Les Ailes d’or : poésies nouvelles, 1878-1880Bibliothèque-Charpentier (p. 49-50).

REFUS D’AIMER

Où porter un amour que meurtrit toute chose,
Qu’au silence des morts les deuils ont résigné ?
Je retrouve mes pleurs au cœur de chaque rose ;
Il n’est pas de gazon où mon cœur n’ait saigné.

La Nature n’est plus à mon âme lassée
Qu’un grand tombeau fermé sur mes bonheurs défunts,
Qu’une coupe en morceaux d’où l’ivresse passée
Parfois s’exhale encore en fugitifs parfums.

À la beauté qui passe en chantant l’espérance,
Le front rempli de rêve et les yeux de soleil,
Il faut mieux qu’un amour pour qui tout est souffrance
Et qu’une ombre éternelle à la nuit fait pareil !