Répertoire national/Vol 1/Le Marin

Collectif
Texte établi par J. Huston, Imprimerie de Lovell et Gibson (Volume 1p. 242-243).

1834.

LE MARIN.

La nuit est noire et le ciel sans étoiles ;
Le vent mugit et frappe, en vain, nos voiles
      Que durcissent les frimas.
Adieu patrie ! adieu, plus d’espérance.
Adieu ma femme et ma chère Clémence,
      Vous ne me reverrez pas.

De la tempête augmente la furie :
La mer blanchit le navire qui crie,
      C’en est fait, nous coulons bas !
Adieu patrie ! adieu, plus d’espérance.
Adieu ma femme et ma chère Clémence,
      Vous ne me reverrez pas.

Vous m’attendez à cette heure peut-être,
Et vous croyez toujours me voir paraître
      Froid et couvert de frimas.
Adieu patrie ! adieu, plus d’espérance.
Adieu ma femme et ma chère Clémence,
      Vous ne me reverrez pas.

 
Au cap lointain vacille une lumière…
Mais le vaisseau brisé sombre à l’arrière,
        Tous s’élancent dans les mâts.
Adieu patrie ! adieu, plus d’espérance.
Adieu ma femme et ma chère Clémence,
        Vous ne me reverrez pas.

Tout disparut sous la vague profonde ;
Et le marin qui luttait contre l’onde
        Répétait encor tout bas :
Adieu patrie ! adieu, plus d’espérance.
Adieu ma femme et ma chère Clémence,

        Vous ne me reverrez pas.
f. x. garneau.