Traduction par H. Ternaux-Compans.
Arthus Bertrand (p. 23-25).

CHAPITRE III.


Nous arrivons à la Floride.



Le même jour, le contador Alonzo Enrriquez débarqua dans une île située dans la même baie. Il appela les Indiens : ceux-ci restèrent avec lui assez longtemps, lui donnèrent en échange du poisson et quelques pièces de viande de cerfs. Le lendemain, c’était le vendredi-saint, le gouverneur débarqua avec le plus de monde qu’il put faire entrer dans les chaloupes. Quand nous arrivâmes aux buhios ou cases d’Indiens que nous avions aperçus, nous les trouvâmes abandonnés, car les habitants s’étaient enfuis la nuit même dans leurs canots. Un de ces buhios était si grand, qu’il pouvait contenir plus de trois cents personnes : les autres étaient moins vastes ; nous y trouvâmes une clochette en or parmi des filets. Le lendemain, le gouverneur planta l’étendard royal, puis il prit possession du pays au nom de votre majesté : il donna connaissance de ses lettres de nomination, et on le reconnut pour gouverneur du roi en vertu de ces ordres. Nous-mêmes nous fîmes lire les nôtres en sa présence, et il les reconnut suivant leur teneur. Après quoi il donna l’ordre de débarquer et de faire mettre à terre les quarante-deux chevaux qui nous étaient restés : la longue traversée et les gros temps avaient fait périr les autres. Ces chevaux étaient si malades et si faibles qu’ils ne pouvaient nous être d’une grande utilité pour le présent. Le lendemain les Indiens du village vinrent nous trouver : ils nous parlèrent ; mais comme nous n’avions pas d’interprètes, on ne les comprit pas. Ils nous firent des signes et des menaces, et nous crûmes qu’ils nous disaient de sortir du pays ; cependant ils nous quittèrent sans commettre aucun acte de violence.