La Maison de la bonne presse (p. 102-105).


AMEN.


Ah ! viens, viens, le bois nous invite !
Fuyons les bruits de la cité,
Loin de la foule qui s’agite
Et de sa factice gaîté.

Allons dans la paix, le silence,
Respirer le parfum des fleurs,
Puis aux bras d’or de l’espérance
Suspendons le nid de nos cœurs !


Vois-tu, là-bas, cette colline
Fuyant sous les arbres ombreux ?
Au pied, le lac qui la câline
Dans le miroir de ses flots bleus ?

Là, l’on entend dans le mystère,
Dans les feuilles, dans les rameaux,
Des voix qui n’ont rien de la terre,
Se mêlant au chant des oiseaux.

Cupidon y fait sa retraite…
Viens, ma chérie, il nous attend !
Je sens de loin l’ombre discrète
Qui sur nos fronts ravis descend.


Cherchons le bonheur, fille d’Ève,
Cette fleur aux parfums exquis
Qui ne fleurit que dans le rêve,
Dans le silence, loin des bruits.

N’entends-tu donc pas dans ton âme,
Cette mélodieuse voix
Qui la caresse, qui l’enflamme,
Et lui dit : « aime, espère et crois ? »

Ces trois mots, de la vie humaine,
Sont le doux charme et le soutien ;
Ce sont les anneaux de la chaîne
Qui semble unir mon cœur au tien.


À ce motto, soyons fidèles,
Volons vers ce nouvel Éden !
Si l’amour nous ouvre ses ailes,
En souriant disons : « Amen ! »


Septembre 1893.