Réveillez-vous, Picards et Bourguignons


RÉVEILLEZ-VOUS,
PICARDS ET BOURGUIGNONS


Réveillez-vous, Picards, Picards et Bourguignons,
Et trouvez la manière d’avoir de bons bâtons,
Car voici le printemps et aussi la saison
Pour aller à la guerre donner des horions.
 
Tel parle de la guerre qui ne sait pas que c’est ;
Je vous jure mon âme, que c’est un piteux fait,
Et que maint homme d’armes et gentil compagnon
Y ont perdu la vie et robe et chaperon.
 
Où est ce duc d’Autriche ? Il est aux Pays-Bas ;
Il est en basse Flandre avecque ses Picards,
Qui nuit et jour le prient qu’il les veuille mener
En la haute Bourgogne pour la lui conquêter.
 
Adieu, adieu, Salins, Salins et Besançon,
Et la ville de Beaune là où les bons vins sont ;
Les Picards les ont bus, les Flamands les paieront
Quatre patards[1] la pinte, ou bien battus seront.

  1. Petite monnaie de cuivre.