Relation d'un voyage à la côte du nord-ouest de l'Amérique septentrionale/Préface


PRÉFACE.


Quand j’écrivais mon journal sur le vaisseau qui m’a porté à la côte du Nord-Ouest de l’Amérique Septentrionale, ou dans les contrées sauvages de ce continent, j’étais loin de penser qu’il pourrait être mis un jour sous les yeux du public. Je n’avais d’autre but en l’écrivant que de procurer à ma famille et à mes amis, un détail plus exact et plus suivi de ce que j’aurais vu ou appris dans le cours de mon voyage, qu’il ne m’eût été possible de le faire par un narré de vive voix. Depuis que je suis de retour dans ma ville natale, mon Manuscrit a passé dans différentes mains, et a été lu par différentes personnes : plusieurs de mes amis m’ont d’abord conseillé de le faire imprimer ; mais ce n’est que dernièrement que je me suis enfin laissé persuader que, sans être savant naturalisé, habile géographe, ou moraliste profond, un voyageur pouvait encore intéresser par l’exposé fidèle et succinct des situations où il s’est trouvé, des aventures qui lui sont arrivées, et des incidens dont il a été témoin ; que si une narration simple et ingénue, dénuée du mérite de la science et des grâces de la diction, devait être moins goûtée de l’homme de lettres et du savant, elle avait en récompense l’avantage d’être à la portée d’un plus grand nombre de lecteurs ; qu’enfin le désir de procurer de l’amusement à ses compatriotes, selon sa capacité, et sans aucun mélange d’amour-propre d’auteur, ou d’intérêt pécuniaire, devait être un titre bien fondé à leur indulgence. Si j’ai bien ou mal fait de me rendre à ces suggestions, que je crois devoir regarder comme celles de l’amitié, ou de la bienveillance, c’est au lecteur impartial et désintéressé qu’il appartient d’en décider.