Répertoire national/Vol 1/La Saint Jean-Baptiste (Air Des deux Créoles)

Collectif
Texte établi par J. Huston, Imprimerie de Lovell et Gibson (Volume 1p. 344-345).


1836.

LA SAINT JEAN-BAPTISTE.

(CHANSON.)
Air : Des deux Créoles.


        Véritable réformiste !
        Gloire à l’esprit qui guida
        Le choix de Saint Jean-Baptiste
        Pour patron du Canada.
        S’il donna l’eau du baptême
        Au sauveur du genre humain ;
        On doit, crainte d’anathème,
        L’imiter avec du vin :
Que de jus bienfaisant mon verre se colore,
Loin d’ici tous jaloux de nos joyeux refrains !
        Verse, verse, verse encore,
        Car je bois aux Canadiens,
        Je veux boire aux Canadiens,
        Oui, je bois aux Canadiens !

        Laissons ces esprits farouches
        Qui n’aiment point leur prochain ;
        Quand le fiel est dans leur bouche,
        La paix est loin de leur sein.
        Ici quelle différence
        Vient adoucir les revers,
        Nous sommes en bienveillance
        Citoyens de l’univers.
Que de jus bienfaisant mon verre se colore,
Loin d’ici tous jaloux de nos joyeux refrains !
        Verse, verse, verse encore,
        Car je bois aux Canadiens,
        Je veux boire aux Canadiens,
        Oui, je bois aux Canadiens !

        Des vertus de nos ancêtres
        Rappelons-nous tous les faits ;
        Ils formaient de dignes maîtres,
        Car c’étaient de vrais français :

        D’une main creusant la terre,
        De l’autre ils la défendaient ;
        Dans les fléaux de la guerre
        Leurs âmes se retrempaient.
Que de jus bienfaisant mon verre se colore,
Loin d’ici tous jaloux de nos joyeux refrains !
        Verse, verse, verse encore,
        Car je bois aux Canadiens,
        Je veux boire aux Canadiens,
        Oui, je bois aux Canadiens !

        D’une quadruple alliance
        Donnons le signal heureux ;
        Le hasard de la naissance
        Nous rend-il plus vertueux ?
        Enfants d’une seule mère,
        Français, Anglais, Irlandais,
        Ne repoussons pas un frère
        Sous l’habit d’un Écossais.
Que de jus bienfaisant mon verre se colore,
Loin d’ici tous jaloux de nos joyeux refrains !
        Verse, verse, verse encore,
        Car je bois aux Canadiens,
        Je veux boire aux Canadiens,
        Oui, je bois aux Canadiens !

Leblanc de Marconnay[1] .

  1. M. de Marconnay est français de naissance. Venu en Canada vers 1833 ou 1834, il rédigea successivement La Minerve, Le Populaire et L’Ami du Peuple. M. de Marconnay est l’auteur d’une comédie portant le titre de Nina Canadienne ; cette comédie a été jouée plusieurs fois sur le théâtre royal de Montréal. Il réside, aujourd’hui, à Paris.