Répertoire national/Vol 1/Les Plaisirs de l’Amour

Collectif
Texte établi par J. Huston, Imprimerie de Lovell et Gibson (Volume 1p. 352).


1837.

LES PLAISIRS DE L’AMOUR.


 
Passer sa vie à chérir ce qu’on aime,
Se voir payer d’un trop juste retour,
Le cœur nous dit que c’est le bonheur même :
C’est ce qui fait les plaisirs de l’amour !…

Vous ignorez le bonheur de ce monde,
Le calme est loin de votre affreux séjour :
Avec l’hymen cherchez la paix profonde,
C’est ce qui fait les plaisirs de l’amour !…

Vous qui voulez vous piquer de sagesse,
Sur son autel sacrifiant un jour,
Vous bénirez le joug d’une maîtresse !
C’est ce qui fait les plaisirs de l’amour !…

Exister seul, isolé d’une Elvire,
J’aimerais mieux n’avoir pas vu le jour !
Son doux regard ou bien son doux sourire,
C’est ce qui fait les plaisirs de l’amour !…

Couler ses jours dans le sein du ménage,
Auprès d’un ange à qui l’on fait la cour,
Qui met vos jours à l’abri de l’orage,
C’est ce qui fait les plaisirs de l’amour !…

J. G. Barthe[1]
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  1. M. J. G. Barthe est né sur la terre d’Acadie, au bord de la mer Atlantique, le 15 de Mars 1816. Il vint au Canada encore tout jeune. En 1838, M. Barthe, alors étudiant en droit aux Trois-Rivières, y fut emprisonné le 2 Janvier, pour la publication, dans le Fantasque, d’une pièce de vers adressée aux Exilés Politiques Canadiens envoyés à la Bermude par un ukase de Lord Durham. Cet emprisonnement dura jusqu’au 16 de Mai de la même année. Admis au barreau, M. Barthe vint s’établir à Montréal comme avocat. On lui confia, en 1840, la rédaction de l’Aurore des Canadas, seul journal français qui existât alors, à Montréal. En 1841, il fut élu membre de l’Assemblée Législative par le comté d’Yamaska. Ayant perdu son élection, dans le même comté, en 1844, il abandonna quelques mois plus tard la rédaction de l’Aurore des Canadas. En 1846, Lord Cathcart, alors administrateur de la Province, le nomma Greffier de la Cour d’Appel ; charge qu’il occupe encore aujourd’hui.