Réponse au Phalanstère


Dans un article du dix-septième numéro du Phalanstère, intitulé : Obscurantisme au dix-neuvième siècle, M. Abel Transon, ex-saint-simonien, se plaint amèrement que la Revue des Deux Mondes ait refusé d’insérer un article de M. Victor Considérant sur la doctrine de M. Fourier. La Revue des Deux Mondes n’a fait aucune difficulté d’annoncer en son temps le cours de M. Jules Lechevalier au sujet de cette même doctrine, et elle se réserve d’examiner, sous un point de vue critique, le système de M. Fourier, dont elle observe avec intérêt le développement. La Revue des Deux Mondes est amie de toute publicité, et il est faux d’imputer à ceux de ses rédacteurs dont les travaux ont un caractère spécialement philosophique, aucune exclusion aveugle, qui serait bien plutôt le propre des sectaires et des fanatiques de tout genre. Mais, en même temps, la Revue des Deux Mondes ne se croit nullement obligée, sous peine d’obscurantisme, d’insérer les homélies de M. Transon, hier saint-simonien et aujourd’hui fouriériste : elle n’a pas jugé à propos d’insérer l’article de M. Victor Considérant, parce que cet article de M. Considérant et d’autres encore, pour lesquels la Revue a été sollicitée, lui ont paru secs, sans critique, d’un jargon mathématique à la fois et métaphorique, sentant le disciple d’une lieue ; en un mot, parce que ces articles n’étaient point à la convenance de la Revue. Mais il est permis à la Revue de ne pas insérer les articles de M. Victor Considérant et de n’être pourtant pas obscurantiste. Il serait possible aussi, nous le croyons, aux jeunes et ardens philanthropes qui rédigent la Phalanstère, de vouloir le bien de l’humanité, de le proposer selon les formes qui leur paraissent efficaces, et de n’être pourtant ni si âpres ni si haineux envers des hommes qui tendent au même but, et dont tout le tort est de ne pas admettre leur spécifique universel.