La nuit est noire et le ciel sans étoiles ;
Le vent mugit et frappe, en vain, nos voiles
Que durcissent les frimas.
Adieu patrie ! adieu, plus d’espérance.
Adieu ma femme et ma chère Clémence,
Vous ne me reverrez pas.
De la tempête augmente la furie :
La mer blanchit le navire qui crie,
C’en est fait, nous coulons bas !
Adieu patrie ! adieu, plus d’espérance.
Adieu ma femme et ma chère Clémence,
Vous ne me reverrez pas.
Vous m’attendez à cette heure peut-être,
Et vous croyez toujours me voir paraître
Froid et couvert de frimas.
Adieu patrie ! adieu, plus d’espérance.
Adieu ma femme et ma chère Clémence,
Vous ne me reverrez pas.
Au cap lointain vacille une lumière…
Mais le vaisseau brisé sombre à l’arrière,
Tous s’élancent dans les mâts.
Adieu patrie ! adieu, plus d’espérance.
Adieu ma femme et ma chère Clémence,
Vous ne me reverrez pas.
Tout disparut sous la vague profonde ;
Et le marin qui luttait contre l’onde
Répétait encor tout bas :
Adieu patrie ! adieu, plus d’espérance.
Adieu ma femme et ma chère Clémence,
Vous ne me reverrez pas. f. x. garneau.
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