur méridien — était suivie d’une phrase à nous, sans rapport avec le texte : « L’oseille est un légume », « l’ail est une plante », « la coquetterie est un vice ». Brave maître d’école qui bordait les massifs impériaux de persil et de défauts français. Voici le cahier de ma fillette la plus grande : elle a très mal en histoire ; elle n’a pas su la mort de Frédéric II. Elle m’affirme qu’elle ne recommencera pas ; et tient à me réciter tous les grands hommes qui sont morts, mal assurée pour ceux qu’elle aime. — C’est ainsi que nous passons notre journée entre les enfants et entre les vieillards, nous vieillissant ou nous rajeunissant selon nos rencontres, car vieux et enfants ne vont pas ici ensemble, comme en France, et nous conquérons un pays où l’âge adulte n’existe pas.

Journée et rencontres de garnison : je suis chargé d’imprimer le cachet du régiment sur les permis d’habitants qui veulent acheter des provisions aux environs. Je les accompagne jusqu’à la ligne des sentinelles, face au clocher du village où ils vont, et les lâche comme une élastique. Rencontré Jalicot, qui a adopté un vrai petit muet ; n’ayant pas l’allemand entre eux, tous deux se comprennent à merveille. Rencontré Artaud, qui est rayonnant, qui s’est pris le pied dans la roue de sa voiture, a cogné la tête dans le marchepied, et est retombé sur une botte de paille ; il aurait voulu le faire qu’il n’y serait jamais arrivé. Notre chien de chasse suit mes promenades quand je prends un fusil et m’abandonne quand je me contente du revolver. Je le mystifie en l’emmenant à la pêche, un ruisseau coule au bas du village.

Il fait chaud, et je m’arrête au milieu de la prairie, près du lieutenant Michal. C’est notre guide : il est petit, modeste, doux ; le général de la division a choisi pour marcher en tête des régiments de réserve, les contraires des tambours majors de l’active ; le guide du 230 est C…, le plus petit romancier de France : celui du 305, B…, journaliste silencieux, qui prend des notes. — « Voilà des régiments qui réfléchissent », doivent se dire les bourgs qui ont vu la veille défiler à l’étourdie des zouaves ou des chasseurs. Michal étudie sa carte. Il s’est étendu dans l’herbe suivant la ligne du Rhin et, orienté vers le Nord, distribue ses points et ses demi-points cardinaux aux clochers les plus distincts ; à chaque halte, il s’installe ainsi, se couche, — le colonel dit : « Michal cherche notre niveau », — et le lendemain il nous conduit sans erreur par les plus petits chemins, même s’il n’y a pas de villages, et s’il a dû confier le Nord et le Sud à de simples rochers ou à de simples arbres. Souvent je l’ai rejoint, sur ces routes alsaciennes qu’il a plus de plaisir à fouler qu’un autre, car il est ingénieur des mines et il n’oublie pas une minute combien le sol conquis est profond. Nous marchions de son pas régulier, qu’il règle à sa montre ; dans cette avant-garde de calme où l’on ne connaît rien des bousculades et des galopades de l’arrière, nous parlions de la guerre, à laquelle il n’avait jamais cru et à laquelle il s’était pourtant préparé avec minutie depuis son enfance. Chaque année, il la jugeait plus impossible, et chaque année un instinct le poussait à acheter un album d’uniformes allemands, ou un couteau de guerre, ou un sifflet de campagne, un imperméable. Il ne lui manquait plus, au début d’août, qu’une ceinture pour l’or. Il avait l’or. Son instinct n’était en retard que d’une année. Pendant les huit jours d’attente à Roanne, je l’ai rencontré souvent à la bibliothèque des officiers, où il empruntait tous les livres de guerre : Foch, Langlois, Napoléon… Le jour du départ, le bibliothécaire a dû lui laisser les Commentaires, de même qu’il a dû laisser au lieutenant Bertet le Mariage de Chiffon. Toujours illuminé par ses lectures, il m’explique aujourd’hui notre manœuvre d’Enschingen. On devine qu’il porte en lui tous les plans des combats, d’échelle différente, moderne et ancienne, il compare notre mouvement, pour que je le comprenne bien, à la plus grande bataille du monde, à Austerlitz ; il m’explique Flaxlanden par une petite défaite athénienne. Moins que des soldats ou des peuples, il voit des victoires ennemies se précipiter l’une contre l’autre, Wattignies contre Sedan, Denain contre Waterloo. De nos armes, de nos navires, il parle avec le même jugement impartial et transparent ; à l’entendre, tout devient balistique, capillarité, et je rattrape à peine par les trajectoires de ses fusils, mon pauvre régiment, qui me semble presque inutile. Il m’explique les vallées, les rivières, comme si son rôle était de prouver le déterminisme de la guerre à un sergent. Guerre que nous imaginions tous, dans notre inconscience, une guerre d’été, et qu’il a vue, dès le début, souffrir des douleurs des quatre saisons, car il me rappelle qu’au Cameroun il pleut, qu’en Chine il gèle… Il étend la guerre sous toutes les zones comme un nouveau continent… Guerrier que je suis, je sens ma part de froid me gagner, ma part de neige, je prévois une seconde les tranchées, les inondations, les fièvres. De l’Alsace aussi il me parle si nettement, dans son esprit, comme sur ses photos, comme dans ce pré bordé directement par les Vosges et le Rhin et où nous pouvons planter, plus légitimement que sur la carte même, des épingles avec des drapeaux, je la sens si étroite, si délimitée, si seule, qu’il en a bientôt détaché cette Lorraine, que nous lui avons donnée pour compagne. Les deux deuils de 70, confondus par égoïsme ou par hasard en un seul deuil, il les sépare en moi autant que si les deux provinces perdues étaient aux deux extrémités de la France. Il m’enlève l’illusion, prenant Spechbach, d’avoir conquis du même coup un bourg lorrain de même grandeur. Nous sommes l’armée d’Alsace. Que notre corps actif s’occupe de la Lorraine ! Tristesse d’apprendre que celui auquel vous croyiez un jumeau est seul et ne ressemble à personne. Il me ramène vers un village où tout maintenant me semble dédoublé, de ce qui avait pour moi un double sens. La claire lumière de Metz ne l’illumine plus, derrière chaque maison rouge, a disparu la silhouette d’une maison blanche, et derrière l’église, haute et simple, celle d’une cathédrale sculptée…

Il me quitte ; il doit acheter du jambon et du vinaigre, car les officiers l’ont naturellement chargé de leur cuisine, comme ils en chargent immanquablement tout professeur, tout prêtre, tout poète. Je rejoins les sergents de la 20e et dîne avec eux. Repas silencieux jusqu’au moment où Forest s’offre à découper le lapin en disant : je suis jeune il est vrai, mais aux âmes bien nées. J’ai déjà remarqué que rien ne paraît plus drôle aux sous-officiers de l’active qu’un vers fameux. Tous éclatent. Roger crie : Percé jusques au fond du cœur ! Chalton : Prends un siège, Cinna. Le dîner s’achève dans la joie.