Répertoire national/Vol 1/Mes Sentiments

Collectif
Texte établi par J. Huston, Imprimerie de Lovell et Gibson (Volume 1p. 255-256).

1835.

MES SENTIMENTS.


Le tyran qui mine et désole
Le toit des vassaux et des rois,
Le temps au passé qui s’envole
Vient de jeter douze autres mois :

Que de maux, de pleurs et de joie,
Que de grands projets superflus,
En un jour deviennent sa proie ?
Un an s’efface ! ils ne sont plus.

Naguère, encore dans l’enfance,
Nos pères étaient jeunes, frais :
Leurs cœurs palpitaient d’existence,
Ils s’égayaient dans leurs banquets.
Plus vieux, ils aimaient dans les fêtes
À voir leurs enfants éperdus
Danser, de fleurs orner leurs têtes :
Un demi-siècle ! ils ne sont plus.

La vie est un brillant mirage
Qu’un moindre souffle peut ternir ;
La scène où se fait le partage
Du passé d’avec l’avenir.
Ah ! nous, tremblants de sa menace,
Nous avons vu dans son courroux
Sa mort décimer notre race !
Encore un an ! où serons-nous ?