Reliefs à pièces mobiles pour géométrie descriptive

RELIEFS À PIÈCES MOBILES
destinés à l’enseignement de la géométrie descriptive.

La géométrie descriptive est une des sciences les plus fécondes en applications. Elle sert à la construction des cartes géographiques, à l’art militaire pour le tracé des fortifications, en gnomonique, en mécanique usuelle, en topographie. Elle peut suppléer l’analyse mathématique et permet de trouver, par l’emploi de la règle et du compas, la solution des problèmes de l’espace. Elle apprend à l’artiste la distribution des ordres et des lois de la perspective. Enfin, des sciences appliquées de la plus haute importance, la charpente et la coupe des pierres, sont à la descriptive ce que l’arpentage est à la géométrie ordinaire.

Toutefois, toute personne ayant étudié la géométrie descriptive sait combien les premiers éléments de cette science présentent de difficultés. Il s’agit en effet de voir, d’après une épure tracée sur une feuille plane, des figures ayant longueur, largeur et épaisseur. Or l’épure ne se propose pas, comme un tableau ou comme un dessin ordinaire, de produire sur l’œil la même impression que l’objet ; elle cherche plutôt à fournir les dimensions exactes de celui-ci en permettant les mesures par la règle et le compas. C’est donc un dessin au trait qui, en vue d’avantages particuliers, est établi d’après des règles purement conventionnelles. De façon que, pour revenir de celte abstraction à la réalité des choses, il faut forcément construire des reliefs à moins que, l’on ne possède déjà cette faculté si précieuse devoir dans l’espace^ qui ne s’acquiert qu’à la suite d’études persévérantes.

C’est pourquoi, depuis longtemps déjà, on a construit des collections de reliefs correspondant aux diverses ép’ures du cours de description. Mais pour tirer quelque utilité d’un relief, il ne suffit pas de le voir de loin dans une vitrine ou sur la table d’un professeur. Il faut l’examiner de près, à loisir, le monter et le démonter soi-même, étudier successivement le relief et l’épure, et comparer.

La plupart des collections qui ont été publiées jusqu’ici sont encombrantes, coûtent cher et pour ces deux raisons ne peuvent être acquises que par les grandes institutions. Elles sont par suite peu profitables à l’enseignement.

On apprendra donc avec plaisir qu’un do nos plus habiles professeurs de mathématiques, M. À. Jullien, s’est proposé de construire une collection de reliefs qui à une exactitude irréprochable, allie un extrême bon marché. Grâce à la mobilité dos pièces qui la composent, cette collection, quoique comprenant trente reliefs, tient tout entière dans une boîte moins volumineuse que beaucoup de dictionnaires, et qui prend facilement place dans un pupitre. Son prix est celui d’un traité de géométrie et l’on pourrait par conséquent lui prédire un succès complet, si ce succès n’était déjà obtenu. Les éditions succèdent rapidement aux éditions, et le débit ne faiblit pas. Le dessin que nous donnons ici représente le relief n° 25, destiné à faire comprendre les proportions qui se rapportent à l’angle de deux droites situées d’une manière quelconque dans l’espace. Un simple morceau de carton phé et retenu dans de petits supports en fils de fer constitue les deux plans rectangulaires de projection. Quelques fils représentent les lignes dont on étudie les propriétés et dont le carton porte les traces. Il suffit de retirer les supports pour que le carton puisse reprendre la forme plane et pour que le relief fasse place à une épure ordinaire.

Quelques professeurs prétendent que les reliefs, en faisant appel aux sens, rendent paresseuse l’intelligence et nuisent au développement des facultés déductîves : « Nulle opinion, répond avec raison M. Jullien, nulle opinion peut-être n’estplus funeste à l’enseignement. L’appel aux sens ! Mais les sens sont de puissants auxiliaires dont le concours n’est pas à dédaigner.

Font-ils autre chose que d’en appeler aux sens, les physieiens et les chimistes par leurs expériences, les géographes par leurs cartes, les géomètres par les figures dans le texte ? Un relief n’est en définitive qu’une figure comme celle d’un livre ayant sur celleci l’avantage selon les uns, l’inconvénient selon les autres, de présenter la question avec plus de netteté. Certes, il faut arriver à voir dans l’espace sans le secours de reliefs ; mais pour le débutant, les premières leçons de descriptive sont d’une excessive difficulté, et pour parvenir à les comprendre, les professeurs dont il s’agit, aussi bien que les autres, ont du faire appel à leurs sens et construire de véritables reliefs avec des livres, des crayons et des règles. Est-ce à dire qu’il faut laisser l’élève chercher, tâtonner, afin do développer chez lui l’esprit d initiative ? Erreur ! Si vous voulez que votre élève avance, commencez par le mettre sur la voie dans les meilleures conditions possibles. Les sujets d’exercice ne lui manqueront pas. »

Les avantages de ces petites figures sont trop manifestes pour que nous croyions devoir y insister plus longuement ; nous nous contenterons d’ajouter que les adversaires de reliefs nous font l’effet de chefs d’ateliers qui, sous prétexte de les habituer à vaincre des difficultés, priveraient leurs apprentis de bons outils pour leur en donner de mauvais.

Stanislas Meunier.