Recueil des lettres missives de Henri IV/1576/22 décembre ― À monsieur de Trignan



1576. — 22 décembre.

Orig. – Arch. de la famille de Treignan. Communication de M. Jubé, sous-chef de bureau au ministère de l’Instruction publique.


À MONSR DE TRIGNAN,

CHEVALIER DE L’ORDRE DU ROY, GOUVERNEUR ET LIEUTENANT GENERAL POUR SA MAJESTÉ A BAYONNE.

Monsr de Trignan, J’ay receu la lettre que vous m’avés escripte le xiie du present, et esté bien ayse de la bonne volonté que vous avez envers moy, non poinct que j’en doubtasse, mais pour ce que telle recommandation desnote la fermeté d’icelle, en laquelle je vous prie continuer, sans entrer en opinion que je reçoive aulcun rapport qu’on me pourroit faire de vous pour le croire avant que vous ouir. Car je me garderay de juger de ceste façon, vous asseurant que vous n’avez occasion d’estimer que aulcun me soit venu dire de vous chose indigne d’un gentilhomme d’honneur. Que si vous avez receu quelques lettres du Roy mon seigneur et de moy, elles tendent plus à la declaration de son bon plaisir, pour l’auctorité qu’il m’a donnée en ce gouvernement de Guyenne, que pour vos taxes. Et quoy que ce soit, vous pourrez tenir pour certain que je vous seray amy et vous tiendray en la reputation d’un gentilhomme d’honneur et fidele subject du Roy mon dict seigneur. A ceste cause ne cessez de faire charge et proceder aux observations que avez en commandement, y employant tous ceulx qui y sont tenus, sans espargner ceulx de ma vicomté de Marenne[1], selon qu’ils y peuvent estre tenus de tout temps, vous priant tenir la main qu’ils ne soient surchargez[2]. Et d’aultant que la lettre du corps de la ville de Bayonne n’a d’aultre argument que la vostre, je vous prie leur communiquer ceste cy, afin qu’ils cognoissent que je veulx et entends me conformer au bon plaisir de Sa Majesté et leur porter bonne affection, comme je fay ; priant Dieu vous donner, Monsr de Trignan, sa saincte grace. A Agen, ce xxije jour de decembre 1576.

Vostre bon amy,


HENRY.


  1. Le pays de Maremme ou Marenne est la partie des Landes qui s’étend entre Dax et la mer.
  2. Voir la lettre du 13 septembre 1576, IIe.