Recueil des lettres missives de Henri IV/1576/16 juin ― À messieurs les maire, eschevins et pairs de la Rochelle



1576. — 16 juin. – IIe.

Cop. – Biblioth. de la Rochelle, Mém. historiques, Mss. de Baudoyn, membre du corps de ville en 1589. Transcription de M. le bibliothécaire. Envoi de M. le préfet.


[À MESSRS LES MAIRE, ESCHEVINS ET PAIRS DE LA ROCHELLE.]

Messrs, Ayant receu vos lettres et entendu vos deputez, je leur ay en particulier et à part faict response bien au long. Oultre laquelle, pour l’asseurance que je desire vous donner de ma bonne et sincere volonté en vostre endroict, je vous diray, Messrs, que je ne veulx aulcunement et n’entends diminuer en rien vos anciens privileges, franchises et libertez ; au contraire je desire de [les] vous conserver de tout mon pouvoir. Mais aussy est-il bien raisonnable que je garde ce qui est de mon auctorité, comme le feu Roy mon pere a faict[1]. Laquelle ne debvés aulcunement craindre qu’elle vous porte prejudice ; car tenant le rang que je tiens, il n’y a personne aultre, si ce n’est le Roy et Monsieur, qui y puissent rien pretendre ; et où de mon vivant aulcun le vouldroit faire, je me sens assez fort pour l’en empescher trez bien, et y employer tous mes moyens jusques à ma propre vie. Estant donc à moy de vous conserver en cela et en ce qui vous est accorde par la paix, tenés-vous asseurés, Messrs, que je le feray, en sorte que l’on cognoistra plus tost l’union qui doibt estre entre nous tous, et l’affection particuliere que je vous ay tousjours portée, qu’aulcune diminution de ce qui vous peut appartenir ; vous priant aussi garder de vostre part le respect qui m’est deub, et me faire incontinent response sur ce que vosdicts depputez vous diront plus particulierement. Attendant laquelle, je prieray Dieu, Messrs, vous avoir en sa trez saincte et digne garde.

Escript à Niort, ce xvje jour de juin 1576.

Vostre bon amy,


HENRY.


  1. En qualité de gouverneur de Guienne. Voyez la lettre suivante.